jeudi 24 octobre 2013

Les signes du temps


Sarah Bernhardt a paru de nouveau sur la scène dans Athalie. Les vieilles gens émerveillent toujours la France. On les acclame comme un tour de cirque; venez voir, venez voir, une très vieille dame infirme, décatie, fourbue, qui a charmé votre jeunesse et qui veut encore se montrer. Spectacle atroce. La voix d'or est quoi qu'on en dise un peu fêlée; elle ne peut plus bouger puisqu'elle a eu horriblement une jambe tranchée par un ascenseur. Elle est en chaise. Le nom prestigieux attire une foule énorme qui applaudit à tout et à tout hasard.

C'est Maurice Sachs, un écrivain français du début du XXième siècle, qui tient de tels propos sur la grande comédienne, dans un petit ouvrage, Au temps du Boeuf sur le toit. Comme quoi même les monstres sacrés finissent par ressembler, pour les générations suivantes, à des monstres tout court. Ils semblent bien qu'ils ne savent pas toujours se retirer...