Soir d'Halloween... enfin presque (c'était hier soir, dans mon cas). Presque minuit au moment du départ. 23h20 pour être plus précis. Nous étions dans la voiture depuis déjà un bout, à écouter une radio complice, jeter les bases d'un parcours à venir pendant que tout autour s'activaient de nombreuses personnes, des ombres et des marionnettes. Une contextualisation à grand déploiement qui laisse présumer un colossal travail de mise en scène et de coordination.
Puis quelques coups toqués à la fenêtre nous intime l'ordre de sortir et de commencer: un moine nous attend... Ils seront plusieurs tout au long du chemin, guidant le spectateur toujours sans un mot, dans une atmosphère lourde de mystère. Ils se feront passeurs entre les mondes et les personnages fantastiques, tant réels que marionnettiques.
Et les univers se succèderont dans tout autant de conceptions esthétiques, toutes plus magnifiques les unes que les autres. Ils dématérialisent littéralement le Centre culturel du mont Jacob, recréent un labyrinthe déboussolant où il est impossible de rebrousser chemin. Chaque détour, chaque porte, chaque corridor, chaque escalier devient source d'attente, de curiosité. Le potentiel événementiel s'accroît à chaque pas alors que la trame narrative laisse, finalement, toute la place à la magie visuelle qui opère.
Parmi mes coups de coeur il y a ce joueur d'orgue troublant, ce scientifique obnubilé par sa connaissance, cette concierge furtive, ce Gorla et sa maîtresse... et tant d'autres tableaux! Avec des incarnations intenses et hypnotisantes, avec des manipulations sensibles... avec du théâtre qui sait, encore une fois, se faire spectaculaire!
Mais au sortir de ce déambulatoire à sensations, l'angoisse change de forme alors que pointe une empathique pensée pour tous les artistes et artisans de cet événement qui de leur zone sinistrée fictionnelle passeront sous peu dans l'inquiétante zone rouge bien réelle...