mardi 26 novembre 2013

De la mise en scène...

Peut-on se passer de mise en scène?

Lorsque la scène est vide, la nuit profonde, le jeu minimal, la voix neutralisée, l'acteur absent, y a-t-il encore mise en scène?

On dit parfois, un peu rapidement, que la meilleure mise en scène est celle qu'on ne remarque pas. Comme on dit aussi que la meilleure musique de film est celle qu'on n'entend pas.

Faut-il croire ces adages faciles?

Charme discret de la bonne régie?

Il est vrai qu'un genre, celui de la lecture à haute voix, à voix blanche, se rapproche de cet idéal de «non mise en scène», comme on dit «non-violence», de cette attirance bouddhiste pour le vide.

Il arrive qu'une lecture de la pièce par les acteurs, texte en main, soit plus prenante, plus passionnante, plus inoubliable qu'une mise en scène trop sûre d'elle.

Mais n'est-ce pas là considérer une fois de plus la mise en scène comme le visible, l'extérieur, le superflu? Comme quelque chose d'évitable, dont on ferait mieux de se passer? Un peu de discrétion, que diable, croirait-on entendre!

Aux frontières de la scène, et sans renier son statut de représentation, la mise en scène se fait discrète, fait le mort, mais disparaît-elle pour autant? Elle tente aujourd'hui souvent de (re)venir à la simplicité de la lecture, publique ou intime, lèvres invisibles, ou tournées vers l'intérieur.

Quelle frontière entre la représentation et la réalité? La mise en scène?

C'est l'introduction (p.29) du second chapitre de La mise en scène contemporaine, ouvrage du sémiologue français (l'un de mes auteurs fétiches!), Patrice Pavis, paru en 2010 (en fait, il s'agit de la seconde édition) chez Armand Colin. Un théoricien qui pose de nombreuses questions et qui dissèque la scène de belle façon. Un penseur accessible.

jeudi 21 novembre 2013

«La Fille du Tambour-Major»... [Carnet de mise en scène]


Le choeur de la Société d'art lyrique du Royaume répète déjà depuis la mi-septembre sous la direction de Céline Perreault. Mais depuis la semaine dernière, je m'intègre à cette gang pour entamer la mise en scène des parties de groupe. 

Un travail qui s'avère un peu plus complexe que celui de l'an dernier... ne serait-ce que, contrairement aux choeurs d'Orphée aux enfers qui avaient des numéros exclusifs, les choeurs de La Fille du Tambour-Major sont tissés à même les dialogues et les scènes des solistes (qui eux, n'arriveront qu'à la mi-janvier). Rarement - voire jamais! - le choeur est seul en scène. Toujours il est en interaction avec l'un des personnages principaux. Bref, le travail scénique en cours ne peut se faire que par fragments (et ceux-ci, en l'absence des interprètes, ne peuvent qu'être incomplets).

Ce sont donc des morceaux de casse-tête... des scènes qui devront être prêtes à accueillir les différents personnages...

Derrière ce défi se cache pourtant déjà une évidence: ce sera très drôle!

Mais ce n'est pas tout... parce que si les choeurs sont définitivement en chantier, un autre (gigantesque) chantier ouvrira d'ici quelques jours: le décor (conçu par Christian Roberge et réalisé par Yves Whissel). Après un réajustement des devis (sans qu'il y ait trop de compromis esthétiques), les commandes ont été passées et le matériel devrait arriver sous peu.

C'est donc dire que le train est lancé; il faut maintenant bien le prendre!

mercredi 20 novembre 2013

L'Histoire du théâtre en un schéma




C'est là un schéma, une illustration créée pour le compte de la Compagnie théâtrale de l'Esquisse (leur site ici), qui retrace, en quelques dessins, toute l'histoire du Théâtre... Intéressant pour donner une idée de cette évolution en un seul coup d'oeil...

mardi 19 novembre 2013

«Trou Noir»... [Carnet de mise en scène]


Eh non... ce projet n'a pas encore vu le jour (les billets antérieurs publiés sur le sujet se retrouvent ici)... mais ça s'en vient! Après des répétitions difficiles - pour de nombreuses raisons extérieures au travail en salle... de la tempête à la visite aux urgences! - nous avons retrouvé un élan et nous nous acheminons vers une première série de représentations dans les prochaines semaines (les détails viendront bientôt).

