lundi 21 mai 2012

D'où vient le «rôle»?


 Dans le bouquin (un peu forcé) que je lis sur Shakespeare (dont il était question ), l'auteur donne, en page 332, sa version - probablement juste... comme tant d'autres versions... - de l'étymologie du mot rôle. Comme je ne m'étais jamais posé de questions sur le sujet auparavant, l'anecdote n'en est que plus intéressante...

Shakespeare avait certainement vu la première pièce sur Hamlet, et probablement plus d'une fois. Il est fort possible qu'il l'ai jouée, auquel cas il aurait eu en sa possession le rouleau de bandes de papier collées ensemble sur lesquelles étaient inscrites ses répliques et les indications concernant ses entrées et ses sorties de scène. De façon générale, les acteurs élisabéthains ne possédaient que leur propre rouleau (roll) - d'où provient le mot «rôle» - et pas le texte complet; il était trop dispendieux de le copier en entier, et les compagnies théâtrales hésitaient à laisser leurs scénarios circuler librement.

Ça me semble très plausible. Ainsi donc, le «rôle» provient d'une tentative d'économies...

Du répertoire comme champ de bataille


J'aime bien puiser dans le répertoire - il y a tant de textes, de styles, de formes méconnus! - pour préparer une production. Puiser dans le répertoire - de l'Antiquité à l'absurde, du Moyen-Âge au théâtre bourgeois du XIXième siècle - pour trouver celui qui parle le plus à un public d'aujourd'hui.

Pourquoi alors ne pas privilégier une écriture beaucoup plus contemporaine - québécoise de surcroît! - pour établir ce dialogue? Certains me reprocheront peut-être ce choix (ou l'ont déjà fait).

D'une part, se frotter à de telles œuvres comporte quelque chose de grisant. Par la diversité des contextes de création qu'elles ont subi. Par la diversité des contenus parfois surprenant (comme, par exemple, toute la paillardise des textes antiques). Par la diversité des styles d'écritures qui sont à la source de nombreuses autres variantes par la suite. Par la diversités des productions qui se sont enchaînées au fil du temps. Par la diversité des points de vue qui tirent tout autant de points de fuite. Par cette multiplicité des possibilités.

Malgré des exhortations à plonger dans un répertoire du présent, je crois, très sincèrement, à l'importance de remettre encore et toujours à l'affiche ces morceaux qui pourrait ou devenir des pièces de lecture (mettant de côté leur essence théâtrale) ou pire, sombrer dans l'oubli comme tant d'autres que nous ne connaîtront jamais... sans pour autant tomber dans l'archéologie théâtrale.

D'autre part,  je trouve qu'un texte qui réussit à parler d'aujourd'hui malgré un important décalage socio-historico-artistique est fascinant. Plus ce décalage est grand, plus l'effet est saisissant. Cette transcendance me passionne et je trouve que cet écho du passé acquiert une résonance sans commune mesure avec, disons, un texte actuel sur le même sujet.

Voilà un peu la philosophie qui guide mes choix... en signifiant qu'il ne s'agit pourtant pas d'un rejet de ce qui se fait de nos jours alors que j'aime bien, également, cette nouvelle écriture en mouvance, fragmentaire, torturée qui comporte de nombreux défis et s'ouvre comme un autre vaste champ de bataille...