Peut-on se passer de mise en scène?
Lorsque la scène est vide, la nuit profonde, le jeu minimal, la voix neutralisée, l'acteur absent, y a-t-il encore mise en scène?
On dit parfois, un peu rapidement, que la meilleure mise en scène est celle qu'on ne remarque pas. Comme on dit aussi que la meilleure musique de film est celle qu'on n'entend pas.
Faut-il croire ces adages faciles?
Charme discret de la bonne régie?
Il est vrai qu'un genre, celui de la lecture à haute voix, à voix blanche, se rapproche de cet idéal de «non mise en scène», comme on dit «non-violence», de cette attirance bouddhiste pour le vide.
Il arrive qu'une lecture de la pièce par les acteurs, texte en main, soit plus prenante, plus passionnante, plus inoubliable qu'une mise en scène trop sûre d'elle.
Mais n'est-ce pas là considérer une fois de plus la mise en scène comme le visible, l'extérieur, le superflu? Comme quelque chose d'évitable, dont on ferait mieux de se passer? Un peu de discrétion, que diable, croirait-on entendre!
Aux frontières de la scène, et sans renier son statut de représentation, la mise en scène se fait discrète, fait le mort, mais disparaît-elle pour autant? Elle tente aujourd'hui souvent de (re)venir à la simplicité de la lecture, publique ou intime, lèvres invisibles, ou tournées vers l'intérieur.
Quelle frontière entre la représentation et la réalité? La mise en scène?
C'est l'introduction (p.29) du second chapitre de La mise en scène contemporaine, ouvrage du sémiologue français (l'un de mes auteurs fétiches!), Patrice Pavis, paru en 2010 (en fait, il s'agit de la seconde édition) chez Armand Colin. Un théoricien qui pose de nombreuses questions et qui dissèque la scène de belle façon. Un penseur accessible.
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