Le cadre est maintenant établi... de même qu'une certaine routine dans l'exécution de ce long monologue qui pose, par ailleurs, quelques difficultés par sa structure même toute faite de redondances et de motifs récurrents. 

Jouer sans jouer. Le non-jeu qui se donne pourtant en représentation. Tel est le paradoxe, la quadrature du cercle que nous devons résoudre... 

Voilà le genre de projet qui nourrit la réflexion pour le praticien que je suis... Beaucoup plus que tout autre type de mise en scène. Peut-être parce qu'il est nécessairement plus personnel vu que j'en signe le texte et qu'il n'est pas soutenu par une compagnie...

Je suis bien content... même si la rencontre avec le public n'a toujours pas eu lieu. Tout se met en place lentement mais sûrement.

Sarah Bernhardt dans toute sa splendeur!

Voici une autre anecdote sarah-bernhardtienne - ce blogue en est rempli! - racontée, cette fois, avec une bienvaillante ironie, le grand metteur en scène français Roger Blin dans Souvenirs et propos (vive le Dictionnaire de la langue du théâtre!):


Je me souviens avoir vu Sarah Bernhardt au Trocadéro, dans ce qui est aujourd'hui le Palais de Chaillot, jouer Athalie. Je situe ça vers 1919, mon père m'y avait emmené et je revois très bien cette bonne femme portée par des figurants sur un palanquin [la comédienne a été amputée d'une jambe], recouverte d'un grand manteau rouge et qui gueulait avec une espèce de voix très haut perchée, qui m'a fait très peur. Dans la scène du songe d'Athalie, elle se tournait vers le public pour crier: «Pour réparer des ans l'irréparable outrage» comme si elle disait: «C'est moi qui vous dis ça et je vous emmerde.»

lundi 18 novembre 2013

La hiérarchie des gestes...

Voici un petit truc intéressant venu tout droit du XVIIIième siècle: la distinction entre les différents types de gestes selon Pierre-Louis Dubus dit Préville, illustre (?) acteur français (sa biographie wikipédienne se retrouve ici) de l'époque...

Pour ne point prodiguer ses gestes mal à propos, il faut se convaincre d'une vérité, c'est qu'il n'en existe que de trois sortes: le geste instructif, le geste indicatif et le geste affectif. Le premier n'est autre que la parodie d'un personnage quelconque. Le geste indicatif marche avec toutes les expressions de notre discours: il fixe l'attention du spectateur, et supplée souvent à la parole; c'est celui de tous qui exige plus d'intelligence, puisqu'il doit être d'accord avec la pensée que nous exprimons. Le geste affectif est le tableau de l'âme: c'est lui qui sert à la nature quand elle veut se développer et qu'elle se livre aux impressions qu'elle reçoit: c'set la vie des sensations que nous éprouvons et que nous voulons faire éprouver aux spectateurs. Mais ce geste se subdivise en mille nuances différentes, parce que les passions, ayant leur langage particulier, doivent, par la même raison, avoir le geste qui leur est propre.

Ces distinctions sont tirées de ses Mémoires (bouquin qui se retrouve ici... et dont la citation, elle, se retrouve à la page 104) publiées en 1812... quelques 13 ans après sa mort.

dimanche 17 novembre 2013

Au théâtre, cette semaine! [Du 17 au 23 novembre 2013]

Aujourd'hui - 17 novembre 2013
Salle Marguerite-Tellier (Chicoutimi), 14h

Le Théâtre 100 Masques donne sa quatrième Heure du théâtre, consacrée cette fois au Siècle d'or espagnol, à Caldéron et à son chef-d'oeuvre: La Vie est un songe. Il en coûte 10$ (incluant le texte, le thé et les biscuits).

