jeudi 1 décembre 2011

«On se casse les noisettes!» [Carnet de mise en scène]

Nous sommes entrés dans la phase intensive de répétitions. Les filages succèdent aux sketchs à faire qui eux mêmes s'intègrent dans des enchaînements parfois cahoteux, mais toujours très drôles. Le plaisir de la création en directe!

Je sors de ces heures de travail complètement brûlé... car il faut dire que je me lance tout entier sur la scène, dans les coulisses, écrivant répliques sur le tas et coordonnant la mise en place, les chorégraphies et le rythme de l'ensemble.

Toujours est-il que ça prend forme... comme en témoigne cette photo prise tout à l'heure, en début de travail...


Devant, on peut reconnaître Marilyne Renaud (qui en est à sa quatrième participation dans la production de Noël du 100 Masques), Marie-Noëlle Lapointe, Mélanie Potvin (qui revient après l'an dernier). Derrière, on retrouve Marc-André Perrier (qui était de la seconde édition) et Frédéric Jean.

Et n'ayez crainte, d'ici la première, j'aurai repassé tous ces costumes qui se ressentent encore d'avoir été tirés dans une boîte à la fin de l'an passé!

Enseigner le théâtre... selon Jean-Pierre Ronfard


Jean-Pierre Ronfard (décédé en 2003), est l'un des monuments du théâtre québécois. Son œuvre écrite et ses spectacles au TEM et au NTE ont chamboulé les codes et exploré tous les coins et recoins de l'art dramatique.

Impossible, pour quiconque souhaite aborder le théâtre d'ici, de passer à côté de sa gigantesque épopée historico-poético-ironique qu'est le cycle de Vie et mort du roi boiteux.

Mais Ronfard est aussi un pédagogue. Un pédagogue qu'il a dû être bon d'avoir... comme le témoigne cet extrait tiré du dossier qui lui est consacré dans L'Annuaire théâtral du printemps 2004 (le numéro 35):

Dans mon cours d'histoire du théâtre, ce qui m'intéressait, c'était de proposer l'histoire à rebours. Le premier jour, je demandais aux étudiants de répertorier ce qu'ils connaissaient comme théâtre, ce qu'ils avaient vu, ce qu'ils avaient lu. Puis de dire ce qui leur avait semblé le plus important. Or, lorsque l'on est devant une douzaine ou une quinzaine d'étudiants, on s'aperçoit qu'à eux tous, ils ont vu tous les type de théâtre que l'on peut voir au Québec. Si bien que c'était à partir de leurs références que l'on élaborait le programme, en «tirant sur les fils». Par exemple, s'il y en avait un qui avait vu West Side Story et Starmania, il s'agissait de tirer sur le fil de la comédie musicale, et nous arrivions au théâtre lyrique. En tirant sur ce seul fil, on finit par aboutir à Aristophane, en passant par les comédies-ballet de Molière et la différence entre Le mariage de Figaro de Beaumarchais et l'opéra que Mozart en a tiré. C'est donc les étudiants qui, au premier cours, me donnaient ces fils que nous allions tirer tout au long de l'année. Ce qui était intéressant avec cette démarche, c'est que les étudiants ne se trouvaient pas devant une matière qui leur était complètement inconnue, puisqu'ils découvraient par eux-mêmes qu'ils avaient en main les fils qui leur permettaient de remonter le cours de l'histoire du théâtre. Ce type de pédagogie, où l'on part, précisément, de ceux à qui l'on enseigne, de ce qu'ils savent, de ce qu'ils sont - et non de ce qu'ils devraient être - est, à mon avis, le plus intéressant. On se rend compte alors qu'un être humain, finalement, connaît toujours passablement de choses; mais il faut saisir comment ce savoir est organisé chez lui. C'est connu, mieux vaut une tête bien faite, qu'une tête bien pleine.

Il y en a qui l'ont, l'affaire...