dimanche 31 août 2014

Au théâtre, cette semaine! [Du 31 août au 6 septembre 2014.]


Je reviens, ce matin, avec une section de ce blogue que j'ai mis un peu de côté au cours des derniers mois, soit le calendrier théâtral hebdomadaire. Pour l'élaborer, je fais le tour des sites des compagnies où j'y cueille les informations sur les productions. Pour les autres (collectifs, regroupements ponctuels, cégeps et université, activités bénéfices, réunions, ateliers, etc.), le mieux serait que je reçoive par courriel (clapoty@hotmail.com) ces informations. 

Du 3 au 6 septembre 2014 (du mercredi au samedi)
Représentations jusqu'au 20 septembre 2014
Salle Murdock (Chicoutimi), 20h
Entrées: 22,50$ / 17,50$ étudiants
Réservations: 418-698-3000 poste 6561 ou via lien Facebook

Le Théâtre du Faux-Coffre présente Barabbas dans la Passion - Les origines du premier Clown Noir, une grandes aventure qui n'avait pas vraiment revue la couleur des planches depuis sa création (si ce n'est qu'une ou deux représentations scolaires).  Les Clowns noirs, fraîchement sortis de prison, découvrent de vieux documents retraçant la vie du tout premier clown noir, Barabbas, et décident d'en faire un spectacle. Sans le savoir, cette décision aidera à donner à Barabbas la réputation de criminel qu'on lui connaît aujourd'hui, comme quoi les gestes que nous posons sans réfléchir peuvent, dans certains cas exceptionnels, influencer à la fois le passé et le futur. Certains appellent ça de la magie; les Clowns noirs appellent ça du théâtre. (À l'époque de la création - et à l'époque où j'étais un peu plus prolixe sur ce blogue! - j'avais écrit ce billet.)

Du 4 au 6 septembre 2014 (du jeudi au samedi)
Représentations jusqu'au 27 septembre 2014
Atrium (150 rue Racine E, Chicoutimi), 19h30
Entrées: 20$ / 15$ étudiants
Réservations: 418-376-2887 ou via lien Facebook

La Maison des Artistes (j'en ai parlé ) présente Le VoisinDe jeunes gens soumis à la loi de l'attraction se retrouvent pris-au-piège de leur environnement. À travers leurs fabulations et leurs névroses, ils sont à la recherche de l'amour mais prennent tous les mauvais moyens pour y arriver. Cette comédie déjantée joue sur les limites entre l'imagination et la réalité, entre les mondes qu'on se crée et ceux qui existent, et ne manque pas d'interpeller le public face aux questions sur les relations, le contact humain et l'isolement où notre individualisme nous enferme. Une comédie dramatique de situation, d'incommunicabilité, mais surtout d'amour qui ne manquera pas de faire rire, réfléchir et soupirer. J'ai vu... et j'ai bien l'intention d'écrire quelque chose sur ce spectacle. 

C'est à peu près tout pour cette semaine... je crois... Si j'oublie des trucs, je peux les rajouter... en autant qu'on me le fasse savoir.

samedi 30 août 2014

Théâtre: art charnel

Photographie de Georges Banu dans son appartement parisien (Lea Crespi/Pasco, Le temps)

Petit extrait d'un petit ouvrage magnifique paru en 2013 chez Actes Sud sous la plume de Georges Banu (grand universitaire et essayiste français) avec un titre intriguant: Amour et désamour du théâtre. Le sujet en est simple (et double à la fois... donc complexe!): quelles sont les raisons qui poussent quelqu'un à aimer le théâtre? quelles sont les raisons qui poussent quelqu'un (parfois la même personne!) à le détester? 

À travers de multiples dualités, il y a de beaux morceaux de théories, de réflexions théâtrales comme seules Banu sait écrire... comme cette partie consacrée à la chair comme principal vecteur du théâtre:

La chair produit de la pensée sur un plateau quand elle perturbe et dérange, quand elle suscite de l'imprévu, quand elle ne conforte pas une attente et ouvre une brèche vers l'inconnu. [...] La chair aujourd'hui, comme jadis, dans des cas hors normes, séduit par ce qu'elle apporte comme supplément inattendu à l'apparition scénique de l'être textuel. La chair qui pense est la chair qui ne se présente pas comme pensante, mais engendre cet effet de surprise individualisée lié à une prestation d'acteur à même de déranger ou dérouter. La pensée de la chair c'est la poésie qui s'en dégage. Partage entre la scène et la salle. Émotion de la présence, émotion des sens. Cela malgré l'acteur, car il en est le porteur, mais nullement le décideur. [...] La chair sert de creuset dont le spectateur bénéficie. [...]