Aujourd'hui - 17 novembre 2013
Salle du Facteur Culturel (Jonquière), 14h
Dernière représentation de la semaine

Le Théâtre C.R.I. présente sa plus récente création Hivers: passages du numéro six dans les mineures, un texte de Hervé Bouchard, mis en scène par Guylaine Rivard et interprété par l'auteur lui-même qui nous raconte le passage de l’enfance à l’âge adulte du personnage portant le numéro six au cours de ses hivers dans le hockey mineur. Le cadre est celui d’une petite ville industrielle sur le déclin.

Mercredi - 20 novembre 2013
Salle Michel Côté (Alma), 20h

Alma Spectacles reçoit Les Fourberies de Scapin, de Molière. En l'absence de leurs pères partis en voyage, Octave, fils d'Argante et Léandre, fils de Géronte, se sont mariés. Octave avec Hyacinthe, une belle jeune fille pauvre et de naissance inconnue, tandis que Léandre s'est épris de Zerbinette, une jeune esclave Égyptienne. Or les pères ont d'autres projets de mariage pour leurs fils. Les amoureux désespérés,ont recours aux ruses de Scapin, pour que leurs redoutables pères changent d'idée. Scapin profitera de la situation pour mettre en place des stratagèmes, afin de parvenir à ses fins, et également pour soutirer de l'argent et se venger de ses maîtres. Beau parleur et fieffé coquin, Scapin fera la pluie et le beau temps, tout au long de cette aventure.

Jeudi à samedi - du 21 au 23 novembre 2013
Salle du Facteur Culturel (Jonquière), 20h
(et dimanche, 24 novembre 2013, à 14h)
Dernière semaine de représentations

Le Théâtre C.R.I. présente sa plus récente création Hivers: passages du numéro six dans les mineures, un texte de Hervé Bouchard, mis en scène par Guylaine Rivard et interprété par l'auteur lui-même qui nous raconte le passage de l’enfance à l’âge adulte du personnage portant le numéro six au cours de ses hivers dans le hockey mineur. Le cadre est celui d’une petite ville industrielle sur le déclin.

jeudi 14 novembre 2013

De la voix de l'auteur à celle du metteur en scène...


L'auteur est tributaire du théâtre de son époque (le metteur en scène peut aussi aborder une oeuvre dramatique à travers ce contexte, mais c'est un cas particulier). Souvent, l'auteur connaît trop bien l'appareil scénique qui lui est contemporain et qui, pour nous, est vieilli et irrecevable; il alourdit par des détails ce qui aurait un impact beaucoup plus fort s'il s'était exprimé par des moyens minimaux [...]. Le metteur en scène, qui établit le squelette de l'oeuvre dramatique, sa construction et son tempo, donne un visage unique à l'ensemble du spectacle, en relation avec la façon dont il comprend l'oeuvre dramatique donnée. C'est pourquoi le travail du metteur en scène est très individuel, et il n'y a pas deux metteurs en scène, même de la même école, qui monteraient d'une façon absolument identique une oeuvre dramatique. 

L'auteur, dans ses didascalies, voit un théâtre idéal à ses yeux, tandis que le metteur en scène dissèque

C'est là une vision toute meyerholdienne de l'apport de chacun de ces deux premiers créateurs que sont l'auteur et le metteur en scène. Une vision que j'aime bien (bon... j'ai quand même un fort parti pris pour ce metteur en scène russe... en font preuve les différents billets réunis ici qui forment, en quelques sortes, les fondements de ma pratique scénique). Une vision qui vaut d'autant plus quand il s'agit de textes de répertoire venus d'époques antérieures...

