samedi 26 juillet 2008

Pour une formation de l'acteur


Quand on lit le moindrement sur le théâtre et les metteurs en scène de l'histoire dramatique, on se rend vite compte que chacun de ceux-ci (je pense entre autres aux Stanislawski, Meyerhold, Brecht, Schlemmer, Copeau, Jouvet, etc.) basait sa recherche sur l'acteur. Pour atteindre des résultats probants, ils croyaient en la formation complète de l'acteur... le jeu demandant un entraînement poussé et régulier.

Voici peut-être ce qui manque le plus à notre milieu. Oui, il y a l'Université (mais je rappelle que la formation dispensée dans cette institution reste en surface... aléas de l'interdisciplinarité). Oui, des initiatives émergent parfois (comme celle de Marie-Josée Paradis et Sophie Larouche de créer des séances hebdomadaires d'activités). Oui, il y a aussi le CRI qui offre à l'occasion des laboratoire... mais ceux-ci étant la plupart du temps relié à la recherche et à la création en cours.

Pour pallier ce manque, après une synthèse non-exhaustive de mes lectures, après une recherche non-empirique sur le sujet, voici un esquisse de projet de formation continue pour le comédien en 5 volets:

CULTURE GÉNÉRALE (Ouvrir l'âme et l'esprit à se préparer à recevoir des références, des images mentales, des abstractions et à les comprendre. Amplifier la curiosité créatrice en organisant des sorties, des lectures, des vissionnements, des séminaires de discussions sur des sujets variés.)
CULTURE PHYSIQUE (Détendre le corps et augmenter ses capacités en travaillant la force musculaire et le cardio-vasculaire par un entraînement quotidien.)
TRAVAIL SPATIAL/CORPOREL (Étude sur l'espace, la distance, la dynamique, le geste, le mouvement par acquérir un vocabulaire corporel élargi, une précision et une maîtrise de l'outil, que ce soit par des ateliers de mime, de danse, de taï chi, de biomécanique, de jeu choral, de jeu masqué, etc.)
TRAVAIL VOCAL (Entraînement vocal régulier par divers exercices de réchauffement, par le chant -solo et choral-, par des ateliers de diction, de respiration et de lecture à haute voix.)
DRAMATURGIE et SCÉNOLOGIE (Enfin, séances d'études dramaturgiques, de composition, d'analyse théâtrale, de la structure dramatique, du rythme, de la dynamique d'un texte, des intentions en parallèle avec des études scénographiques et techniques propres à l'analyse du spectacle.)

Ce genre de projet devrait être mis sur pied, sur une base professionnelle, avec une fréquence régulière à raison d'au moins une rencontre hebdomadaire... parfois de plus, selon les calendriers.

Le jeu (et par conséquent la mise en scène...) demande un investissement, un engagement profond et continuel de celui qui le pratique. Ce métier devrait se comparer au sport et aux athlètes.

De la forme...

Pablo Picasso (Espagne, 1881-1973), Peintre et Modèle Tricotant, 1927,
(tiré du Chef-d’oeuvre inconnu, Honoré de Balzac, édition 340).

Il existe une petite nouvelle de Balzac (l'intégralité de celle-ci est en lien) intitulée Le chef-d'oeuvre inconnu.Cette nouvelle est fort intéressante oui pour son côté littéraire et sa fable... mais surtout pour son discours sur l'art, sur la forme.

«Votre main reproduit le modèle que vous avez copié chez votre maître, sans même y penser. Vous ne descendez pas assez dans l'INTIMITÉ de la forme. [...] La FORME est un truchement pour se communiquer des idées, des sensations, une vaste poésie.» Honoré de Balzac, Le chef-d'oeuvre inconnu, p.16

En gros, voici l'histoire (résumé tiré de Wiki...):

Le jeune Nicolas Poussin, encore inconnu, rend visite au peintre Porbus dans son atelier. Il est accompagné du vieux maître Frenhofer qui émet de savants commentaires sur le grand tableau que Porbus vient de terminer. Il s’agit de Marie l'Égyptienne dont Frenhofer fait l’éloge, mais qui lui paraît incomplet. En quelques coups de pinceau, le vieux maître métamorphose le tableau de Porbus au point que Marie l’Égyptienne semble renaître à la vie après son intervention. Toutefois, si Frenhofer maîtrise parfaitement la technique, il lui manque, pour son propre chef-d’œuvre La Belle noiseuse à laquelle il travaille depuis dix ans, le modèle en art idéal, une femme qui lui inspirerait la perfection vers laquelle il tend sans jamais l’atteindre. Ce futur chef-d’œuvre, que personne n’a encore jamais vu, serait le portrait de Catherine Lescault. Nicolas Poussin offre au vieux maître de faire poser la femme qu’il aime : la belle Gillette, ce que Frenhofer accepte. La beauté de Gillette l’inspire à tel point qu’il termine la Belle Noiseuse très rapidement. Mais lorsque Poussin et Porbus sont conviés à l’admirer, ils n’aperçoivent sur la toile qu’une petite partie d’un pied magnifique perdu dans une débauche de couleurs. La déception qui se lit sur leur visage pousse le maître au désespoir. Frenhofer détruit son tableau et se suicide.