lundi 11 janvier 2010

On recherche...


Avis aux intéressés! La Ville de St-Félicien, ayant établi une solide tradition du théâtre d'été, recherche, pour cette année, un metteur en scène... du moins, c'est ce qui ressort d'une offre d'emploi publiée dans le Progrès-Dimanche du 10 janvier 2010:

Le Service des loisirs et de la culture de St-Félicien est à la recherche d'un(e) metteur(e) en scène pour la production du Théâtre d'été 2010.

Fonctions
- Concevoir la mise en scène et travailler en étroite collaboration avec la régisseure culturelle et l'équipe de production
- Assurer la sélection des comédiens et des comédiennes
- Apporter une vision originale du spectacle
- Diriger les comédiens et comédiennes
- Fournir, par écrit, tous les éléments au spectacle, soit la fiche technique, les éléments du décor, costumes et accessoires en collaboration avec la ou le scénographe et technicien
- Respecter dans sa conception les exigences et les budgets dévolus à la production

Exigences
- BAC en interprétation théâtrale ou toutes autres formations connexes
- Expérience dans la mise en scène de théâtre d'été
- Disponibilité de mai au début de juillet

Salaire et conditions à discuter

Si le poste vous intéresse, faire parvenir votre curriculum vitae par la poste ou par courrier électronique avant le mercredi 20 janvier 2010, 16h à:
joanne.laprise@ville.stfelicien.qc.ca
Services des loisirs et le culture de St-Félicien
Joanne Laprise, régisseure culturelle
1209, boul. Sacré-Coeur, Saint-Félicien, Qc, G8K 2R5
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Dans le même ordre d'idée, je crois que le Théâtre la Rubrique se cherche des animateurs pour leurs ateliers de théâtre. L'information vient de Facebook... sur lequel Lyne L'Italien lance l'appel. Pour les intéressés: infos@theatrelarubrique.com

Les 100 ans du Devoir

Dans le cadre du 100ième anniversaire de fondation du Devoir, on ressort, depuis quelques jours, divers articles qui ont jalonné son histoire. Et dans un cahier spécial paru ce samedi-ci, un article de Jean Basile, daté du 30 août 1968, renvoie à l'un des moments charnières du théâtre québécois: la création du désormais chef-d'oeuvre de Michel Tremblay, Les Belles-Soeurs, par le Théâtre du Rideau-Vert.

Les Belles-Soeurs, photographie: Ronald Labelle


Une entreprise familiale de démolition, les Belles-soeurs de Michel Tremblay, au Stella

Après tant et tant de cadavres empilés sur les scènes de la métropole par des acteurs sans vie agités par des metteurs en scène sans âme, voici qu'un grand souffle nous provient du Rideau-Vert, qui ouvre sa saison sur ce qu'il faut bien appeler un chef-d'oeuvre.

Chef-d'oeuvre en effet que Les Belles-soeurs, de Michel Tremblay, sur les trois plans de l'intelligence, de la sensibilité et de l'écriture. Il faut immédiatement joindre au nom de l'auteur celui de son metteur en scène, André Brassard.

Sur le plan de l'intelligence, Les Belles-soeurs est, je crois, un des premiers véritables regards critiques qu'un dramaturge québécois jette sur la société québécoise.

Sur le plan de la sensibilité, le monde de Michel Tremblay est d'une justesse et d'une acuité qui le classent immédiatement parmi les véritables artistes.

Sur le plan de l'écriture, la pièce est la démonstration éclatante que le «joual» employé dans son sens peut prendre des dimensions dans le temps et dans l'espace qui font de lui l'arme la plus efficace qui soit contre l'atroce abâtardissement qu'il exprime.

L'idée de base est simple. Une femme de la classe populaire gagne à un concours un million de timbres-primes. Voilà ses rêves réalisés; elle pourra enfin obtenir meubles et accessoires, tout ce qu'il faut pour meubler à neuf son logement. Mais un million de timbres à coller sur des carnets, c'est un travail d'Hercule. Qu'à cela ne tienne; elle invitera ses amies à un «timbre-prime-party». Toute l'action tient dans ce collage de timbres, au cours duquel bien des futilités seront échangées, tandis que, peu à peu, on découvrira la psychologie intime de chacune de ces femmes.