Je suis assez partisan de cette liberté accordée au metteur en scène qui ne se voit pas soumis à cette fameuse «voix de l'auteur». Cette insoumission ne doit pas être perçue comme un manque de respect face au texte mais bien comme une façon de l'aborder sans être encombré par des considérations scéniques qui ont mal vieillies. 

mercredi 13 novembre 2013

«Les Comédiens»... la suite

Voici le cinquième et dernier épisode de la saison de la websérie française Les Comédiens qui retrace le parcours de 5-6 amis qui étudient au Conservatoire. Les quatre premiers se retrouvent ici.

mardi 12 novembre 2013

«Hors de Montréal, point de salut?»


Le cent quarante-huitième numéro de la revue de théâtre Jeu est paru dernièrement... avec, comme dossier principal, un sujet intéressant pour quiconque s'acharne à vouloir demeurer en région: Hors de Montréal, point de salut? 

Le montréalocentrisme (ou plutôt, le grand-centrisme!) est omniprésent dans le milieu culturel. Peut-on changer les choses? Probablement que non. Mais ce n'est pas une raison pour laisser faire.

Pour ce numéro, j'ai écrit un article rendant compte de la concertation du milieu théâtral saguenéen depuis une dizaine d'années. (Il y a aussi un article de Gervais Gaudreault qui parle notamment de l'apport régional de Benoit Lagrandeur.)

(L'éditorial et le sommaire de la revue se retrouvent ici.)


dimanche 10 novembre 2013

«Au Champ de mars»... [Carnet de mise en scène]

En ordre: Céline Gagnon, Gervais Arcand, Denis Lavoie, Stéphane Doré, France Donaldson (photo: Christian Roberge)

Mon équipe de production pour Au Champ de mars de Pierre-Michel Tremblay (production 2014 du Théâtre Mic Mac) est maintenant complétée.

Les comédiens seront Stéphane Doré (Eric), Céline Gagnon (Rachel), Gervais Arcand (Marco), Denis Lavoie (Sergent de film) et France Donaldson (Annabelle). 

Christian Roberge et Vicky Coté amélioreront et réaliseront l'espace que je leur ai proposé... en plus de s'occuper des costumes. Alexandre Nadeau signera la conception des lumières.

Réjean Gauthier fera office de directeur de production alors que Sonia Tremblay sera mon assistante (rôle plus que nécessaire dans le type de mise en scène où nous allons).

Ce retour (imprévu!) au Mic Mac est un peu comme un retour à la maison...

Au théâtre, cette semaine! [Du 10 au 16 novembre 2013]

Ouais ben... il s'en passera des choses cette semaine (si tant est que j'ai tout bien noté et qu'il ne me manque pas trop de rendez-vous!). Une chose me frappe particulièrement, par exemple: le coût des billets pour le théâtre chez les diffuseurs multidisciplinaires qui sont maintenant - comme une norme! - plus près du 50$ que du 30$... Et après on parlera d'une désaffection du spectacle vivant auprès de la clientèle plus jeune...


Aujourd'hui - 10 novembre 2013
Salle de Facteur Culturel (Jonquière), 14h
DERNIÈRE REPRÉSENTATION DE LA PREMIÈRE SEMAINE 

Le Théâtre C.R.I. présente sa plus récente création Hivers: passages du numéro six dans les mineures, un texte de Hervé Bouchard, mis en scène par Guylaine Rivard et interprété par l'auteur lui-même qui nous raconte le passage de l’enfance à l’âge adulte du personnage portant le numéro six au cours de ses hivers dans le hockey mineur. Le cadre est celui d’une petite ville industrielle sur le déclin.


Mercredi - 13 novembre 2013
Théâtre Banque Nationale (Chicoutimi), 20h

Diffusion Saguenay reçoit le T.N.M. et son spectacle Le Murmure du coquelicotTout comme l’acteur est l’athlète du coeur, l’acrobate est le poète du danger. Depuis sa fondation en 2002, le collectif Les 7 doigts de la main a acquis une réputation internationale pour sa conception intime de l’art du cirque, où l’exploit de l’acrobate n’est jamais une fin en soi, mais un langage envoûtant pour exprimer la fragile démesure des émotions et des rêves. Dans l’esprit du temps présent, il était follement désirable de faire enfin advenir ce rendez-vous aussi spectaculaire que touchant : la rencontre entre le cirque et le théâtre. Bien entendu, Rémy Girard (dont la curiosité pour le TBN mérite la une du Progrès-Dimanche - soupir) y est, la salle sera pleine (malgré le prix fixé à 51,25$).


