mardi 11 février 2014

De la mise en scène d'une oeuvre musicale...

Dans les écrits meyerholdiens (écrits qui composent, en quelque sorte, mes principales lectures théoriques), une large part est faite à la mise en scène de l'opéra ou d'autres oeuvres lyriques. Des écrits fort intéressants qui prennent, après une production comme La Fille du Tambour Major de la SALR, une nouvelle résonance...

Voici donc ce que Meyerhold écrivait*, le 30 octobre 1909, par rapport à sa mise en scène de Tristan et Isolde de Wagner, au Théâtre Mariinski (qui a rouvert en grandes pompes l'an dernier):


Ôtons la parole à l'opéra, tout en le représentant sur scène, nous obtiendrons au fond une sorte de pantomime.

Car dans la pantomime chaque épisode, chacun des mouvements de cet épisode (ses modulations plastiques), de même que les gestes de personnages isolés et les groupements d'ensemble sont précisément déterminés par la musique, ses changements de rythme, sa modulation et, d'une manière générale, par son dessin.

Dans la pantomime le rythme des mouvements, des gestes et celui des groupements sont rigoureusement synchronisés avec celui de la musique; et c'est seulement quand on est parvenu à une concordance rythmique totale entre ce qui est présenté sur scène et la musique qu'on peut tenir la pantomime pour idéalement exécutée.

[...] Le chant d'une partie d'opéra accompagnée d'une interprétation réaliste du rôle suscite inévitablement chez un spectateur un peu fin un sourire moqueur. Il y a une convention à la base de l'art lyrique: on y chante! C'est pourquoi il ne faut pas introduire dans le jeu un élément de naturel, car la convention, aussitôt mise en désaccord avec le réel, révélera alors sa prétendue faiblesse, et, privé de sa base, l'art s'écroulera. Le drame musical doit être interprété de telle sorte que l'auditeur-spectateur ne se demande pas une seconde pourquoi les acteurs chantes dans ce drame au lieu de parler

[...] La musique, qui détermine la durée de tout ce qui se passe sur scène, donne un rythme qui n'a rien à voir avec le monde du quotidien. La vie de la musique n'est pas celle de la réalité quotidienne. «La vie ni comme elle est, ni comme elle devrait être, mais telle que nous la voyons dans les rêves» (Tchekhov).

Toute l'essence du rythme scénique est aux antipodes de celle de la réalité, de la vie quotidienne. C'est pourquoi l'aspect de l'acteur en scène doit être celui d'une fiction artistique, qui peut sans doute s'enraciner parfois dans un sol réaliste, mais qui doit en fin de compte être présentée d'une manière assez éloignée de ce que nous voyons dans la vie. [...]

Et ainsi de suite... 
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* Écrits sur le théâtre, Éditions l'Âge D'homme, 2001, Lausanne (trad. Beatrice Picon-Vallin)

Après «La Fille du Tambour Major»...

Je reviens à ce blogue après près d'un mois d'arrêt... Un mois intense qui s'est passé principalement dans le sous-sol de l'église où niche la SALR et au Théâtre Banque Nationale. Un mois intense et pourtant fantastique qui m'a permis de faire de nouvelles rencontres artistiques mémorables.

(photographie: Rocket Lavoie, Le Quotidien)

Il est de ces productions où, tout à coup, tout semble être réuni pour cheminer vers un projet amusant, drôle... et terriblement facile dans le travail! Si des regrets subsistent, c'est beaucoup plus sur le peu de temps mis à ma disposition pour mener à bien ce projet et pousser encore plus loin les réalisations scéniques...

Le retour à la réalité se passe bien... d'autant plus que d'autres projets sont présentement en attente et/ou débuteront dans quelques jours!  De retour au  boulot!
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Voici quelques commentaires sur cette production...
Avec tambours et trompettes (Denise Pelletier, Spécial du jour)
La fille du Tambour-Major, pur délice! (Christiane Laforge, Orage sur océan)
On s'amourache dès la première note (Roger Blackburn... et non Daniel Côté, Le Quotidien)