Voici ma définition du jeu scénique, de l'interprétation, telle que je le conçois.
Quand, dans le travail, je parle de jeu formel je ne veux surtout pas dire jeu raide ou jeu robotique, saccadé.
C'est plutôt formel dans le sens de mise en place de conventions, de codes. Formel dans le sens de penser les gestes et les mouvements comme une construction de motifs, de leitmotivs qui se déploient dans un rapport à l'espace le plus fluide possible et normalisé dans le sens où il y a, à travers toutes les directives qui ne manquent pas de s'accumuler, une certaine recherche de vérité: celle du comédien! Pas celle du personnage. Celle de l'exécutant.
Pas d'imitation. Pas de faire semblant.
JEU=TEXTE (PARTITION RYTHMIQUE)+CORPS (THÉÂTRAL ET SONORE)
Dans ce type de théâtre formel, le jeu part du texte et de lui s'échafaude un personnage, par un travail corporel et vocal proche de la danse (mise en mouvement selon un calcul de l'espace) et de la musique (mise en bouche, en son, en silence). Ainsi, le geste, le mouvement, la réaction, l'onomatopée... tout est matière à ponctuer le texte, à créer du rythme, du souffle.
D'où aussi l'extrême nécessité d'une bonne connaissance (voire d'une certaine maîtrise) du texte au début même des répétitions, d'une écoute et d'une concentration accrues du comédien sur scène qui doit alors ponctuer et son propre texte et celui du partenaire (et/ou de la situation dramatique en cours de réalisation).
C'est à travers ce jeu, ces échanges dynamiques, qu'émergera un personnage qu'il devra dès lors saisir et contrôler.
PERSONNAGE=TXT+CORPS MUSICIEN+CORPS DANSEUR