Jeudi à samedi - du 14 au 16 novembre 2013
Salle de Facteur Culturel (Jonquière), 20h
(et dimanche, le 17 novembre 2013, à 14h)
SECONDE SEMAINE DE REPRÉSENTATIONS

Le Théâtre C.R.I. présente sa plus récente création Hivers: passages du numéro six dans les mineures, un texte de Hervé Bouchard, mis en scène par Guylaine Rivard et interprété par l'auteur lui-même qui nous raconte le passage de l’enfance à l’âge adulte du personnage portant le numéro six au cours de ses hivers dans le hockey mineur. Le cadre est celui d’une petite ville industrielle sur le déclin.


Jeudi et vendredi - 14 et 15 novembre 2013
Salle Pierrette-Gaudreault (Jonquière), en représentations scolaires
Et samedi - 16 novembre 2013, 13h30

Le Théâtre La Rubrique reçoit Le Caroussel et sa production Nuit d'orageUne petite fille et son chien, par une nuit d’orage. Mille questions surgissent dans sa tête. La réflexion s’élance, s’envole, revient en piqué, rebondit sur les parois invisibles de la conscience. Au coeur de la nuit, l’enfant interroge le sens de la vie, soulève de troublantes questions, observe l’intime aussi bien que l’universel. Le vent souffle de plus en plus fort, et puis l’orage éclate : toutes les peurs sont permises.


Vendredi - 15 novembre 2013
Salle Michel Côté (Alma), 20h

Alma Spectacles reçoit Ladies Night (l'autre spectacle récurrent... comme les Broue et Douze hommes en colère... qui repasse dans la région année après année). Succès populaire au Québec et dans le monde entier, Ladies Night se déroule dans une ville ouvrière où une bande d’amis, en manque de travail, se lancent un défi: proposer un « striptease » d’hommes, comme le font les Chippendales pour épater les femmes mais surtout se prouver qu’ils sont capable d’exister. Grâce à Glenda, une ex-danseuse, ils sortiront le grand jeu qui les mènera jusqu’à la présentation ultime ! Humour et dérision à leur meilleur ! Ce truc coûte 50$.


Samedi - 16 novembre 2013
Salle Murdock (Chicoutimi), 14h

Une chance unique d'assister en primeur à la répétition d'un extrait du nouveau spectacle du théâtre Les Amis de Chiffon ROSÉPINE, une histoire aux couleurs de l'Asie qui sensibilise les jeunes aux enjeux de notre planète sous le signe de l'amitié et de la fantaisie. Il suivra une rencontre-échange entre spectateurs et artistes du spectacle. Le nombre de places (gratuites) est limité. Pour réservé, contacter le 549-7061

samedi 9 novembre 2013

D'autres mandements contre le théâtre!

Mgr Taschereau (Elzéar-Alexandre Taschereau de son vrai nom... avec sa biographie wikipédienne ici)

Dans la suite L'Église contre le théâtre, voici un extrait du (coloré et quelque peu xénophobe!) mandement contre le théâtre lancé, au printemps 1974, par Monseigneur Taschereau, archevêque de Québec, suite à la prochaine venue du Genuine New-York Black Crook qui triomphe à Montréal et qui présente - ô scandale! - de danseuses, des chanteuses, un orchestre et des clowns:

Une troupe nombreuse de baladins étrangers s'annonce comme devant donner des représentations théâtrales dans le cours de la semaine prochaine. Or, nous avons appris de source certaine que la morale et la décence la plus élémentaire y sont affreusement outragées. N'avons-nous pas le droit de nous regarder comme insultés par cet étalage d'infamies?