Absence/présence: couple qui peut être rompu au profit exclusif de l'un ou l'autre des termes, selon les époques et les artistes. Couple mutilé par tout écart abusif, car au théâtre, le plaisir provient de l'alliance entre des mots sans chair et de la chair qui parle. Entre ce qui préexiste et ce qui s'actualise. Le théâtre s'appuie sur l'acte fondateur du verbe qui se fait chair. Verbe ancien ou venu d'ailleurs, chair immédiate, présente ici, sur le plateau!

vendredi 29 août 2014

La programmation théâtrale 2014-2015 du SLSJ!

Voici la troisième édition du dépliant promotionnel conjoint de toutes les compagnies de la région (découlant des Forums sur le théâtre)! Il se retrouvera un peu partout, dans différents points de distribution (et auprès de chacune des compagnies)! Jetez un coup d'oeil sur ce qui vous attend dans les prochains mois! (Notez aussi qu'il ne fait la promotion que des productions locales... ne tenant pas compte des tournées.) 



mardi 19 août 2014

Nouvelles acquisitions!

Petite pérégrination dans la Capitale... et, du coup, augmentation de ma bibliothèque théâtrale personnelle par l'ajout de quatre ouvrages allant dans tous les styles:
 

... car après tant d'années à mettre sur ce blogue  des billets sur ce monstre du théâtre qu'est Sarah Bernhardt, c'est maintenant le moment de lire sa vie (du moins, de lire un point de vue sur sa vie!)...


... puisqu'il faut rester branché sur notre propre réalité, ces pensées expressionnistes d'un praticien québécois sur le théâtre...





... parce qu'il faut bien continuer à évoluer et à confronter les différentes conceptions des théoriciens, des sémiologues, des universitaires...


... parce qu'enfin, Banu est l'un des grands penseurs du théâtre (français) de la seconde moitié du XXième siècle et de ce début deu XXIième.

De nombreuses pages, donc, à dévorer dans les prochaines semaines!

...

lundi 18 août 2014

Une année bien chargée!


La saison 2014-2015 sera, personnellement, très chargée... outre mon travail régulier à la direction générale de la Société d'art lyrique du Royaume et celui, plus diffus parce que soutenu principalement par Erika Brisson, à la direction générale et artistique  du Théâtre 100 Masques qui me prendra, par ailleurs, un temps considérable. 

D'abord, ma rentrée se fera avec Trou Noir, dans sa forme finale, mon projet personnel sur la table de travail depuis déjà si longtemps. Cinq représentations seront prévues à la fin du mois de septembre. 

L'automne se poursuivra avec la mise en chantier du laboratoire Médée[s] en vue de quatre représentations en décembre prochain. 

L'hiver ne sera pas en reste alors que je m'attaquerai, pour la troisième année d'affilée, à la mise en scène de l'opérette de la SALR puis à un autre projet dont les détails seront donnés bientôt. 

Dès que la blanche neige se mettra à fondre, ce sera au tour de Gogol d'occuper mon esprit alors que débuteront les répétitions du seizième théâtre d'été du Théâtre 100 Masques, Le Revizor

Bref, alors que j'ai déjà de très bonnes équipes en place, il me faut maintenant une fort bonne planification de mon temps pour m'y retrouver (mais bon, ça a toujours l'air pire que ce que c'est quand tout est amalgamé de la sorte...)

dimanche 17 août 2014

Dans l'attente du coup de dent des critiques


Jolie petite comparaison que celle-ci, illustrant les rôles et devoirs du critique dramatique. Elle est le fait de Jules Claretie, en 1869 (il semble y avoir eu, de tous temps, des problèmes avec ce métier journalistique!), dans le premier volume de son ouvrage La vie moderne au théâtre: causeries sur l'art dramatique.

vendredi 15 août 2014

Un documentaire sur Louis Jouvet

Voici un documentaire sur Louis Jouvet, grand acteur français parmi les grands (1887-1951), réalisé en 1987 par Claude-Jean Philippe.

jeudi 14 août 2014

Quelle oeuvre de Shakespeare lire?

