mardi 31 mai 2011

L'Affaire de la rue Lourcine [Carnet de mise en scène]


La bonne gestion scénique des objets et des accessoires de cette production est primordiale. Ils sont nombreux... et malgré leur nombre, aucun ne doit être fortuit. Il faut, en quelque sorte, que chacun devienne le prolongement du comédien. Il revient à ce dernier de les mettre en valeur.

Voici, en ce sens, une partie de la description de l'objet de Anne Ubersfled dans Les termes clés de l'analyse du théâtre:

La fonction esthétique de l'objet est double: a) l'objet figure matériellement sur scène et fait partie de tableaux dans lesquels il a par sa forme et sa couleur une valeur; b) en tant que lexème il est un élément du texte. Et en tant que tel, il peut être une figure de rhétorique, métaphore, symbole... Il est doublement élément d'une poétique de la représentation. Mais parfois sa complexité est assez grande pour qu'on l'analyse comme un texte organisé.

Si la caractéristique de l'objet est d'être manipulable, il a donc des rapports essentiels avec les acteurs: les objets peuvent être liés à un personnage (éléments de costume ou d'activité ou de goût), ou au contraire être la cause ou l'occasion de rapports entre les comédiens; enfin ils peuvent être, et sont le plus souvent, à l'origine de jeux: la fonction ludique de l'objet est fondamentale au théâtre.

Bouger avec Meyerhold

Détail d'un portrait de Meyerhold peint par Boris Grigoriev en 1916...
portrait qui illustre, par ailleurs, la couverture de la biographie du Maître écrite par Gérard Abensour.


Ce qui pourrait n'être qu'un titre d'émission de conditionnement physique sur un canal communautaire renvoie plutôt à la philosophie du jeu, du geste et du mouvement chez l'acteur meyerholdien, tout coloré de biomécanique et de conventions conscientes.

La description est de Béatrice Piccon-Vallin - spécialiste meyerholdienne s'il en est une! - dans l'un des tomes de la collection Les voies de la création théâtrale (une collection plus qu'excellente) consacré à Vsevolod Emilievitch Meyerhold, en page 54.

L'essentiel de son jeu [ndr: en parlant de l'acteur] passe par le travail du corps, mais ce n'est pas un corps naturel, le corps utilitaire ou instinctif de la vie, c'est d'abord un corps libre et inventif qui défie les lois du quotidien, multiplie les prouesses [...]. Le corps-défi et le corps qui pose, «le geste inventé qui ne convient qu'au théâtre», l'exclamation joyeuse et la «diction théâtrale artificielle» qu'il crée à partir d'un registre de «mille intonations différentes». Le terme décoratif qu'emploie Meyerhold peut se comprendre à trois niveaux. Décoratif parce que graphique: l'acteur connaît la force du dessin de son corps dans l'espace. Décoratif parce qu'artificiel, modelé, poli par l'habileté humaine et non par la nature: corps artificiel opposé à l'«homme vivant». Décoratif enfin, comme projet artistique d'ensemble auquel le moindre mouvement doit participer [...].

C'est, à quelques mots près, ce que j'essaie d'appliquer dans mon travail avec les acteurs... sans encore pourtant avoir atteint des résultats probants. Maîtriser avant d'aller plus loin ou ailleurs... tel est mon mot d'ordre.

lundi 30 mai 2011

L'Affaire de la rue Lourcine [Carnet de mise en scène]


Petite définition sur le genre tirée du Dictionnaire encyclopédique du théâtre de Michel Corvin... alors qu'à partir d'aujourd'hui sont reprises chacune des scènes de la production estivale.

VAUDEVILLE: Le mot vaudeville est ancien mais son acception a sensiblement évolué entre l'époque où le genre était tiré plutôt vers la chanson, et aujourd'hui où l'on a tendance à en faire un des cantons du théâtre de Boulevard. Le plus intéressant est la mécanique dramatique et stylistique qu'il met en branle, marquée au sceau de la folie, du côté des situations comme des personnages.

