Hier soir, le Théâtre La Rubrique présentait son dernier spectacle adulte de la saison 2012-2013: Les trois exils de Christian E., une coproduction (signée par Christian Essiambre et Philippe Soldevila) du Théâtre Sortie de Secours et du Théâtre de L'Escaouette.
Seul en scène, sans décor ni accessoire si ce n’est qu’une simple chaise, sans effet d’éclairages, au centre d’un carré blanc dessiné au sol, le comédien accueille le public en s’étirant, se déliant la bouche…
Puis pendant plus d’une heure et demie, il se lance dans une histoire - qu’on suppose personnelle… le propre de l’auto-fiction – composée d’un efficace entrelacement d’anecdotes et de commentaires.
Voici donc la présentation de Christian E., Acadien d’origine, en exil à Montréal pour tenter de faire carrière. Entre deux auditions et de longues séances de jeux vidéo, il vivote. Se cherche. Et des circonstances familiales le poussent à faire, entre son Acadie natale et la représentation (sans tomber dans un folklore élimé), une profonde introspection.
Un texte bien construit qui présente des personnages (mais jusqu’à quel point le sont-ils?) qui amusent, font sourire : sa mère, son père, ses trois autres cousins, les touristes au Pays de la Sagouine, la Sagouine elle-même!
En pleine maîtrise de son jeu, de son espace, de son discours, Christian E. propose un spectacle éminemment physique, d’une précision chirurgicale dans les pirouettes… sans jamais en perdre le fil intimiste et touchant. Sous cette apparente aisance doit se cacher de multiples calculs.
Devant ce type de représentation, il est difficile de ne pas songer au travail d’un Fred Pellerin (avec le même type d'humour - sans le merveilleux du conte - qui fera rire et touchera de la même façon)... Mais qu’à cela ne tienne, ce comédien réussira, par sa présence et la complicité qu’il sait créer, à le faire oublier.