Laissez donc ces horribles scandales s'étaler dans le vide. Quand les acteurs verront que les recettes ne payent pas les dépenses, ils nous délivreront bientôt de leur présence.

Quelques mois auparavant, Monseigneur Bourget (déjà vedette de ce blogue, et ) s'était lui aussi élevé contre cette troupe venu du sud de la frontière - comment aurait-il pu en être autrement?:

Des troupes de comédiens et de comédiennes se succèdent depuis quelque temps sans interruption dans cette ville et donnent dans une maison de théâtre le spectacle des immoralités les plus révoltantes. Ce sont chez les comédiennes des nudités qui feraient rougir d'honnêtes païens s'ils en étaient les témoins. Rien n'égale l'indécence des jeux que se permettent ces baladins, pour attirer une foule de curieux de tout âge de tout sexe et de toute condition. Des jeux scandaleux, des danses criminelles, des libertés plus malhonnêtes sont comme les pâtures ordinaires dont ces bouffons saturent les spectateurs.

Car c'est dans ces repaires de tous les vices que se commettent les crimes qui compromettent la réputation des familles les plus respectables et la paix et la prospérité des citoyens. Là, en effet, se font de folles dépenses pour satisfaire la sensualité et la gourmandise. Là s'entretiennent les mauvaises passions qui remplissent les maisons de prostitution. Là se dépenses des sommes fabuleuses qui prouvent que l'on est toujours riche pour le plaisir tandis que l'on se dit pauvre pour la charité. Là se prodigue follement ce que l'on a dérobé à des parents, à des maîtres, à des patrons sans défiance. Là s'oublient et se perdent les bons sentiments qui attachent les enfants à leurs parents. Là ces enfants malheureux apprennent à mépriser les auteurs de leurs jours, à les contrister en leur désobéissant par une conséquence nécessaire, à attirer sur leurs têtes les malédictions réservées à ceux qui n'honorent pas leurs pères et mères.

Ces deux petits morceaux de littérature judéo-chrétienne se retrouvent dans le bouquin L'histoire du théâtre au Canada de Léopold Houlé, publié en 1945.


mercredi 6 novembre 2013

«Sous le gui - 175 bonnes raisons de fêter la Noël - Spectacle non-gratuit»... [Carnet de mise en scène]


C'est ce matin qu'a véritablement débuté la création de cet ultime spectacle de Noël (cette fois, c'est le vrai puisque l'an prochain, à la même période, nous serons en pleine tragédie antique!). Et qui dit ultime dit dernier tour de piste et dernière occasion de marquer la coup par le plaisir le plus déjanté et l'éclatement!

Ce matin donc, nous avons placé (et quand je dis placé, je veux dire que nous avons conçu les personnages, mis en scène tout en écrivant le texte dans une frénésie parfois difficile à suivre!) le cadre général de la production, l'introduction et le premier tableau.

Ce tableau retrace le premier Noël au poste de traite de Chicoutimi... 

Et le style reste le même: ironie - voire cynisme! -, sarcasme et humour caustique! Et ça promet! La barre est haute pour les tableaux à venir!


mardi 5 novembre 2013

«La Fille du Tambour-Major»... [Carnet de mise en scène]


Voici un aperçu de la proposition scénographique de Christian Roberge (le même qui a signé les décors d'Orphée aux enfers, l'an dernier... et avec qui j'en suis à la huitième collaboration) pour La Fille du Tambour-Major présentée par la Société d'arts lyrique du Royaume.

Je dis aperçu parce que depuis le dépôt de cette proposition, au début du mois de septembre, les choses ont évolué, se sont précisées... mais dans l'ensemble, les présentes images sont tout de même significatives et assez près de ce que nous recherchons.

D'abord, le cadre de scène sera abaissé, laissant de l'espace (dans la partie noire) pour des sur-titres. 

