jeudi 14 novembre 2013

De la voix de l'auteur à celle du metteur en scène...


L'auteur est tributaire du théâtre de son époque (le metteur en scène peut aussi aborder une oeuvre dramatique à travers ce contexte, mais c'est un cas particulier). Souvent, l'auteur connaît trop bien l'appareil scénique qui lui est contemporain et qui, pour nous, est vieilli et irrecevable; il alourdit par des détails ce qui aurait un impact beaucoup plus fort s'il s'était exprimé par des moyens minimaux [...]. Le metteur en scène, qui établit le squelette de l'oeuvre dramatique, sa construction et son tempo, donne un visage unique à l'ensemble du spectacle, en relation avec la façon dont il comprend l'oeuvre dramatique donnée. C'est pourquoi le travail du metteur en scène est très individuel, et il n'y a pas deux metteurs en scène, même de la même école, qui monteraient d'une façon absolument identique une oeuvre dramatique. 

L'auteur, dans ses didascalies, voit un théâtre idéal à ses yeux, tandis que le metteur en scène dissèque

C'est là une vision toute meyerholdienne de l'apport de chacun de ces deux premiers créateurs que sont l'auteur et le metteur en scène. Une vision que j'aime bien (bon... j'ai quand même un fort parti pris pour ce metteur en scène russe... en font preuve les différents billets réunis ici qui forment, en quelques sortes, les fondements de ma pratique scénique). Une vision qui vaut d'autant plus quand il s'agit de textes de répertoire venus d'époques antérieures...

Je suis assez partisan de cette liberté accordée au metteur en scène qui ne se voit pas soumis à cette fameuse «voix de l'auteur». Cette insoumission ne doit pas être perçue comme un manque de respect face au texte mais bien comme une façon de l'aborder sans être encombré par des considérations scéniques qui ont mal vieillies.