samedi 31 octobre 2020

Dans le bestiaire obscur des anciens géants

 


Soir d'Halloween... enfin presque (c'était hier soir, dans mon cas). Presque minuit au moment du départ. 23h20 pour être plus précis. Nous étions dans la voiture depuis déjà un bout, à écouter une radio complice, jeter les bases d'un parcours à venir pendant que tout autour s'activaient de nombreuses personnes, des ombres et des marionnettes. Une contextualisation à grand déploiement qui laisse présumer un colossal travail de mise en scène et de coordination.

Puis quelques coups toqués à la fenêtre nous intime l'ordre de sortir et de commencer: un moine nous attend... Ils seront plusieurs tout au long du chemin, guidant le spectateur toujours sans un mot, dans une atmosphère lourde de mystère. Ils se feront passeurs entre les mondes et les personnages fantastiques, tant réels que marionnettiques. 

Et les univers se succèderont dans tout autant de conceptions esthétiques, toutes plus magnifiques les unes que les autres. Ils dématérialisent littéralement le Centre culturel du mont Jacob, recréent un labyrinthe  déboussolant où il est impossible de rebrousser chemin. Chaque détour, chaque porte, chaque corridor, chaque escalier devient source d'attente, de curiosité. Le potentiel événementiel s'accroît à chaque pas alors que la trame narrative laisse, finalement, toute la place à la magie visuelle qui opère.

Parmi mes coups de coeur il y a ce joueur d'orgue troublant, ce scientifique obnubilé par sa connaissance, cette concierge furtive, ce Gorla et sa maîtresse... et tant d'autres tableaux! Avec des incarnations intenses et hypnotisantes, avec des manipulations sensibles... avec du théâtre qui sait, encore une fois, se faire spectaculaire!

Mais au sortir de ce déambulatoire à sensations, l'angoisse change de forme alors que pointe une empathique pensée pour tous les artistes et artisans de cet événement qui de leur zone sinistrée fictionnelle passeront sous peu dans l'inquiétante zone rouge bien réelle...

dimanche 25 octobre 2020

Au théâtre, cette semaine! [Du 25 au 31 octobre 2020]

Cette semaine - aujourd'hui, pour être plus précis - j'entame, avec le Théâtre 100 Masques, les répétitions pour la treizième création de Noël! Alors que mon équipe plongera dans l'univers des Fêtes, d'autres s'activeront sur d'autres projets! 

Voici donc ce qui est au calendrier (encore une fois, il se peut que des événements, des rencontres, des prestations, des conférences me passent sous le nez, en quel cas on pourra ajouter les informations dans la section commentaire plus bas):

HAVRE
MERCREDI 28 OCTOBRE, 19H30
SALLE LIONEL-VILLENEUVE, ROBERVAL


Le Théâtre Mic Mac donne sa seconde lecture publique de la saison... Il y en aura quatre en tout. Ces activités permettent d'une part aux membres de la troupe de faire du théâtre, de jouer, de concevoir, de mettre en scène... et d'autre part, de découvrir de nombreux textes qui ont fait partie de leur comité de lecture. Une fort belle initiative! (Les informations se retrouvent sur l'image.)

LE BESTIAIRE OBSCUR DES ANCIENS GÉANTS
VENDREDI ET SAMEDI, 30 ET 31 OCTOBRE 2020, 21H
CENTRE CULTUREL DU MONT-JACOB, JONQUIÈRE
COMPLET!


Le Théâtre La Rubrique et le FIAMS convient la population a un parcour immersif, à l'intérieur des murs du Centre Culturel. Une centaine de participants! Des marionnettes géantes! Une mise en scène de Dany Lefrançois! Ça promet! Mais pour ça, il aura fallu réservé plus tôt car c'est maintenant complet! 

samedi 24 octobre 2020

Le péril moral du théâtre... eh oui, encore!

Dans la littérature journalistique des dix-neuvième et vingtième siècles qui pourfend le théâtre,  il est généralement question de ce théâtre malsain - épithète accolé par ailleur à tant d'autres choses! - venu de France. Le journal (ultramontain) La Vérité du 30 novembre 1907 y va d'une thèse un peu différente en intégrant un autre péril: le théâtre américain! 



Il est à noter que l'auteur en question est le fondateur même de ce journal qui m'a fourni, jusqu'à présent, beaucoup de matériel pour ce blogue! 

mercredi 21 octobre 2020

Du rapport aux textes...


Une oeuvre dramatique, même celle d'un génie comme Shakespeare, n'est pas encore une oeuvre théâtrale.

Elle le devient seulement au moment où elle est transfigurée ou, si vous voulez, «défigurée» [...] par la création du théâtre.

