lundi 30 mars 2009

Derrière la sémantique...


Travailler avec des acteurs oblige le metteur en scène à se commettre et à tenter de nommer leur champ d'action, avec un vocabulaire qui frise parfois l'ésotérisme: présence, force en jeu, énergie... tous des termes si vagues qu'ils englobent finalement une infinité de notions pourtant plus concrètes.

Voici, en quelques mots (brillants!), ce qu'en dit Jean Asselin, fondateur et directeur artistique de la troupe Omnibus, spécialisée dans le mime et le théâtre gestuel (FÉRAL Josette, Mise en scène et jeu de l'acteur, Tome 2, Éd. Jeu/Lansman, Montréal, 2001):

Le mot «énergie» est on ne peut plus galvaudé. C'est l'exemple typique du mot qui ne veut rien dire à force de vouloir tout dire. [...]

Je préconise donc l'infinité des rapports de vitesse, de force et de temps plutôt que cette notion d'énergie qui n'est qu'un palliatif à tout ce qu'on est incapable de nommer; parce que cela nous arrange de ne pas nommer, parce que c'est moins fatiguant de ne pas savoir. Cela donne plus de champ à la fumisterie et au charlatanisme.

Quant à la «présence», je dirais qu'elle se définit par son contraire: la répression de l'ego, l'absence du soi. Le personnage est un sursoi, un soi collectif aussi. C'est quand ce jeu est graphique et abstrait que tous s'y retrouvent. Je dirais que l'interprète est présent lorsque je peux m'y projeter comme sur un écran. Il est potentiellement mon corps et virtuellement mon esprit. C'est dire à quel point je n'aime pas l'individualité de l'acteur, tous ces tics et ces lieux communs du comportement qui n'ont rien à voir avec le personnage et qui m'en distraient!

Personnellement, je préfère parler d'actions, de réactions.