Il pleut. Beau temps pour lire... et pourquoi pas! pour lire du théâtre! Voici un diagramme (en anglais, mais bon... c'est dans le ton!) amusant, piqué sur Pinterest, pour décider le lecteur, avide de Shakespeare, à quelle oeuvre il va s'attaquer. Le voici, dans le plus grand format que je puisse publier sur ce blogue (pour une meilleure lecture, il vaut mieux ouvrir l'image dans un nouvel onglet où il sera possible de l'agrandir). 



mardi 12 août 2014

Du théâtre au SLSJ...

Vestiges de théâtre - cet art éphémère! - au Saguenay-Lac-Saint-Jean que cette publicité pour une grande soirée, par la Troupe Saguenéenne du Bon Théâtre (d'Hébertville... mon patelin!) qui présente, sous les auspices de la Fanfare St-Dominique (est-ce donc un événement qui se déroule à Jonquière?), Margot (on peut trouver des détails de cette pièce et de cette troupe, en pages 22, 23, 24 et 25 de ce mémoire de 1978 déposé à l'UQTR) du Père Laurent Tremblay (frère de Monseigneur Victor, grand historien) qui a aussi - pour la petite histoire - signé l'Hymne du Saguenay et le pageant (fresque historique ancêtre de la Fabuleuse) qui célèbre le centenaire de la région.


Puis cette autre photo, toujours d'Hébertville (la même troupe?) datant des années 30... une troupe qui, si l'on se fie aux personnages un peu étrange de l'arrière, est mixte (hommes et femmes). Malheureusement, je n'ai pas de détails sur ce spectacle.


Ces deux documents proviennent de Mme Émilie Gagnon-Dufour et sont tirés de la revue Saguenayensia (volume 30, numéro 2, avril et juin 1988).



lundi 11 août 2014

Du théâtre au temps des conciles

Voici, en entier, un petit ouvrage anonyme (je crois que c'est celui du prince de Conti, milieu du 17ième siècle... mais je ne saurais le jurer) qui traite des différents canons de l'Église à propos du théâtre au fil des différents conciles. La lecture est un peu ardue par la graphie du français de l'époque mais l'oeil s'habitue...
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LA
TRADITION
DE
L'EGLISE
SVR LA COMEDIE
& les Spectacles.

LES CONCILES.

AVERTISSEMENT



On doit remarquer trois choses dans la lecture des Canons des Conciles sur le sujet de la Comedie. 


La premiere est la severité de l'Eglise contre les Comediens, & contre ceux qui assistoient à ces Spectacles, & le grand soin qu'elle prend pour empécher qu'on ne contraigne les Chrestiens à y assister, ou à en estre les acteurs; ce qui nous doit faire voir qu'elle n'a pas regardé cela comme un crime mediocre.

La seconde est, que les Canons qui sont en general contre les Spectacles, sont aussi contre la Comedie, parce qu'ils comprennent tous les Spectacles, & que la Comedie en estoit un chez les Anciens, & mesme le plus divertissant pour les honestes gens; & qu'ainsi on ne peut pas dire que ces Canons ne sont faits que contre les autres Spectacles. Car si cela estoit vray, l'Eglise y auroit fait quelque difference, en marquant à ses enfans quels sont les Spectacles qui leur sont permis, & quels sont ceux qui leur sont défendus; Et ce qui marque encore plus clairement que les Canons qui sont contre les Spectacles en general, comprennent aussi la Comedie, c'est qu'il y a des Canons qui la condamnent en particulier, l'Eglise ayant soin d'expliquer en de certains temps plus expressement les choses qu'elle se contente d'ordonner aux Chrestiens seulement en general en d'autres rencontres.