Le théâtre n'est pas seulement un art qui interprète ou qui paraphrase. Non. Le théâtre est un art souverain, un art premier, portant une valeur en soi. Sa mission n'est pas d'interpréter ou de concrétiser le dessein du dramaturge sur la scène; il prend le texte dramatique comme matériau et avec lui crée une oeuvre d'art théâtral, nouvelle et indépendante.

C'est pourquoi le théâtre est absolument libre dans son approche d'un auteur et de son oeuvre; si cette approche en soi, par rapport au théâtre, art vivant, n'est pas sans talent, le théâtre a absolument raison. 

C'est là le point de vue exprimé d'Alexandre Taïrov, metteur en scène russe de la première moitié du vingtième siècle. L'idée est partagée, à l'époque, par plusieurs... dont Meyerhold (mon maître à penser) qui ira d'expériences radicales de coupures, collages et réécritures.

Bien sûr, cela soulève d'emblée la question des droits de l'auteur (de l'auteur vivant ou de sa succession courante), de la propriété intellectuelle. 

Pourtant j'aime bien cette idée du texte comme matériau. Du théâtre comme art de création à partir de celui-ci et non pas juste de concrétisation. Je suis plutôt partisan, dans ma pratique (à partir des textes anciens), de cette option: chercher la voix du théâtre avant celle de l'auteur.



dimanche 18 octobre 2020

Au théâtre, cette semaine! [Du 18 au 24 octobre 2020]

 Je reprends après une première publication où il n'y avait rien d'annoncé! Comme quoi je ne peux pas tout savoir! 


Café Royal
Vendredi et samedi, 23 et 24 octobre 2020
Salle Lionel-Villeneuve (Roberval), 19h 


Dans le cadre des Journées de la Culture, Étienne Genest donnera deux nouvelles représentations de son projet de fin bacc, Café Royal, présenté en février dernier. Il s'agit d'un théâtre-documentaire touchant et efficace sur sa famille, dont j'avais brièvement parlé ici. Si vous ne l'avez pas vu, faites le détour! Les informations nécessaires se retrouvent sur l'événement Facebook.

_________________________________


Voici mes principales sources de consultations pour établir le calendrier:
  • sites web des compagnies d'ici: Théâtre Mic Mac, Théâtre des Amis de Chiffon, Théâtre La Rubrique, Théâtre CRI, Théâtre 100 Masques, Théâtre du Faux Coffre, Théâtre À Bout Portant, Théâtre de la Tortue Noire, Théâtre du Mortier;
  • sites web et des programmations des diffuseurs: Diffusion Saguenay, Côté-Cour, Théâtre La Rubrique, Ville d'Alma Spectacles, Ville de Roberval, Vieux Couvent de Saint-Prime, Comité des spectacles de Dolbeau-Mistassini;
  • informations des cégeps et de l'UQAC;
  • réseaux sociaux;
  • Vitrine culturelle du Saguenay.
Si vous avez des projets, des annonces (théâtrales) à faire, vous pouvez me les envoyer à mon adresse courriel personnelle ou par Messenger!

vendredi 16 octobre 2020

L'économie du théâtre

Souvent, sur ce blogue, je reviens avec des billets sur les embûches qui se sont élevées devant le théâtre et je reviens très souvent aussi avec des personnages dont la verve n'existe que pour conspuer cet art. La fin du dix-neuvième et le début du vingtième siècle en regorgent! 

Pourtant, certains le défendront, ce théâtre. Comme Etienne Henriot, dans l'Annuaire théâtral (p.26) publié en 1908 et qui y attaque sous un angle inattendu: l'économie! 

Les bienfaits du théâtre sont nombreux! 


jeudi 15 octobre 2020

Pour un petit bec...

 Quand on se scandalisait pour si peu... La Revue du théâtre, du 2 février 1929:



mercredi 14 octobre 2020

Quand les comédiens sont interdits de sacrements

Le théâtre, en Neuve-France, fut frappé, en 1694, suite à l'affaire Tartuffe, d'un interdit par le très strict et austère Jean-Baptiste de La Croix de Chevrière de Saint-Vallier... plus communément connu comme étant Monseigneur St-Vallier, évêque de Québec de 1688 à 1727. (Vous trouverez ici une courte biographie du personnage.)


Allant toujours un peu plus loin dans le zèle contre le théâtre, il fit publié, en 1703, le Rituel du diocèse de Québec dans le lequel il y a cet article V où il dresse la liste des pécheurs publics à qui doivent être refuser les sacrements... dont bien sûr les comédiens et les farceurs:


Avec ce Pasteur aux commandes spirituelles de la colonie, inutile de dire que le terreau artistique n'était pas particulièrement fertile...

