Le journal La Croix - le titre a lui seul (et les quelques articles rapidement survolés) laisse présager une publication plutôt conservatrice sur fond d'antisémitisme... - publie, le 9 février 1924, une chronique (ou est-ce une lettre ouverte?) d'un certain Jean Dollard, contre les crimes contre les moeurs perpétrés par les théâtres (bon, ici, une petite mise au point s'impose: dans les années 20-30, par théâtre, on doit comprendre tant les salles de spectacles que les cinémas), dont le maléfique Théâtre Gayety.
L'auteur (j'ai beau cherché, je ne retrouve pas sa trace ailleurs...) a l'indignation persistante. (Le maire de Montréal dont il est question serait, selon les dates, Médéric Martin.)
Le Gayety mérite qu'on s'y attarde un peu. C'est un endroit célèbre, dans le night life de Montréal, dans la première moitié du XXe siècle, par les spectacles qu'il donne. Après une époque tumultueuse de partage entre une vocation théâtrale et une entreprise cinématographique, sa scène se voit (de 1944 à 1951) magnifiée par une effeuilleuse qui passera à l'histoire: Lily St-Cyr (une petite histoire ici).
Mais ce n'est pas tout... parce qu'en 1953, le grand Jean Grimaldi, père des grandes tournées burlesques à travers le Québec, achète le lieu pour en faire le Radio City qui présentera du burlesque... avant que de n'être acheté, en 1956, par Gratien Gélinas qui en fera la Comédie Canadienne où seront créées de nombreuses pièces, spectacles (dont l'Ostid'show qui y sera repris en 1968) et où se produiront de nombreux artistes... avant que de ne devenir, en 1972, le toit permanent du Théâtre du Nouveau-Monde!
Il y en a, de l'histoire, entre ces murs!!