Historique

À l'origine, chanson bachique et satirique originaire du «Val» ou du «Vau-de-vire» et dont la tradition attribue la création, vers 1430, à Olivier Basselin. Le terme vaudeville, dont l'étymologie demeure contestée (il aurait pu aussi subir l'attraction paronymique de «voix-de-villes», recueil de chansons populaires), désire tour à tour des chansons gaies, grivoises et caustiques, puis les couplets chantés sur des airs connus introduits dans une comédie légère, enfin la comédie elle-même. Aujourd'hui, il désigne une comédie d'intrigues sans couplets, riche de complications (généralement amoureuses) nées de rencontres fortuites et de quiproquos.

[...] Toutefois, dans la plupart de ces innombrables pièces, qu'elles tirent vers la «folie», l'anecdote ou la farce grivoise, l'argument était mince et ne reposait souvent que sur quelques calembours et le talent de l'acteur. Le mérite de Scribe, qui domine le genre de 1815 à 1850, est de donner au vaudeville une charpente fortement construite où le suspens ménagé n'exclut ni sentiment, ni psychologie, ni critique sociale. Cette évolution conduit vers 1860 à la disparition des couplets chantés. Le vaudeville accentue encore la rigueur de sa construction sous l'impulsion de Labiche qui, à partir d'Un chapeau de paille d'Italie (1851), donne plus de tempo au mouvement, hypertrophie les procédés comiques, en particulier les répétitions, les méprises, et la logique des situations où sont jetés des personnages tétanisés.

Cet héritage sera repris par A. Hennequin (1842-1887) et surtout par Feydeau qui construit des pièces le plus souvent en trois actes où l'intrigue très complexe et méticuleusement agencée, après un quiproquo ou une rencontre inattendue, lance les personnages dans un monde où, avec frénésie, s'enchaînent des péripéties saugrenue et où règne la logique loufoque de l'absurde.

Après Feydeau, le genre s'affadit et s'apparente au théâtre de Boulevard, qu'il marque de son empreinte.
[...]

Il est toujours bon de connaître l'historique d'un genre avant que de ne l'explorer...

dimanche 29 mai 2011

Au théâtre, cette semaine (du 29 mai au 4 juin 2011)


Il ne se passe que bien peu de chose dans le petit milieu théâtral saguenéen (et jeannois)... du moins, en apparence. Parce que la plupart des compagnies et des organismes sont présentement fort actifs qui pour financer leurs activités, qui pour préparer la production estivale annuelle, qui pour développer de nouveaux projets. Un milieu, donc, en chantier.

À l'écran radar de cette semaine, qu'un truc (si j'en oublie, on pourra les rajouter dans les commentaires)... enfin deux.

Vendredi - 3 juin 2011
Pavillon des arts (UQAC), pm
SUR INVITATION SEULEMENT

La Chaire pour une nouvelle dramaturgie sonore de l'UQAC présentera les résultats de ses trois dernières semaines d'exploration sur le binôme, le duo, la relation entre le son et diverses composantes théâtrales.

Vendredi et samedi - 3 et 4 juin 2011
Théâtre du Palais Municipal (La Baie), 20h

Diffusion Saguenay reçoit l'opéra-folk Les filles de Caleb (musique de Michel Rivard et livret de Micheline Lanctôt). Pour ceux qui sont intéressés, à 87.50$, d'entendre les Daniel Boucher, Luce Dufault et autres comparses pousser la note sur l'oeuvre marquante d'Arlette Cousture... Personnellement, cette mode de la chansonnette me laisse perplexe...

Voilà.


samedi 28 mai 2011

Dernier acte.

Journée un peu morose aujourd'hui... alors je profite de l'occasion pour montrer ici un reportage sur le décès de Sacha Guitry, un de mes auteurs dramatiques favoris pour son impertinence et son esprit, sa désinvolture et sa cruauté. Suivront quelques images muettes du cortège funèbre. Ce décès, son seul il va sans dire!, a eu lieu le 24 juillet 1957 (et non pas 2957 comme je l'avais indiqué!).