Voici, en terminant, deux références complémentaires à ce billet, soit le Rituel du diocèse de Québec à proprement parler, sur le site de BaNQ et un bon article, sur l'ouvrage, publié dans la Revue de BaNQ en 2011

mardi 13 octobre 2020

Le théâtre de la réalité en Nouvelle-France



Pendant longtemps nos ancêtres ont trop vécu les dures réalités, 
presque quotidienne, 
de la tragédie et du drame 
pour avoir l'inclination d'en écrire en faveur des générations futures.
Père Georges-Henri d'Auteuil


C'est un euphémisme de dire que le théâtre a eu de la difficulté à s'implanter en Nouvelle-France. Plusieurs raisons expliquent la chose: manque d'effectif, manque de temps, manque de ressources, manque de tout, situation de la colonie, opposition du clergé.

Mais voici une explication plus poétique (et plus en phase avec l'écriture légèrement pompeuse du XIXe siècle que j'aime tant) de Pascal Poirier... auteur dont il était question hier:

Le drame qui se déroulait alors dans le pays n'avait pas besoin du secours de la fiction pour être grand. Les décors en avaient été préparés par la grande nature. C'était, à droite, les monts Alleghanys, et à gauche, l'orgueilleuse chaîne des Laurentides; avec les grands lacs, pour perspectives, au second plan; et, en face du public européen, l'Acadie, cinq fois incendiée, éclairant la rampe de ses feux couleur de sang. La scène, avec des changements à vue dans le genre de ceux qu'on voit dans Macbeth, s'étendait en longueur depuis Détroit jusqu'à Saint-Jean de Terre-Neuve, et en largeur de la baie d'Hudson à l'Île Manhatte. Quant aux acteurs, c'étaient nos pères, tenant tous un rôle, tous, depuis l'enfant jusqu'au vieillard, et jouant ce drame dont le dénouement, plus sombrement religieux que ceux des trilogies d'Eschyle, était la conservation du Canada à la France catholique, ou son abandon à l'Angleterre protestante. 

Un point de vue qui se tient... ou qui, à tout le moins, fait joliement image! 

lundi 12 octobre 2020

Prétention canadienne-française

Les Relations des Jésuites (que je n'ai pas encore lues... mais un jour!) rapportent que le Cid de Corneille fut joué au Magasin des Cent-Associés, le 31 décembre 1646, dix ans seulement donc après sa création. Cinq ans plus tard, on offrait Héraclius du même auteur pui, l'année suivante, le Cid à nouveau (réf: Le Théâtre québécois, instrument de contestation sociale et politique, de Jacques Cotnam, 1976). 

C'est sur ces faits historiques que l'écrivain Pascal Poirier (biographie ici) se permet alors, en mai 1886, le commentaire suivant (tiré de l'article Le théâtre au Canada, publié dans Nouvelles soirées canadiennes):

Constatons, en passant, qu'il est peu de pays au monde où le théâtre ait débuté par une pièce de valeur du grand chef-d'oeuvre de Corneille. Pourvu qu'elle se maintienne à cette hauteur, la scène canadienne va devenir la première de l'univers. Moins heureux que nous, les Grecs n'eurent pour premières que d'informes chansons où le dialogue, puis un troisième, puis un quatrième interlocuteurs finirent par s'introduire; et les Romains, encore moins favorisés, ne réussirent jamais à avoir de théâtre tragique à eux. Chez nos ancêtres franco-gaulois, la scène ne consistait, pendant des siècles, qu'en de grossières représentations appelés Mystères, Moralités ou Farces, faites à la brasse et jouées à la semaine, c'est-à-dire qu'une seule pièce durait deux ou trois jours. Ces pièces étaient à peu près aussi longues et devaient être aussi divertissantes qu'une discussion parlementaire sur les affaire du Nord-Ouest au 19e siècle.  

Peut-être est-ce un peu sévère... tant pour l'Antiquité que pour le Moyen-Âge! 

dimanche 11 octobre 2020

Au théâtre, cette semaine! [Du 11 au 18 octobre 2020]

Petite semaine, au point de vue théâtral... Selon mon calendrier (qui n'est pas nécessairement exhaustif... en quel cas vous pouvez ajouter des trucs dans les commentaires!), il n'y a, en fait, qu'un seul événement, et c'est aujourd'hui même:

LE CABARET DES GUEUX
Dimanche 11 octobre, Salle Pierrette-Gaudreault (Jonq.), 17h - Billets


Pour marquer la fin de son édition 2020 (qui n'aura jamais eu lieu!), le Festival de Musiques de création avait mandaté le Théâtre CRI de concevoir un cabaret à partir des créations musicales de sa grande production de 2019: L'Opéra des Gueux. Et si le FMC a annulé la plupart de ses activités, il a néanmoins gardé celle-ci, composée à 100% d'artistes locaux. Pour ceux qui avez aimé cette folie, ces textes, cette irrévérence, c'est à ne pas manquer! Ce sera vif, entraînant, amusant! 

samedi 10 octobre 2020

Arguments pour un théâtre....

