Si, comme le soutient Nathalie Heinich, la visibilité est liée au visage, le théâtre a perdu la bataille de la visibilité, au Québec comme ailleurs, au profit des médias de masse. Par les moyens de captation dont ils disposent, ces médias sont en effet bien équipés pour accorder aux visages une importance qu'ils ont rarement à la scène. Le plateau fait voir tout le corps et montre les interprètes en interaction, en train de dialoguer, pas seulement en train de minauder. Échanges verbaux d'abord, devenus aujourd'hui interartistiques et intermédiatiques mais dans une certaine mesure seulement. Difficile à capter, à médiatiser, à «humaniser» du point de vue audiovisuel, le théâtre ne fait plus le poids dans l'univers médiatique même si les médias sociaux ont laissé croire un moment que les communautés numériques allaient pouvoir lui être favorables par leur capacité de fédérer un certain nombre de fidèles autour d'une activité commune. L'illusion est bien vite passée, puisque comme tout média, les réseaux sociaux contribuent avant tout à leur propre promotion, que les médias traditionnels, de peur d'être dépassés, ne cessent de relayer, creusant ainsi leur propre tombe.
C'est là le premier paragraphe de l'article - dont le titre coiffe ce billet - d'Hervé Guay paru dans le (désespérant!) dossier Horizon incertain du théâtre québécois du dernier numéro (été 2013) de la revue Spirale. Il donne le ton au reste de l'article... au reste du dossier.
Le théâtre, au Québec (que d'aucuns ramènent aux seules capitale et métropole...), gémit dans un concert de récriminations duquel émergent quelques voix fortes (évidemment grand'centristes!) qui réclament une révision en profondeur du mode de fonctionnement, du mode de financement...
Le théâtre, au Québec, gronde.
Le théâtre, au Québec, craque.
Devant ce dossier qui réunit plusieurs personnes (Gilbert David, Yves Jubinville, Sylvain Bélanger, Raymond Cloutier, Jean-Frédéric Messier, Patrice et Frédéric Dubois, Brigitte Haentjens, Anne-Marie Olivier, Christian Lapointe et bien d'autres), le praticien en région éloignée sera définitivement partagé entre un profond découragement et une vertigineuse désillusion... et une envie de se battre et de joindre aussi ce mouvement de révolte...
Pour revenir à l'article de M. Guay...
Il termine en parlant des blogues: Au Québec, les blogues sur le théâtre n'ont guère pris la relève des hebdos culturels disparus. Dans le site Toutlemondeenblogue, on recence 64 blogues voués aux arts et à la culture. De ce nombre, aucun n'est consacré au théâtre. Deux voix font exception. L'une, Gaétan Charlebois, s'est recyclée après son départ du Mirror et du Hour, en fondant un blogue dont le mandat, très large, est annoncé dans son intitulé (The Charlebois Post-Canada. We are Canadian Theatre). L'autre est originale, Yves Rousseau par le truchement de son blogue (lequatrième.com) se présentant comme «Un point de vue indépendant sur le théâtre». En somme, les blogueurs ne se bousculent pas au portillon pour parler d'art dramatique [...].
Pour revenir à l'article de M. Guay...
Il termine en parlant des blogues: Au Québec, les blogues sur le théâtre n'ont guère pris la relève des hebdos culturels disparus. Dans le site Toutlemondeenblogue, on recence 64 blogues voués aux arts et à la culture. De ce nombre, aucun n'est consacré au théâtre. Deux voix font exception. L'une, Gaétan Charlebois, s'est recyclée après son départ du Mirror et du Hour, en fondant un blogue dont le mandat, très large, est annoncé dans son intitulé (The Charlebois Post-Canada. We are Canadian Theatre). L'autre est originale, Yves Rousseau par le truchement de son blogue (lequatrième.com) se présentant comme «Un point de vue indépendant sur le théâtre». En somme, les blogueurs ne se bousculent pas au portillon pour parler d'art dramatique [...].