lundi 6 avril 2020

Quand Réjane débarque...

Les grandes tournées du XIXe et du XXe siècle, qu'elles soient américaines ou - comme celle en question ici - européennes, ont certes bousculé la façon de faire et de voir le théâtre sur un territoire où l'art dramatique peinait à s'implanter durablement. Mais surtout, elles ont, aux dires de plusieurs gardiens de la vertu (ecclésiastes, journalistes, cercles de tout genre, etc.), altéré la moralité du bon peuple canadien-français.

Donc voici que s'annonce, en 1904-1905, une tournée de la grande Réjane (elle aussi, contemporaine de Sarah Bernhardt). On dit d'elle (ici) qu'elle est la souveraine incontestée du genre comique et brillant, mais aussi fine interprète dramatique. Les spectateurs admirent en Sarah Bernhardt un idéal grandiloquent, tandis que Réjane les réconcilie avec la réalité, sublimée par un jeu théâtral qui garde le charme du naturel. Interprète aussi pétillante que sensible, Réjane est la reine incontestée du Boulevard.



De partout, on veille... comme en fait foi cette publication du journal La Croix, 14 janvier 1905:


Je suis donc remonté pour trouver, dans La Presse de ce début janvier, ces annonces cochonnes qui ont tant déplu. Mais je n'ai pas grand chose (d'autant que, comme toujours, la seule édition qui manque est celle du 6 janvier 1905... qui devrait être l'édition maudite si je me fie à  la date de la missive) sinon cette minuscule réclame du 4 janvier qui donne le programme - et c'est probablement là le noeud de l'affaire - du His Majesty's, une des grandes salles de l'époque.