Son écriture a un petit côté suranné qui fait tout son charme. Le côté «pièce bien faite» ne lui enlève rien, pourtant, de sa truculence.

vendredi 27 mai 2011

Le mouvement décortiqué


Tout mouvement passe par cinq points:
le point d'élan,
le point de décision,
le point critique,
le point d'aboutissement,
le point d'amortissement.

Cette rationalisation du mouvement - qui rappelle avec insistance le mouvement biomécanique meyerholdien (voir le billet du 11 octobre 2008) - est de Patrice Pavis en page 49 de son essai Vers une théorie de la pratique théâtrale. Il serait intéressant de voir, maintenant, comment chaque comédien interpréterait cette définition et comment il l'appliquerait dans sa pratique. Toute aussi abstraite qu'elle peut paraître, il s'agit toutefois là d'une concrétisation (en mot) de tout geste.

Petit exercice de visualisation. Où se situeraient chacun de ses points si, par exemple, sur scène, un comédien assis à une table se penchait pour prendre une tasse?

Enfin, dernier petit commentaire, il est intéressant de constater que cette affirmation, ce schéma du mouvement reprend quasiment mot pour mot le schéma du théâtre classique.


jeudi 26 mai 2011

L'Affaire de la rue Lourcine [Carnet de mise en scène]


Nous avons fait un nouvel enchaînement de L'Affaire de la rue Lourcine hier soir. Un enchaînement correct, mais sans plus. À un peu plus d'un mois de la première, il faut maintenant que le travail s'enclenche d'une façon plus rigoureuse. Sur le métier, nous remettons notre ouvrage.

Généralement, tous les déplacements, gestes, mouvements, actions sont brusques. Il faut atteindre une fluidité et une précision en tout, un synchronisme lorsque nécessaire, une force motrice continue d'un bout à l'autre de la production.

L'espace réduit qui confine à une proximité continuelle, comme je l'ai à quelques reprises mentionné, ne supporte aucune faille, aucune improvisation, aucune hésitation. À ce titre, je n'attends rien de moins que la perfection scénique, la virtuosité de la part des acteurs.

Du coup, les comédiens ne peuvent se permettre de relâchement(s) en scène. Ils doivent maintenir leur corps en tension, en état de jeu constant, prêt à réagir au quart de tour.

La calme doit régir le travail de jeu. Avec cette histoire de faux-fuyants, d'urgence, de crainte, de frayeur, de terreur, il est facile de tomber dans l'incontrôlable et l'incontrôlé, le criard, le cabotinage. Cette production est très physique. L'essoufflement, l'émotion ne doivent en aucun cas devenir le canevas de construction du personnage.

Tous les apartes doivent être revus. Ces moments où le comédien doit marquer la complicité avec le public doivent se faire plus clairement.

Le langage doit être plus châtié ou, du moins, un peu plus homogénéisé d'un acteur à l'autre. C'est toujours un problème avec les textes français (dans le sens de «venus de France») et leur mise en bouche d'un comédien à l'autre.

Enfin, tout doit encore être travaillé... peaufiné... nuancé... précisé... amélioré... dynamisé... rehaussé.

mercredi 25 mai 2011

Variations sur la théâtralité...


La théâtralité est un concept flou, toujours un peu hermétique qui supporte mal les contours d'une définition concrète. En cliquant sur le libellé Théâtralité et performativité en fin de billet, il sera possible d'en lire plusieurs... Mais laquelle est la plus convaincante?

Patrice Pavis, dans l'ouvrage Vers une théorie de la pratique théâtrale réédité en 2007, à partir de la page 267, y va non pas d'une seul définition mais plutôt d'une série d'assertions à partir d'une série de spectacles qu'il a vu en 1998 pendant le Festival d'Avignon. Une série d'assertions (argumentées) qui, chacune ouvre une nouvelle voie sur le concept, le déconstruit, le retourne, le reconstruit... Comme elles sont nombreuses - dix-sept en tout! - je vais les publier ici en deux billets.

