Louis Jouvet et Vsevolod Emilievitch Meyerhold
Meyerhold a fait quelques voyages en France, à Paris, dans les années 20. En 1927, d'ailleurs, il y a rencontré nul autre que le monument du théâtre français, Louis Jouvet.
Armand Salacrou, un auteur dramatique de l'époque (né en 1899 et mort quatre-vingt-dix ans plus tard...), a décrit une scène de cette rencontre dans son ouvrage C'était écrit. Du même coup, il donne un bon aperçu de l'approche meyerholdienne:
Dans la loge de Jouvet, Meyerhold. Un air bourru et timide à la Dullin. Il ne dit rien. Puis comme Jouvet parle de l'encombrement des bagages dans les tournées, il dit gentiment: «Supprimez les décors, la lumière suffit. Supprimez les accessoires, les gestes suffisent.» Et il mime une scène: il mange. Il boit. Il apporte une lettre sur un plateau et s'assied sur une chaise invisible et qu'il nous fait apparaître... Jouvet pense-t-il à sa jeunesse, du temps où il déclara au Vieux-Colombier pendant que Copeau plaçait un paravent sur mur nu de la chaise: «Alors, ici, maintenant, c'est le Châtelet?»