samedi 18 juin 2016

Farces médiévales [Carnet de mise en scène]


Le Combat de carnaval et de carême, Pieter Brueghel (1559)

Avec les farces, nous pénétrons dans le monde non officiel de la société médiévale; le théâtre des mystères, lié aux couches supérieures de la cité, n'est pas le théâtre populaire que l'on dépeint parfois aujourd'hui. Le théâtre populaire est le théâtre des farces, lui seul appartient aux couches «inférieures» de la population, constamment absentes de l'histoire. De ce fait, il nous propose une image unique de la configuration idéologique d'une collectivité qui a conscience d'elle-même lors des grands rassemblements de la foire ou du carnaval. [...] La farce a essayé d'étendre au-delà de ces jours de festivités autorisées le domaine de la liberté. Mais, à l'image même de ceux auxquels elle s'adresse, elle ne colporte pas une conscience politique des problèmes sociaux en cause. [...] Ce théâtre populaire n'a jamais visé les rassemblements gigantesques des mystères, il agissait par de multiples foyers, se donnant lui-même ses auteurs et ses acteurs. Il n'était pas question de faire oeuvre d'art, mais de donner lieu à un rire profanateur et fécond, porteur d'éléments d'origine lointaine dont les vertus et les modes n'étaient parfois plus perçus, mais dont l'effet libérateur était toujours obscurément et viscéralement senti.

C'est là un autre extrait fort éclairant (sur la farce médiévale, son public cible et ses visées) tiré de l'ouvrage de l'éminent spécialiste Michel Rousse, La scène et les tréteaux - Le théâtre de la farce au Moyen Âge, publié chez Paradigme en 2004.

Le rapprochement est un peu simpliste et pourtant... la farce est au mystère ce que le burlesque québécois (et le théâtre de variétés) est au théâtre d'ici: les thèmes se ressemblent... de même que les schémas dramatiques, les punchs, les archétypes et le type de jeux de scène. Oui. Du burlesque... six siècles avant le temps.