jeudi 4 juin 2009

Que reste-t-il de nos amours?




Le théâtre est un des instruments les plus expressifs, les plus utiles à l'édification d'un pays, le baromètre qui enregistre sa grandeur ou son déclin. Un théâtre sensible et bien orienté à tous ses niveaux, de la tragédie au vaudeville, peut transformer en quelques années la sensibilité du peuple. Tandis qu'un théâtre dégradé, où le sabot fourchu remplace les ailes peut gâter et endormir une nation entière.

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Un peuple qui n'aide pas, qui ne favorise pas son théâtre est moribond, s'il n'est déjà mort; de même, le théâtre qui ne recueille pas la pulsation sociale, la pulsation historique, le drame de son peuple, et la couleur authentique de son paysage et de son esprit, ce théâtre-là n'a pas le droit de s'appeler théâtre, mais «salle de divertissement» local tout juste bon pour cette horrible chose qui s'appelle «tuer le temps».

Cet extrait manifeste qui fait réfléchir sur les enjeux théâtraux d'aujourd'hui - que ce soit à Saguenay, au Québec ou dans le monde... - fut écrit vers 1935 par Federico Garcia Lorca, poète et dramaturge espagnol.

Que dit notre théâtre de nous? Parle-t-il ou est-il muet? Une voix forte ou un chuchotement inaudible parce qu'inintéressant?

Quand est-il de notre art? Où se situe-t-il dans ce que d'aucuns nomment l'«écologie de la pratique»? Quel est son état de santé? Après le post-modernisme et tous les autres ismes, après l'ère technologique où font rage le cinéma et le virtuel, que reste-t-il du théâtre? Le théâtre n'est-il plus qu'un coup d'épée dans l'eau? Pas plus que les autres arts... et pourtant...