jeudi 18 août 2011

Du côté des Clowns Noirs... 2

Pour les rats de bibliothèque(s)...


Voici, trouvé dans un petit ouvrage synthèse fort bien fait sous la plume de Marie-Claude Hubert (tout simplement titré Le Théâtre), une liste des grands textes phares qui ont forgé, chacun à leur façon, l'esthétique théâtrale au cours des siècles.

Avis aux intéressés, la plupart de ceux-ci peuvent se retrouver (j'en ai fait l'expérience!) à la bibliothèque de l'UQAC...

IVe siècle av. J.-C. ARISTOTE Poétique
1657 F.H. d'AUBIGNAC La Pratique du théâtre
1660 CORNEILLE Trois discours
1663 MOLIÈRE La Critique de «L'École des femmes»
1674 BOILEAU L'Art poétique
1757 DIDEROT Entretien sur «le Fils naturel» suivi de «Entretiens avec Dorval»
1767 BEAUMARCHAIS Essai sur le genre dramatique sérieux
1773 L. S. MERCIER Du Théâtre ou Nouvel Essai sur l'art dramatique
1777 DIDEROT Paradoxe sur le comédien
1823-1825 STENDHAL Racine et Shakespeare
1827 HUGO Préface de Cromwell
1829 VIGNY Lettres à Lord*** sur la soirée du 24 octobre 1829
1864 HUGO William Shakespeare
1881 ZOLA Le Naturalisme au théâtre
1896 JARRY De l'inutilité du théâtre au théâtre
1938 ARTAUD Le théâtre et son double
1918-1954 BRECHT Écrits sur le théâtre
1966 IONESCO Notes et contre-notes


Cette liste est évidemment non-exhaustive (et franchement très française!) et fait abstraction d'autres grands textes... ou de textes plus précis, notamment pour Le petit organon pour le théâtre de Brecht. Néammoins, elle permet de donner une idée assez générale sur l'histoire du théâtre et des multiples révolutions qui l'ont secouée.

Au chapitre des oubliés se trouvent, à mon avis les écrits nombreux (mais nécessaires!) des Stanislawski (son absence me surprend, d'ailleurs!), Meyerhold, Copeau, Jouvet, Vitez, Kantor Lehmann...

Je me demande ce qui se trouverait dans une liste québécoise? Quels en seraient les grands textes fondateurs (théoriques)?


Les principes du jeu meyerholdien


Ce petit schéma représente, en quelque sorte, le fonctionnement du jeu meyerholdien en une combinaison complexe entre le jeu (conscient) et le réflexe. Le but étant de développer le corps pour qu'il agisse, avec un contrôle libérateur, de façon claire, nette et précise tout en étant ouvert et à l'écoute pour répondre à tout stimuli... C'est le principe du jeu séquentiel, de la biomécanique.

Ce schéma a été tiré du numéro 17 de la collection Les voies de la création théâtrale portant sur Meyerhold (p.109). Suite à ce petit dessin, voici comment l'auteure (Béatrice Picon-Vallin) décrit, à partir de diverses sources, ce jeu:

En théorie, le jeu de l'acteur meyerholdien part de l'extérieur pour aller vers l'intérieur: il n'y a pas suppression de l'émotion, mais elle jaillira toujours à travers un état physique convenant à tel ou tel personnage dans une situation donnée. Celle-ci engendre un état d'excitabilité qui se colore ensuite de tel ou tel sentiment ou émotion. Prendre la position d'un homme affligé, dans la contraction musculaire qu'elle implique, n'incite pas à exprimer la joie mais crée au contraire un état physique dans lequel peut naître la tristesse. Enfin, chaque «chaînon», ou «élément de jeu», sera en 1922 idéalement décomposé, sur le modèle du réflexe, en trois mouvements nécessaires se succédant rapidement [nda.: c'est l'explication du schéma].

L'entraînement biomécanique fournit des modèles pour ce type de jeu. Il établit les principes d'une exécution analytique précise et rapide de diverses actions, donne une méthode de décomposition du mouvement en trois phases - intention, réalisation, réaction - qui prépare à l'organisation des éléments de jeu.


C'est là ce que je tente bien humblement de mettre en pratique...