L'un des bouquins intéressants sur le théâtre est celui d'Howard Barker, Arguments pour un théâtre, publié en 2006 aux Solitaires intempestifs.  Des thèses radicales. Une vision tranchée. Des positions nettes sur le théâtre occidental d'aujourd'hui. 

Pas de compromis. Pas de détours. 

Barker est l'un des chefs de file de ce qu'on  a appelé le théâtre de la catastrophe, au tournant du vingtième siècle.



dimanche 4 octobre 2020

La fin de «Dix Huis-Clos et +»

 


C'est maintenant terminé.

Après neuf représentations le projet Dix Huis-Clos et + est arrivé à son terme, hier soir. Un véritable projet d'envergure - avec ses quelques neuf cent prestations de trois minutes chacune - qui s'est inscrit dans la promiscuité du Côté-Cour, dans le labyrinthe du Centre des arts et de la Culture et dans l'immensité du Théâtre du Palais Municipal. Trois lieux de culture qui se sont vus investir  à fond par les différentes équipes pour proposer des déambulatoires intrigants, stimulants.

En ces temps incertains, il fut définitivement bon de retrouver des collègues pendant ces soirées et de participer à cet événement qui réunissait une vingtaine d'entre nous. Il fut bon de retrouver cette camaraderie, cette entraide, ce support collectif. Il fut bon de retrouver la fébrilité du spectacle et l'attente du public. 

Et le théâtre s'est déployé. Dans ses multiples formes. Représentant bien les différentes façon de l'aborder au Saguenay. De la comédie. De la poésie. Du texte. Du corps. De la danse. De l'objet. De la manipulation. Du jeu. Et surtout, du plaisir. Contagieux... dans le bon sens du terme!

Acouphène du Théâtre de Mortier
La Confession Margot du Théâtre 100 Masques
Pour la vie du Théâtre À Bout Portant
Mussorgsky: scènes fantastiques de IOC - Interdisciplinary Opera Creations
Matilda de Marilyne Renaud
Poopoopidou! de Josée Gagnon
Poésie brève d'après les 3 âges de la femme et la mort d'Hans Baldung de La Tortue Noire
la bOmbe de Bruno Paradis
Danse pour moi de Triangle
Petites formes dévoilées du Théâtre CRI

Au théâtre, cette semaine! [Du 4 au 10 octobre 2020]

Le contexte sanitaire - pandémie oblige - continue de bulldozer nos activités et de briser l'élan des dernières semaines. 

Voici quand même ce qui est prévu au calendrier:

PROJET BECKETT
MERCREDI 7 OCTOBRE 2020, 19H30
SALLE PIERRETTE-GAUDREAULT (JONQ.) - Billets


Le Théâtre La Rubrique présente le Projet Beckett, une production de Tenon Mortaise qui revisite, en marionnettes, la fantastique pièce Fin de partie de Samuel Beckett, qui se déroule dans un monde post-apocalyptique.

TA MAISON BRÛLE
MERCREDI ET JEUDI, 7 ET 8 OCTOBRE 2020, 19H30
SALLE LIONEL-VILLENEUVE (ROBERVAL)


C'est la première lecture publique de la saison du Théâtre Mic Mac qui propose, chaque année, trois ou quatre pièces dans ce contexte. Une bonne occasion de découvrir la dramaturgie québécoise.


jeudi 1 octobre 2020

Madame Audet

À une époque pas si lointaine (dans la première moitié du XXe siècle), il n'y avait pas d'écoles de théâtre au Québec à proprement parler. Alors ceux qui souhaitaient monter sur les planches prenaient des cours privés auprès de professeurs privés. Parmi les grands noms de ces formateurs, il y avait Yvonne Duckett... plus connu sous le nom de son époux, Madame Jean-Louis Audet!

Publicité du Radiomonde, 6 septembre 1952

Pionnière. Archi-connue à Montréal. Spécialisée dans la diction. Elle a, par ses actions et ses ambitions (bien décrites dans dans la biographie Plus fort! - L'histoire de Mme Audet parue en 2018 ou dans cet article de la revue Jeu datant de 2007), marqué profondément le paysage culturel duquel émergerait un milieu théâtral fort.

La liste des élèves aujourd'hui connus qui ont été modelés par cette dame  est vertigineuse: André Brassard, Yvette Brind'Amour, Denise Bombardier, Andrée Boucher, Geneviève Bujold, Andrée Champagne, Robert Charlebois, Jean-Pierre Coallier, Yves Corbeil,  Gabriel Gascon, Gratien Gélinas, Gaétan Labrèche, Dominique Michel, Albert Millaire, Monique Miller, Gilles Pelletier, Béatrice Picard, Jean-Louis Roux...