La troisiesme chose qu'il faut remarquer, c'est que quoy qu'un Concile d'Afrique tenu l'an 424. se soit contenté de demander aux Empereurs qu'ils défendissent tous les Spectacles à de certains jours plus particulièrement destinez au culte de Dieu, & aux exercices de pieté, cela ne signifie pas qu'il pretendit les approuver, & les permettre les autres jours. La raison qui le porte à demander cette deffense aux Empereurs, en est une preuve manifeste; car il marque que c'est parce que ces Spectacles estoient contraires aux commandements de Dieu: Mais comme en ce temps-là il y avoit encore un tres-grand nombre de Payens sur lesquels l'Eglise n'avoit point de jurisdiction, & que d'ailleurs l'attachement du Peuple à ces Spectacles estoit si grand, qu'il avoit esté presque impossible, mesme aux Empereurs de les abolir. L'Eglise par une extréme prudence se contente de faire trois choses: La premiere, de demander que par le respect qui estoit deû à la veritable Religion, qui estoit aussi dés ce temps-là, la Religion des Empereurs, les Spectacles cessassent absolument lors que l'Eglise estoit occupée à honorer Dieu, pendant les grandes solemnitez: La seconde, de demander que les Chrestiens ne fussent point contraints à estre ny les acteurs, ny les spectateurs de ces Ieux défendus: Et la derniere, de lancer ses foudres sur ceux d'entre ses enfans qui desobeïroient à ses ordres, & à sa discipline; de sorte que bien loin de tirer aucune conclusion de ce Concile en faveur de la Comedie, c'est des resolutions de cette celebre Assemblée que nous tirons de plus fortes armes pour la détruire.


CANON LXII.
Du Concile d'ELVIRE, tenu l'an 305.


Si des Comediens veulent embrasser la Foy Chrestienne, Nous ordonnons qu'ils renoncent auparavant à leur exercice; & qu'en suitte ils y soient admis, de sorte qu'ils n'exercent plus leur premier métier. Que s'ils contreviennent à ce Decret, qu'ils soient chassez & retranchez de l'Eglise.


CANON LXVII.
Du mesme Concile.


Il faut deffendre aux femmes, & aux filles fidelles, ou cathecumenes, d'espouser des Comediens. Que s'il y en a qui en espousent, qu'elles soient excommuniées.


CANON V.

Du premier Concile d'ARLES, tenu l'an 314.

Quant aux Comediens, Nous ordonnons qu'ils soient excommuniez tant qu'ils feront ce métier.


CANON II.

Du 3ième Concile de CARTHAGE, tenu l'an 397.


Qu'il soit défendu à tous Laïques d'assister aux Spectacles: Car il a toûjours esté défendu aux Chrestiens d'aller aux lieux qui sont soüillez par les blasphémes; c'estàdire*, selon l'interpretation de Zonare, il a toûjours esté défendu aux Chrestiens d'aller aux lieux où l'on ne fait que des actions desordonnées & honteuses; & où par consequent les Chrestiens qui y sont presens, sont cause que le nom de Dieu est blasphemé par les Infidelles, voyant le mépris que les Chrestiens font de latemperance & de l'honesteté.


CANON LXXXVIII.

Du 4ième Concile de CARTHAGE, tenu l'an 398.

Celuy qui les iours de Feste, quitte l'Assemblée solemnelle de l'Eglise pour aller aux Spectacles, qu'il soit excommunié.

CONCILE D'AFRIQVE,

tenu l'an 424.

Canon 28. ou 61. selon le Code des Canons de l'Eglise d'Afrique.

Il faut demander aux tres-pieux Empereurs Theodose & Valentinien, qu'ils défendent les Spectacles des Theatres, & des autres Ieux les Dimanches & les autres Festes que la Religion Chrestienne solemnise; principalement, parce que comme pendant l'Octave de Pasques, le Peuple se trouve au Cirque, au lieu d'aller à l'Eglise, si la representation des Spectacles qu'on a accoustumé de donner au Peuple, se rencontre en ces saints Iours, on doit remettre ces Ieux à un autre temps. Il faut encore representer aux tres-pieux Empereurs qu'on ne doit point contraindre les Chrestiens d'assister aux Spectacles, ou d'en estre les acteurs; car il ne faut persecuter personne, pour l'obliger de faire des choses qui sont contraires aux Commandemens de Dieu; mais on doit laisser chacun dans la liberté qu'il a receuë de Dieu pour en user comme il faut; sur tout on doit considerer le danger où sont ceux qui sont du corps de ces personnes qui sont chargées du soin des Ieux publics, qu'on contraint par la terreur des peines, de se trouver aux Spectacles contre les Commandemens de Dieu.