Dans ce genre d'oeuvre-mosaïque, tout tient dans la manière. Celle de Michel Tremblay est efficace. Temps morts, temps forts, dialogues rapides, monologues intérieurs qui entrecoupent la pièce, numéro «à effet», tout s'entremêle et tout se fond. C'est du théâtre instantané. Il n'y a rien que quinze femmes qui parlent? Attendez. Quand la pièce est finie, ce que l'on a derrière soi, ce sont des énormes éclats de rire; ce que l'on a devant, c'est l'exposé brutal, vulgaire, net, froid de la lugubre solitude canadienne-française. Tout cela sans un mot de trop, sans morale. Si le génie consiste à rendre lisible à l'oeil nu les abîmes de la vie, Michel Tremblay a eu ce génie.

Il est malheureusement impossible de donner par le détail une vision du monde de Michel Tremblay. Chacune de ses «Belles-soeurs» représente une idée fixe, un mythe. C'est bien entendu l'époque de ses parents que Michel Tremblay stigmatise. On y retrouve la neuvaine, l'«histoire plate», le rêve vers un avenir de beauté impossible. Mais la jeunesse y participe. Est-elle mieux? Guère. Dans une des scènes les plus touchantes, on voit confrontée celle qui, croyant sortir de sa petite vie, ne fait qu'y entrer davantage, avec celle, plus jeune, qui croit encore qu'il est possible d'en sortir et dont le cri de bête blessée est «J'ai peur, j'ai peur».

Les personnages de Michel Tremblay confinent au pays de l'hilarité hystérique. On rit d'une façon presque incessante dans ces Belles-soeurs, qui sont une affaire de démolition où le comédien et le public se retrouvent en famille.

La mise en scène d'André Brassard sert magnifiquement l'oeuvre. Sans doute, André Brassard est dans sa période baroque et, étant très riche, veut nous faire profiter à tout prix de sa richesse. S'il avait gommé un peu de détails, peut-être aurait-il gagné en cruauté ce qu'il eût perdu en bravoure. Mais quoi, dire cela, c'est se plaindre que la mariée est trop belle!

Quant à l'interprétation, comment choisir parmi quinze comédiennes qui toutes, à des nuances près, collent à l'oeuvre comme la pauvreté au monde.

Jean Basile

Et combien d'autres articles encore de ce journal pourrait être intéressant pour ce monde théâtral!!!

La Défonce [Carnet de notes]

Maquette de la scénographie (Conception et photographie: Christian Roberge)

Samedi et dimanche dernier, nous avons entamé la première fin de semaine de répétition intensive de La Défonce, au Théâtre Mic Mac.

Après un premier avant-midi de travail de lectures et de questionnements d'ordre dramaturgique, nous sommes passés à la scène pour une première tentative de placement. Rapidement, le ton pose problème. Il faut noter que cette pièce se déroule à la suite d'un drame horrible et que, par conséquent, les personnages se retrouvent, dès le départ, dans un état extrêmement fébrile, fragile, perdu. Et pour y arriver, aucune montée.

Les personnages secondaires s'en tirent fort bien... et pour cause. En un sens, il n'ont qu'à se laisser porter (façon de parler!) par le texte. Le personnage principal est beaucoup plus complexe. Personnage détruit, ruine ambulante, froid intérieur, douleur... Les couches doivent s'accumuler dans une retenue sourde et oppressante.

Le lendemain, nous sommes donc revenus à la table avec le principal protagoniste pour revoir les grandes lignes du personnage.

Le dernier après-midi, par un concours de circonstances, nous nous sommes activement attardés sur une scène en fin de pièce... Avec célérité et efficacité, le dessin de celle-ci est convaincante et donne d'emblée une fort bonne idée de l'utilisation de la scénographie, du déploiement des comédiens dans l'espace et de la dynamique (tant au niveau de l'image que des relations entre les personnages eux-même et entre eux et le public) qu'impose celui-ci.

Ce premier week-end a donc permis: 1- de déterminer le point de vue avec lequel nous aborderons la pièce, 2- de mieux définir et la dynamique entre les personnages et le ton recherché, 3- de valider l'espace (avec du public des quatre côtés!) et l'utilisation des panneaux, 4- de connaître un peu mieux la distribution, ses forces et ses faiblesses et 5- d'avoir du plaisir!

Le prochain rendez-vous est prévu le 23 janvier (car je rappelle que nous répéterons, dans les faits, huit week-ends d'ici le 1er avril... date de la première).