1. La théâtralité réclamée aujourd'hui consiste en une mise en spectacle des comédiens, elle ne se contente plus du regard porté sur une action dramatique intérieure, liée à la parole, et s'achevant dans la reconnaissance de la vérité. La théâtralité d'à présent est aux antipodes de l'antique regard sur la parole d'autrui. Elle aspire au spectacle.

2. Chassez la théâtralité, elle revient au galop.

3. La théâtralité montre l'intérieur des êtres, le fil ténu qui nous rattache à la vie et à l'amour, même avec un téléphone portable ou un appareil transplanté au cœur de l'action.

4. La théâtralité est un engin qui risque à tout moment de nous tomber dessus et d'étouffer la parole et la vie. C'est l'irruption de la fiction dans la réalité.

5. Théâtralité: façon d'atténuer le réel pour le rendre esthétique, ou érotique.

6. En intensifiant la théâtralité, que ce soit la fureur de dire ou la persuasion d'être, on risque toujours de se perdre ou de tourner en rond.

7. Théâtralité: choc des régimes de fiction. Attention: une théâtralité peut en cacher une autre.

8.Théâtralité: le réel du réel. Réel: la théâtralité de la théâtralité.

9. Toute théâtralité n'a de sens que pour qui sait la réfléchir aujourd'hui.

10. Théâtralité: la vitesse supérieure du couple, dans ses conflits, ses échanges, ses scènes de ménage.

11. La théâtralité du conteur: une parole linéaire et tendue mais qui revient toujours à son point de départ.

12. Théâtralité de la mise en scène: lorsqu'on n'est plus en mesure de distinguer le texte et la scène, l'origine du résultat, la parole du corps, lorsque les matériaux s'accordent et se consomment, mais sans se consumer dans un sens ultime, lorsque la scène est littérale.

13. La théâtralité consiste, dans un premier temps, à ouvrir un chantier, sans savoir si on aura les moyens de finir les travaux. Elle s'achève et se réalise lorsque les matériaux s'organisent en un système idéal qui complète et parachève l'extraction des matériaux. Ce système a pour nom: «mise en scène».

14. La théâtralité est une thérapie de choc pour connaître le réel, y compris politique.

15. La théâtralité ne peut se penser hors d'elle-même: l'envers de la théâtralité n'est encore que de la théâtralité.

16. La théâtralité ne se laisse pas transformer en une catégorie anthropologique universelle. Elle préfère s'effacer devant d'autres formes de performativités qui sont à découvrir dans les culturels extra-européens, ou dans des activités spectaculaires non liées à l'art.

17. Théâtralité: faculté de changer l'échelle, de suggérer et de fabriquer le réel avec la voix, la vue, les vocables, les sonorités, les images et autres bouts e ficelle. Théâtralité: parole incarnée.


Intéressant... Laborieux pour le mental... mais intéressant.

mardi 24 mai 2011

Tableau comparatif


Voici un autre petit tableau de ma conception (après celui du 20 novembre 2009) qui marque les différences entre deux mode de fonctionnement du théâtre... qui trace une ligne entre le théâtre dramatique et celui qu'on peut qualifier de postdramatique.

Bien entendu, la réalité n'est pas si manichéenne et il peut y avoir une certaine perméabilité entre les deux. Mais dans les grandes lignes, ça passe...

DÉMONSTRATION

MONSTRATION

Théâtre conventionnel, théâtre dramatique

Théâtre post-moderne, post-dramatique

Théâtre = lieu où l’on voit

(où il y a incarnation)

Théâtre = lieu où l’on montre

(les quatre principes performatifs de Schechner : 1-being, 2-doing, 3-showing doing, 4-explication)

Texte spectaculaire

Texte performatif

Création du sens (unique) sur la scène transmis vers le public (réception collective)

Création du sens (pluriel) dans le public à partir de ce qui est sur scène (réception individualisée)

Règne du sens

Règne de l’expérience

lundi 23 mai 2011

Un dur constat

Un texte de Daniel Mesguish, en page 137-138 de L'Éternel Éphémère. Un texte senti et fichtrement «rentre-dedans». Un texte qui, bien qu'écrit en 1991, peut trouver un fort écho sous nos latitudes, dans notre temps.

