lundi 8 juin 2009

Le théâtre de la convention selon Théophile Gautier


[...] L'art ne peut exister sans convention; l'absence de convention amènera la ruine du théâtre. Il y a pour la scène des exigences d'optique que l'on méconnaît aujourd'hui; un drame ne doit pas être vrai, il faut qu'il y ait des parties sacrifiées, d'autres exagérées; le contour de chaque caractère doit être tracé d'une manière précise et sculpturale de façon à mettre les personnages en relief et à les faire se détacher nettement sur le fond lumineux ou sombre de l'action; le langage naturel du comédien est le vers: la prose fait disparate avec les arbres de carton peint, le rouge végétal, les sourcils tracés avec du bouchon brûlé, la rampe de quinquets fumeux, le clinquant du roi et les faux cheveux de l'ingénue; elle est trop vraie, et rompt cet ensemble d'harmonieuse fausseté; elle produit l'effet d'une maison réelle bâtie en pierres ou un arbre véritable transplanté d'un jardin produirait à ces côtés des châssis de tôle barbouillée qui forment les coulisses.
Histoire de l'art dramatique en France depuis 25 ans, 1837

Un jour, il faudra que je me penche sérieusement sur mon intérêt pour ces notions théâtrales du faux véritable, du code, de la convention... et de cet attrait irrésistible pour cette vie théâtrale, cette écriture scénique du XIXième siècle...