mercredi 26 février 2014

«Le théâtre québécois est-il soluble dans le présent?» (Y. Jubinville)


J'en ai parlé beaucoup sur ce blogue. L'été dernier paraissait, dans la revue Spirale (le no. 245), un grand dossier fort intéressant: Horizon incertain du théâtre québécois. Parmi la dizaine d'articles (tous plus déprimants les uns que les autres), se trouve celui d'Yves Jubinville dont le titre coiffe ce billet.

En voici quelques lignes:

La cause est entendue. La culture contemporaine de laquelle participe le théâtre est irrémédiablement tournée vers le présent. Un présent qui serait lui-même intensifié (et rétréci) sous l'effet conjugué des médias de masse (déjà anciens!) et des médias sociaux où règne une logique de visibilité et d'événementialité. [...] Le fait est que le théâtre, dont il faut par ailleurs constater le déclassement relatif en termes de fréquentation et de prestige, est sans doute l'un des domaines où cette logique apparaît le plus en osmose avec le média lui-même. Le théâtre, de par son essence, se moule à l'environnement divertissant qui règle la cadence de la vie sociale.

[...] D'aucuns diraient même que pour être contemporaines les pratiques artistiques actuelles doivent impérativement se parer des attributs du spectacle vivant. En résulterait non pas l'hégémonie de l'art théâtral mais bien au contraire un effritement de son domaine spécifique. De nos jours, le théâtre serait présent partout et nulle part à la fois. D'une forme identifiable il serait devenu dispositif, pour emprunter un terme à la mode, ou ambiance, sujet à d'infinies modulations et métamorphoses. Pour le meilleur et pour le pire!

C'est là l'introduction de cet article (en page 63). 

Tout ce dossier spécial pose de nombreuses questions, pose de terribles constats. Le portrait qui est dressé ici n'a rien de réjouissant et ne dénote essentiellement qu'une chose: le cul-de-sac. Dire que le milieu théâtral québécois est en effervescence détournerait un peu de la réalité: le milieu théâtral est plutôt entrain d'imploser...

Maintenant que les problèmes sont identifiés de toute part, il faudra bien un jour s'y attaquer...