Ensuite, l'espace - constitué à chaque fois par la redondance esthétique de panneaux et de paravents - sera étroit... sur toute la largeur de la scène, très près du public. Un espace parfait pour travailler les groupes scéniques sur un mode de fresque, de bas-relief.

Enfin, les éléments scéniques seront réalistes.

Ces ensembles scénographiques seront à même, je crois, de rendre dynamique la mise en scène.




dimanche 3 novembre 2013

Au théâtre, cette semaine! [Du 3 au 9 novembre 2013]

Beaucoup de choses, cette semaine!


Aujourd'hui - 3 novembre 2013
Salle Marguerite-Tellier (Chicoutimi), 14h

Le Théâtre 100 Masques offre son troisième rendez-vous de L'Heure du théâtre, consacré, cette fois, au nô japonais  et à celui qui lui a donné sa forme actuelle: Zeami. Cette rencontre, ouverte à tous sera animée par Sophie Larouche. Il en coûte 10$ pour la rencontre (incluant texte, thé et biscuit).


Lundi - 4 novembre 2013
Studio-Théâtre (UQAC), 17h

La Chaire de recherche du Canada pour une dramaturgie sonore au théâtre reçoit, pour une conférence ouverte à tous, la comédienne Marie Brassard, reconnue pour son parcours de recherche et de rigueur, afin de discuter de sa vision du théâtre et de sa pratique.


Mardi - 5 novembre 2013
Théâtre Banque Nationale (Chicoutimi), 20h
et
Mercredi - 6 novembre 2013
Salle François-Brassard (Jonquière), 19h30

Le Théâtre du Faux Coffre donne, en représentations scolaires (en priorité... mais le reste des places est disponible  pour le grand public), la dernière aventure des Clowns Noirs: Le Clown noir au masque de fer. Le coût d'entrée est fixé à 15$.



Mercredi - 6 novembre 2013
Studio-Théâtre (UQAC), 12h à 13h

La Chaire reçoit (dans le cadre de l'événement organisé par l'APES dont il sera question en fin de billet) aussi Larry Tremblay, auteur dramatique réputé, pour discuter aussi de sa pratique. C'est ouvert à tous... et fort intéressant!


Jeudi à samedi - du 7 au 9 novembre 2013
Salle de Facteur Culturel (Jonquière), 20h
(et dimanche, le 10 novembre 2013, à 14h)
PREMIÈRE SEMAINE DE REPRÉSENTATIONS

Le Théâtre C.R.I. présente sa plus récente création Hivers: passages du numéro six dans les mineures, un texte de Hervé Bouchard, mis en scène par Guylaine Rivard et interprété par l'auteur lui-même qui nous raconte le passage de l’enfance à l’âge adulte du personnage portant le numéro six au cours de ses hivers dans le hockey mineur. Le cadre est celui d’une petite ville industrielle sur le déclin


Samedi - 9 novembre 2013
Salle Pierrette-Gaudreault (Jonquière), 20h

Le Théâtre La Rubrique reçoit les Productions Kléos qui présenteront Le Chant de Georges Boivin, un texte de Martin Bellemare mis en scène par Mario Borges (un long monologue porté par Pierre Collin). 
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Du 5 au 10 novembre, l'Association Professionnelle des Écrivains de la Sagamie (l'APES) nous arrive avec un tout nouveau projet: LA TOTALE. Au cours de cette semaine, plusieurs activités seront proposées autour d'un auteur. Pour cette première édition, c'est Larry Tremblay, romancier et homme de théâtre réputé qui sera mis en vedette. Pour suivre toutes les activités de cet événement, il sera bon de consulter le bulletin publié par le groupe de compétence en Lettre et édition (ici).
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Ça fait pas mal le tour de mon agenda... Si j'oublie des trucs, on pourra me le faire savoir ou par courriel, ou par le biais des commentaires...

samedi 2 novembre 2013

Une brève histoire du théâtre au Québec... 6

Monique Miller (Ciboulette) et Guy Godin (Tarzan), dans Zone, 1953.