Les Empereurs Theodose, & Valentinien, ayant égard aux remonstrances des Peres de ce Concile, publierent cette Loy, qui est rapportée dans le Code de Theodose l'année suivante 425.


Nous deffendons aux Peuples dans toutes les Villes de nostre Empire les divertissemens des Theatres, & du Cirque le Dimanche, qui est le premier jour de la semaine, le jour de la Naissance de nostre Sauveur IESVS-CHRIST, le jour de l'Epiphanie, les jours de Pasques, & de la Pentecoste, tant qu'on porte les habits blancs, qui par leur blancheur, comme par des rayons celestes figurent la nouvelle lumiere qu'on reçoit au Baptesme; Comme aussi les jours qu'on celebre, avec grande raison la memoire du martyre des Apostres, qui sont les Maistres de tous les Chrêtiens; afin que les fideles occupent tout leur cœur & tout leur esprit au service de Dieu, & que s'il y a encore des personnes qui suivent l'impieté des Iuifs, ou l'erreur & la folie des Payens, ils reconnoissent que le temps des prieres est bien differend du temps du divertissement, & des plaisirs, & afin que nul ne s'imagine qu'il est obligé d'assister aux Spectacles, ou de les representer à nostre honneur, par la veneration & le respect qu'il doit à la Majesté Imperiale, sans avoir mesme égard au culte qu'on doit à Dieu, de peur de nous offencer en faisant paroistre moins d'affection envers nous, qu'il n'avoit accoustumé de faire; Nous voulons que tout le monde soit persuadé que le plus grand honneur que nous puissions recevoir des hommes, est que toute la terre rende à Dieu tout puissant la soûmission, & le service qui est deû à sa grandeur.



CONCILE D'AFRIQVE,
tenu l'an 424.
Canon 30. ou 63. selon le Code des Canons de l'Eglise d'Afrique.


Il faut aussi supplier les Empereurs, que si quelqu'un des Acteurs des Ieux publics veut recevoir la grace du Christianisme, & sortir de cet estat [d']infamie où il estoit, que personne ne le puisse obliger, ny contraindre de reprendre son premier métier.


Les Peres de ce Concile demandent l'execution d'une Loy que les Empereurs Valens, Gratien & Valentinien avoient envoyée à Herasius Proconsul d'Afrique, l'an 381. pour la publier. Si les filles qui sont de la race infame des Comediens refusent de monter sur le Theatre, qu'on les y contraigne; si toutefois elles n'ont point encore fait profession de la Foy, & de la Loy de la tres-sainte & venerable Religion des Chrêtiens, pour la garder toûjours inviolablement; Nous ordonnons aussi, que les femmes à qui nous avons accordé par une grace speciale, de ne point exercer cét honteux métier, jouïssent toute leur vie de cette exemption, sans qu'on les puisse contraindre de rentrer dans la Compagnie de Comediens.



CANON CXXIX,
Du Code des Canons de l'Eglise d'Afrique.

Que les personnes infames, tels que sont les Comediens, ne soient point receus à former des accusations.


CANON XX.
Du 2. Concile D'ARLES, tenu l'an 452.


Quant aux Comediens qui sont du nombre des Fidelles, Nous ordonnons qu'ils soient excommuniez tant qu'ils feront ce métier.

CANON LI.

Du sixiéme Concile general, tenu l'an 650.


Ce saint Concile general condamne ceux qu'on appelle Comediens, & défend entierement leurs Spectacles, comme aussi les Danses qui se font sur le Theâtre. Si quelqu'vn par mépris de ce Decret, vient à commettre quelque crime de ceux qui y sont défendus; si c'est un Ecclesiastique, qu'il soit deposé; & si c'est un Laïque, qu'il soit excommunié.


Surquoy Zonare fait cette reflexion, les regles de la discipline Evangelique, bien loin de permettre aux Fidelles de s'abandonner au relaschement & à la dissolution, elles les obligent à se conduire vertueusement, & sans reproche, pour répondre à la sainteté de la Religion dont ils font profession; c'est pourquoy le Decret de ce Canon défend, & interdit tout ce qui relasche l'esprit, & dissipe son attention par un divertissement inutile qui cause le ris dissolu, & des réjouïssances immodestes.


