© Collections Comédie-Française
Molière et les caractères de ses comédies
par Edmond Geffroy, sociétaire de la Comédie-Française
Huile sur toile 158 x 170 cm. En bas à gauche, Molière, «le contemplateur»
Molière et les caractères de ses comédies
par Edmond Geffroy, sociétaire de la Comédie-Française
Huile sur toile 158 x 170 cm. En bas à gauche, Molière, «le contemplateur»
Il est des moments, comme ça, où j'aimerais définitivement faire partie d'une troupe de théâtre, d'un ensemble solide et créatif.
La troupe est un rassemblement de personnes avec un même idéal théâtral, un idéal commun sur une longue durée. C'est un investissement artistique à long terme. Elle est une cellule homogène et unie, un cercle relativement fermé (sans toutefois être imperméable) qui permet un véritable travail d'approfondissement, de questionnement collectif pour faire avancer une démarche comprise et partagée par tous: chacun de ses membres est impliqué dans chacune des productions qui se font, pratiquement, en parfaite autarcie, du moins, en général. Ici au Saguenay, outre les collectifs comme la Tortue Noire ou la Chasse Pinte, il n'y a qu'une seule et unique troupe: le Théâtre du Faux Coffre... Les plus grandes maisons théâtrales du monde fonctionnent sous ce principe: la Schaubhüne de Berlin, le Berliner Ensemble, la Comédie-Française, le Théâtre du Soleil, etc.
Puis il y a les compagnies, forme sous laquelle fonctionne généralement le milieu saguenéen (les Têtes Heureuses, la Rubrique, le C.R.I., les 100 Masques, les Amis de Chiffon). Ce sont des organismes composés presque exclusivement d'une direction plus ou moins importante qui prend en charge les programmations et les équipes de production qui, du coup, sont marquées du sceau de l'éphémère et du ponctuel. Les comédiens et concepteurs deviennent, en quelques sortes, des mercenaires, des sous-contractants: la rigueur et l'implication est une question de contrats et d'horaires. Le travail de longue haleine, bien que pas nécessairement impossible, est plus difficile à planifier dans cette structure artificielle. La symbiose entre les membres de chaque équipe devient alors une coïncidence heureuse.
La troupe est un milieu social, un milieu de vie alors que la compagnie demeure un projet temporaire, un travail. Bon, il est vrai que rien n'est parfait en ce monde. Et que l'herbe est toujours plus verte chez le voisin (quoique cette année, avec toute cette pluie, la verdure à bien verdit partout...). N'empêche que parfois, l'idée de faire partie d'une communauté comblerait un vide qui ne cesse de s'étendre...