samedi 2 octobre 2010

Équation du jeu théâtral


Peut-être suis-je encore plus cartésien que je ne le croyais.

D'emblée, je l'avoue. Pour bien comprendre une théorie, bien saisir les enjeux d'un dossier ou d'un sujet, bien assimilier de nouvelles connaissances, j'ai besoin de schémas, de plans visuels, d'images mathématiques.

Par exemple, dans ma recherche à la maîtrise (à partir des théories meyerholdiennes), j'avais, d'une part, synthétisé les qualités de la présence de l'acteur ainsi: PRÉSENCE = PRÉSICION (RIGUEUR)+CONCENTRATION(ÉCOUTE).

D'autre part, j'avais résumé (peut-être encore un peu simplement... quoique je maintiens encore la ligne) la pensée meyerholdienne de la sorte: «Il reviendrait, globalement, à concevoir le texte comme matériau malléable générateur de théâtralité; le corps et l'acteur comme émetteurs et principaux porteurs/exécuteurs de celle-ci; la scène comme support démonstrateur.»

Dans la même lignée, je pourrai désormais y adjoindre cet extrait de Meyerhold: L'art de l'acteur est fondé sur l'organisation de son matériau, et l'acteur doit savoir utiliser correctement les moyens expressifs de son corps. En lui s'effectue la synthèse de l'organisateur et l'organisé, en d'autres termes de l'artiste et de son matériau. La formule de l'acteur aura l'expression suivante: N = A1 + A2. N est l'acteur, A1 est le constructeur, qui conçoit et donne des ordres en vue de la réalisation du projet, A2 est le corps de l'acteur, l'interprète qui réalise la consigne du constructeur (A1).

Plus je plonge dans la recherche et plus le théâtre devient un champ graphique avec des éléments quantifiables et qualitatifs. Danger?

Petites histoires avec une mère et une fille dedans


Dans le cadre du Salon du Livre, hier midi, se tenait une table ronde réunissant l'auteure (maintenant de théâtre!) Marie-Christine Bernard et les artisanes du Théâtre C.R.I. pour discuter de leur prochaine production commune, Petites histoires avec une mère et une fille dedans.

Comme je n'étais pas là, je me rabats sur l'article paru ce matin dans Le Quotidien, sous la plume de Jimmy Tremblay:

Avant-goût d'une pièce collective

JONQUIÈRE - Le centre de recherches en interprétation (CRI) a profité de la tenue du Salon du livre du Saguenay-Lac-Saint-Jean pour présenter sa nouvelle création, Petites histoires avec une mère et une fille dedans. Une pièce collective de par sa création qui sera présentée du 3 au 21 novembre prochain, au Centre culturel du Mont-Jacob.
Plusieurs personnes se sont présentées à cette table ronde afin de découvrir la nouvelle création du CRI. Afin d'imprégner le public de l'esprit de la pièce, la directrice du théâtre, Guylaine Rivard et la comédienne Marilyne Renaud ont récité la cinquième scène. Elle dépeint les relations difficiles et lourdes entretenues entre une mère et sa fille.
La nouvelle création est le fruit d'heureuses rencontres. Guylaine Rivard a eu «le coup de foudre» pour la metteure en scène Émilie Gilbert-Gagnon alors que cette dernière complétait sa maîtrise. «Émilie correspond à la définition de la création au CRI.»
L'esprit créatif de la jeune femme a donné envie à madame Rivard de travailler comme actrice. L'idée de traiter de la relation mère-fille est vite apparue comme un incontournable pour Émilie Gilbert-Gagnon. «Marilyne (Renaud) et Guylaine se ressemblent beaucoup physiquement. Ça semblait aller de soi.»

Touche almatoise
Il ne manquait plus qu'un texte à mettre en scène. Le nom de l'auteure almatoise Marie-Christine Bernard s'est rapidement imposé. Les romans de l'écrivaine ont séduit Guylaine Rivard.
Les idées nées dans l'esprit de Guylaine Rivard et de Marilyne Renaud ont servi de bases dans le processus d'écriture.
«J'ai eu l'idée de m'inspirer du mythe fondateur de Demeter et Perséphone, relate-t-elle. J'ai beaucoup interrogé mes proches afin de connaître leur relation mère-fille.»
L''écrivaine explique que l'écriture de cette pièce a été un processus différent de ce qu'elle connaissait. «Quand on écrit, c'est comme Dieu. On décide de tout ce qui se passe, de tout ce qui se dit. Au théâtre, on est plusieurs dieux.»
C'est que le texte, comme c'est souvent le cas au théâtre, a connu plusieurs remaniements. Madame Bernard a grandement consulté les comédiens et metteure en scène afin d'affiner son texte. Un geste d'humilité de sa part, qui démontre une grande ouverture. Ouverture qui a plu à la jeune comédienne, Marilyne Renaud.
«C'est une chance d'avoir une auteure aussi ouverte aux modifications, ça permet d'y mettre son grain de sel», explique-t-elle.
«Je voulais que les acteurs s'approprient le texte, c'était très important pour moi. Je leur ai laissé une grande liberté dans mon texte, afin de le rendre plus accessible pour eux», relate l'écrivaine.
Ne manquait plus qu'un concepteur de scénographie. C'est sur les épaules de Boran Richard que repose cette délicate tâche. Ce dernier est photographe pour l'hebdomadaire Voir. La metteure en scène de la pièce, Émilie Gilbert-Gagnon, a trouvé en lui un partenaire créatif qui partage la même vision qu'elle. «J'écoute le désir d'Émilie, mais nos imaginaires se rejoignent beaucoup sur l'aspect de l'émerveillement. Je dois prendre les côtés crus de la pièce pour les rendre plus attirants.»

Place au public
Le public sera très sollicité dans cette nouvelle pièce. Madame Gilbert-Gagnon souligne qu'ils «voulaient garder la pièce ouverte, pour que les visiteurs puissent se faire leur propre image de l'endroit où se situent les scènes.»
Ainsi, le spectateur peut y ajouter sa propre interprétation, en fonction de ses expériences personnelles. Malgré son thème, Guylaine Rivard persiste et signe. «C'est un sujet universel, ce n'est pas seulement pour les femmes. Ça rejoint autant les hommes que les femmes.»
Les billets sont en pré-vente jusqu'au 26 octobre, au coût de 15$. Pour plus d'information, on peut appeler au théâtre CRI, au 542-1129.