CANON IX.
Du 3. Concile de CHAALONS, tenu l'an 813.


Les Prestres doivent s'éloigner de tous les objets qui ne font que charmer les oreilles, & surprendre les yeux par des apparences vaines, & pernicieuses, & ils ne doivent pas seulement rejetter & fuïr les Comediens, les Farces & les Ieux deshonestes; mais ils doivent encore representer aux Fidelles, l'obligation qu'ils ont de les rejetter & de les fuir.


REGLEMENT

DE SAINT
CHARLES BORROMÉE
Tiré du second Synode Diocezain de Milan, tenu l'an 1568.


Dans le Chapitre de la seconde Partie, où il traitte de l'obligation des Predicateurs à reprendre continuellement les pernicieuses coustumes, qui sont la source des pechez, & à persuader de les abolir.


Que les Predicateurs reprennent continuellement les plaisirs qui portent au peché, ausquels les personnes qui suivent le déreglement d'une coustume depravée se laissent emporter si facilement; que les Predicateurs s'efforcent de rendre ces choses odieuses; qu'ils representent au peuple combien est grande l'offence & l'injure que Dieu en reçoit; que c'est de là que viennent tant de maux; que c'est ce qui cause les calamitez & les miseres publiques, & une infinité de malheurs. Qu'ils representent sans cesse combien les Spectacles, les Ieux, & les autres divertissemens semblables, qui sont des restes du Paganisme sont contraires à la discipline Chrestienne; combien ils sont execrables, & detestables; combien de maux & d'afflictions publiques ils attirent sur le Peuple chrestien; & pour en persuader leurs auditeurs, ils employeront les raisons dont se servent ces grands Personnages, Tertulien, Saint Cyprien martyr, Salvien, & Saint Chrysostome, ils n'obmetront rien sur ce sujet de ce qui peut contribuer à détruire entierement ces déreglemens & ces débauches. Ils prescheront souvent avec force contre les Danses, & le Bal, par lequel sont excitées les passions les plus dangereuses: Enfin ils employeront tous leurs soins à representer avec un zele pieux, & avec autant de vehemence, qu'il leur sera possible, combien les Comedies, qui sont la source & la base presque de tous les maux, & de tous les crimes, sont opposées aux devoirs de la discipline Chrestienne, & combien elles sont conformes aux déreglemens des Payens; & que comme elles sont une pure invention de la malice du Demon, le Peuple chrestien les doit entierement abolir.


CONCILE DE BOVRGES,
tenu l'an 1584.

Tit. des Laïques.

CAN. 4.

Ce Concile exhorte tous les Chrétiens de se conduire de telle sorte, que leur vie réponde à la dignité, & à l'honneur du nom de IESVS-CHRIST, & de fuïr autant qu'il leur sera possible, les Danses, les Ieux publics, les Comedies, les Masques & les Ieux de hazard.

dimanche 10 août 2014

Extraits du «Mandement de Mgr. l'évêque de Nismes contre les spectacles»


En ce jour dominical, voici quelques extraits (retranscrits en français contemporain sous chaque bloc) du Mandement de Mgr. l'évêque de Nismes contre les spectacles écrit et publié en 1709... évêque qui portait comme nom, Esprit Fléchier (dont la biographie wikipédienne se retrouve ici). C'est donc une invitation à lire un autre morceau d'extravagance qui condamne spectateurs et artisans du théâtre aux flammes éternelles de l'enfer:


MES TRÈS-CHERS FRÈRES, 
Nous voyons avec douleur depuis quelque temps, l'affection et l'empressement que vous avez pour les Spectacles, que nous avons si souvent déclarés contraires à l'esprit du Christianisme, pernicieux aux bonnes moeurs, et féconds en mauvais exemples, où sous des prétextes de représentations et de musiques innocentes par elles-mêmes, on excite les passions les plus dangereuses, et par des récits profanes et des manières indécentes, on offense la vertu des uns, et l'on corrompt celle des autres. 


Nous étions assez occupés à ramener les Hérétiques, à détruire leurs erreurs et leurs préventions, à corriger les vices et les faiblesses ordinaires des hommes. On n'avait guère vu de théâtre dressé dans cette Ville. L'art de corrompre les coeurs par des chants et par des spectacles n'y était pas introduit. L'oisiveté n'avait pas encore amolli les esprits, et l'hérésie même avait horreur de ces corruptions publiques. 