Les années '50 - Le théâtre se professionnalise

Au début des années '50, alors que le Québec est sous le joug de Duplessis et qu'éclatent de violentes grèves, Gratien Gélinas est en plein possession de ses moyens. Son Tit-Coq le mène un peu partout au Canada... et même (avec plus ou moins de succès) aux États-Unis. 

Un autre auteur imprimera bientôt sa marque sur cette époque: Marcel Dubé. Le triomphe de sa première pièce, Zone, en fera un auteur de premier plan (de veine réaliste, il va sans dire), jeune et avec une langue dynamique qui place ses personnages dans l'univers de l'adolescence qui rêvent d'un avenir meilleur que celui de leurs parents. 

La famille, thème par excellence de la dramaturgie québécoise, en prend pour son rhume.  Elle perd son unité et donnera des archétypes qui seront tenaces: le père complètement absorbé par son travail, la mère esclave de son quotidien, le fils marginal, la fille révoltée ou menacée.

À côté de ce théâtre réaliste, une autre veine plus avant-gardiste tente de se développer. Jacques Languirand amène sur les scènes, avec Les Grands départs et Les Insolites un théâtre où règne l'étrangeté alors que Claude Gauvreau fait éclater l'automatisme et la poésie langagière dans des pièces comme La Charge de l'orignal épormyable et Les Oranges sont vertes.

Les structures évoluent. Dès 1951, Les Compagnons de Saint-Laurent mettent un terme à leurs activités qui auront données, au théâtre québécois, de solides assises. 

Quelques comédiens (Jean Gascon, Jean-Louis Roux, Eloi de Grandmont, Georges Groulx et Guy Hoffman), de retour de France, se réunissent en 1952 et fondent le Théâtre du Nouveau-Monde. En 1955, Paul Buissonneault crée le Théâtre de Quat'sous.

Et même l'État s'y met... si on peut dire... après avoir été complètement absent de cette histoire. Au cours de cette décennie, deux initiatives marqueront le début d'un soutien étatique. 

En 1955, le gouvernement du Québec ouvre, à Montréal, la première section Art dramatique du Conservatoire de musique (fondé en 1948 par Wilfrid Pelletier). C'est la première reconnaissance d'un lieu de formation. En 1958 s'ouvrira une telle section au Conservatoire de Québec.

Enfin, en 1956, la fondation du Conseil des arts de la région métropolitaine amènera les premières subventions données aux compagnies.




vendredi 1 novembre 2013

«La Fille du Tambour-Major»... [Carnet de mise en scène]


Voici l'affiche de la prochaine production de la Société d'Art Lyrique, La Fille du Tambour-Major d'Offenbach, que je mettrai en scène (et dont les représentations se feront les 7, 8 et 9 février prochains).

L'exercice de conception de l'affiche est toujours un peu ardu... surtout dans un contexte où la mise en scène n'est encore qu'esquissée que dans ses grandes lignes. Comment alors rendre visuellement compte d'un spectacle?

Deux choix ont motivé cette proposition (signée par Alexandre Girard).

D'abord, le souhait exprimé (par moi, notamment) d'avoir une certaine continuité avec l'affiche de l'an dernier (qu'on peut retrouver ici), tant par la configuration que par l'esprit avec proéminence du titre sur une image somme toute neutre reléguant les informations sur une bande noire.

Par ailleurs, l'image - le drapeau français qui est l'espoir de cette pièce - a été choisie parce qu'elle avait un certain mouvement. Et qu'on avait le drapeau sans trop avoir l'imposition de l'objet... Je souhaitais (et souhaite encore) avoir une image d'époque parce que c'est aussi la ligne esthétique qu'on s'est donné de faire dans l'historique sans pourtant tomber dans l'archéologique. Les costumes et les décors devraient avoir ce côté un peu suranné et sera aussi dans ces mêmes teintes...
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Voici, en lien, l'article qui est paru dans le journal de jeudi matin, suite a la conférence de presse.