mercredi 21 mai 2008

NONO [Nouveau journal d'une mise en scène]


Affiche de référence (?) pour la conception du visuel de la production



Au cours de la dernière répétition, nous avons réussi à passer au travers l'Acte I. Bien sûr, tout est encore brut, précaire et brouillon. Il y a un manque de rythme flagrant (mais non fatal!) et les personnages, bien qu'émergeants (?), ont encore bien besoin de consolider leurs bases. Hier soir, surprise!, le conseil d'administration a assisté à un premier filage des huit premières scènes... en somme, premier contact avec un public!

Ce qui me plaît le plus dans cette pièce, outre son humour et l'affection toute littéraire que je porte naturellement à Guitry, c'est sa cruauté. Sous chacune des répliques, derrière chaque geste, sous le couvert de chaque personnage, l'être humain apparaît dans toute sa splendeur (négative! devrais-je ajouter): froid, cynique, dur, calculateur, sans état d'âme. Cette petite historiette d'amour (assez convenue quand elle est prise au pied de la lettre...) prend une teinte de lutte acharnée pour posséder l'autre. L'enjeu: soi-même. Un peu plus, et on se croirait presque dans Les âmes mortes de Gogol!

À chacune des répétitions, les bons sentiments s'érodent et les rires se font grinçants et acides. Le pari est peut-être un peu risqué, à la réflexion. Mais bon. Le risque est excitant!

Quant aux questions esthétiques... Notre scène mesurera (du moins pour l'Acte I... pour le reste, nous verrons) quatre pieds de large par seize pieds de long. Elle sera - ô surprise! - noire. Avec les costumes (période 1900-1920) noirs. Le jeu est (ou plutôt sera) très stylisé. C'est (toujours pour l'Acte I), en quelques sortes, un paso doble infernal, avec ses mouvements vifs et passionnés... son caractère bouillonnant... son passage excessif de la séduction à la violence, du plaisir à la souffrance, du don de soi à la possession physique de l'autre:



Peut-être mes comédiens comprendront-ils ce que je veux dire! Et quand je parle de jeu stylisé, de jeu sculptural, de jeu mécanique, en voici un bel exemple (toujours les mêmes danseurs qui viennent se placer avant d'entreprendre leur numéro):