La Providence divine semblait nous avoir mis à couvert pour toujours de cette espèce de séduction, par la chute des premiers qui vous l'apportèrent. On les vit méprisés et misérables, traînant une triste et honteuse pauvreté dans ce Diocèse, où ils avaient conçu le dessein et l'espérance de s'enrichir.


Cependant, nous avons vu tout d'un coup renaître une nouvelle Troupe, et s'élever un second théâtre sur les ruines du premier. Nous en fûmes surpris; mais ce qui nous toucha le plus, MES TRÈS-CHERS FRÈRES, ce fut l'ardeur avec laquelle vous couriez à de tels spectacles. L'argent qui vous coûte tant à donner à nos hôpitaux, vous le donnez là avec complaisance. Vous alliez avec joie vous divertir des passions d'autrui, et nourrir peut-être les vôtres.


Nous vous conjurons, MES TRÈS-CHERS FRÈRES, par Notre Seigneur JÉSUS-CHRIST de vous en abstenir: Évitez les pièges funestes que le Démon vous a tendu; ne fournissez pas à vos convoitises de quoi se soulever contre vous. Écoutez la voix du Pasteur qui vous exhorte et vous sollicite, et qui aime mieux devoir (?) votre obéissance à ses charitables conseils, qu'aux censures que l'Église lui a mises en main. 

samedi 9 août 2014

Théâtre élisabéthain versus théâtre français


Théâtre élisabéthain, par A. Degaine, 1992


Théâtre français, par A. Degaine, 1992

Le théâtre élisabéthain, ayant rejeté les apparences brillantes et les ornements, sut ordonner la force architecturale et les admirables possibilités plastiques que le Moyen-Âge n'avait pu dégager du foisonnement de toute sa richesse d'expression. Le théâtre en France, lorsqu'il voudra à son tour, s'épurer, s'apercevra que, derrière ses toiles peintes, toute architecture a disparu: il ne subsiste qu'un cube vide. Pourtant, alors que la scène élisabéthaine après avoir brillé d'un éclat sans pareil, s'éteindra bientôt, le dispositif classique subsistera jusqu'à nos jours.

Je trouve bien intéressante cette distinction entre les deux types d'architecture: l'une, toute simple, s'inscrivant en harmonie avec le lieu qui soutient la pièce et l'autre qui tente de faire oublier les alentours pour créer un monde fermé sur la scène. Elle vient de Pierre Sonrel, dans son Traité de scénographie

Aujourd'hui, nous cherchons souvent et l'une, et l'autre.

vendredi 8 août 2014

D'un orchestre comme d'un choeur


J'ai assisté au concert de l'Orchestre de la Francophonie, mardi dernier, au Théâtre Banque Nationale, qui présentait Le Boléro de Maurice Ravel sous la direction de Jacques Clément; Le Concerto pour piano et orchestre no 5 en fa majeur, Op. 103 de Camille Saint-Saëns (avec Louis Lortie) et La Symphonie no 6 en si mineur, op. 74 de Piotr Ilitch Tchaïkovski... ces deux dernières oeuvres sous la baguette énergique de Jean-Philippe Tremblay.

Un concert fabuleux du point de vue de la forme...

Pour moi, un orchestre est la quintessence du choeur, l'illustration la plus convaincante de la synergie qu'un groupe doit atteindre pour un résultat unique et puissant! Une rigueur dans l'exécution. Une nécessaire précision. Et surtout, une écoute! Une écoute manifeste, dirigée vers un unique centre (le chef). Une machine incroyable! Une machine scénique dotée de l'essentiel: une explosion organique et terriblement sensuelle, un souffle, une respiration,... bref une vie. 

lundi 4 août 2014

Du premier ouvrage sur la mise en scène

L'un des premiers ouvrages sur la mise en scène (métier théâtral somme toute assez jeune puisqu'il ne date que de la fin du XIXième siècle dans son acception moderne) est le fait d'un Français, Louis Becq de Fouquières qui publia, en 1884, L'Art de la Mise en scène - essai d'esthétique théâtrale... dont voici quelques extraits intéressants (il est toujours bon de revenir aux sources de la chose!)...

... sur les conséquences des abus de la mise en scène:


... sur l'évolution d'un spectacle pendant les représentations (point auquel je crois)...


... sur la figuration (point de vue que je partage)...

dimanche 3 août 2014

Une soirée au cabaret


Le Collectif À tour d'rôle - Guylaine Rivard, Maud Côté, Vicky Côté et Michel Otis - a donné, hier soir, au Côté-Cour de Jonquière, la dernière représentation de son sixième cabaret réunissant, sous le titre Les meilleurs mômans, les numéros les plus marquants des cinq éditions précédentes. 

C'est donc dire que les quelques 21 sketchs burlesques présentés ont déjà fait leur preuve, procurant un terrain de jeu stimulant pour les quatre artistes qui y déploient énergie et rigueur à un rythme effréné pour amuser le public qui ne demande pas mieux. Les rires fusent. 

Solos de musique. Chants. Comique de situation. Comique de mots. Mime. Chorégraphie. Comme dans tout bon cabaret (au sens général de variétés), les genres sont multiples. Pourtant, un lien fort les unis: le jeu physique. Celui-ci y fait figure de véritable vedette (prenant le pas sur une esthétique somme toute assez simple) alors que se succèdent sur la scène de nombreux personnages, tous plus loufoques les uns que les autres, qui ont ceci de commun: la transformation du corps de l'interprète qui par un jeu de perruque, de costume, de prothèse... qui par un éventail  de postures, de grimaces. Les comédiennes démontrent là une forte capacité d'imagination et de créativité qui réussit facilement à faire oublier l'impression de déjà-vu qui peut submerger quiconque à vu les spectacles des autres années. Les rires fusent.

Car une édition compilation comme celle de cette année (la dernière puisque l'an prochain, le collectif choisit de prendre une pause le temps de peut-être repenser la formule), pose nécessairement le plaisir et la virtuosité en lieu et place de la nouveauté et de la découverte, l'approfondissement de numéros existants en lieu et place de la construction de matériel inédit. Et manifestement, ça plaît: le spectateur aime s'y retrouver en compagnie de ses attachantes figures telles les prostituées massacrant tous les contes enfantins, le boxeur au langage plus sonore que discursif, Rosaire et sa quête d'amour. Encore une fois, les rire fusent et seront présents tout au long de la soirée. 

Maintenant les vacances pour cette équipe polyvalente!


vendredi 1 août 2014

Un été en dents de scie


La production estivale 2014 du Théâtre 100 Masques (La Paix chez soi et autres bêtises humaines) a - on peut dire ça comme ça - été marquée, tout au long des représentations, par l'inconstance du public: des salles pleines (mais avec une bien petite jauge...) et des salles faméliques (même en fin de parcours). 

En tout, ce sont 451 spectateurs qui ont pris place dans la salle Murdock, soit une moyenne (et c'est bien une moyenne!) de 38 personnes par soir (il y en a eu 12). 

C'est bien peu. 

C'est bien peu compte-tenu de la qualité (bon, je ne suis pas très crédible et encore moins objectif) du produit et des comédiens.  C'est bien peu compte-tenu du prix dérisoire (20$ et 15$) demandé. C'est bien peu compte-tenu du fait que la compagnie a quand même 15 ans d'existence... dont 14 ans de théâtre d'été au même endroit.

Pourquoi, alors, de tels résultats?

Il est certain que Courteline n'a pas la même force d'attraction que Molière... mais quand même! Le répertoire n'aurait peut-être plus sa place? J'en doute fort. Il faut ajouter à cela que le Théâtre 100 Masques, malgré une couverture médiatique somme toute satisfaisante, manque de publicité (et de moyens pour soutenir une vraie campagne promotionnelle... d'autant plus qu'une telle campagne ne repose que sur le dos de la compagnie puisqu'aucun autre partenaire ne participe aux projet). Conjuguée à un mois de juillet fantastique et à une offre culturelle foisonnante (sans parler des Fêtes Nationales, du Festival des Vins, du Festival de la Bière et des Rythmes du monde qui ont emplis chaque cycle de représentations), il va sans dire qu'il est de plus en plus difficile de tirer son épingle du jeu. 

Il faut donc bien réfléchir à la question et explorer de nouvelles voies si la compagnie souhaite poursuivre avec cette activité.