... Je souffre parfois de voir le théâtre tomber pour ainsi dire en désuétude. Non, cette plainte n'est pas celle de celui qui a fait profession de l'art dramatique et qui, tel le petit commerçant voyant avec effroi s'installer à cinq mètres de sa boutique une «grande surface», se sentirait écrasé par la ruine et l'injustice, non, cette plainte n'est pas celle de l'archaïque devant l'industriel, cette plainte n'est pas nostalgique, fermée; au contraire: elle est ouverte vers le futur, elle est politique.

Depuis quelques années [...], le théâtre va mal. Le public le déserte, ou croit qu'il le fait, les médias l'ignorent ou le colonisent, la presse lui consacre une part de plus en plus restreinte, bien pis: les hommes et les femmes de théâtre eux-mêmes commencent à reculer, à obéir, recherchent les stars de cinéma ou de télévision, font des spectacles à durée standardisée; et le théâtre «populaire» - je le dis sans aucunement dénier les qualités intrinsèques et les vertus politiques de ce qu'on a parfois nommé ainsi - se transforme plus que jamais en grands shows qui miment les rassemblements populistes, en images qui singent celles de la pratique publicitaire.

[...] Non, non: il ne s'agit pas là de «la mort du théâtre», que l'on annonce périodiquement, annonces qui sont la scansion même de sa respiration, le bruit que fait son cœur; car c'est de toujours être sur le point de mourir que le théâtre vit, c'est sa faiblesse extrême qui fait sa force infinie. («Comment le théâtre pourrait-il mourir, lui qui n'a jamais été pleinement vivant, comment pourrait-il disparaître, lui qui n'est jamais tout à fait présent?» Comment un spectre pourrait-il mourir?)

Pourtant, aujourd'hui plus que jamais, [... alors qu'] il reste une activité, immémoriale, qui joue de la vérité comme on joue du couteau, qui annonce avant tout le Vide et l'Ouvert, qui est l'art de l'écoute avant d'être celui de la parole, et qui est le théâtre - aujourd'hui, donc, plus que jamais, cet art est minimisé, ridiculisé, ou pire, célébré à la manière de l'industrie cinématographique, c'est-à-dire colonisé, annoncé comme un produit marchand, et montré sous un jour amateur et folklorique [...] ou bien comme une vieillerie légèrement archaïsante et nostalgique [...].

Un constat dur, disais-je?

dimanche 22 mai 2011

Parlant de productions estivales...


L'été approche... même si le printemps semble résolument coincé dans le calendrier entre le 21 mars et la date d'aujourd'hui. Alors que les bourgeons peinent à sortir, que l'eau de ruissellement continue de gonfler les lacs et les rivières et que les fleurs ne sont encore qu'une vue de l'esprit (sur mon terrain, du moins), le théâtre dans la région se prépare lui aussi à émerger quand le soleil sera venu.

Voici, en vrac, les productions estivales à venir.

Les premiers à monter sur les planches seront les gens du théâtre du Complexe Touristique de la Dam-en-terre à Alma, avec leur pièce dans la plus pure tradition du genre, Un 18 trous pour quatre.

Suivra l'entrée en scène de La Fabuleuse histoire d'un Royaume pour un autre tour de piste après quatre ans de remisage (si ce n'est de quelques sorties anglophones...).

Par la suite, coup sur coup, quatre productions prendront l'affiche.

Ça commencera par Couples, au Théâtre d'été de St-Félicien, un texte de Frédéric Blanchette mis en scène par Christian Ouellet.

Viendra ensuite, à trois jours d'intervalles (et pour marquer le centenaire de la naissance de l'homme) La Légende d'Arthur Villeneuve, une production de Ville Saguenay (de la Pulperie, en fait) confiée au Théâtre C.R.I.. Le texte est de Martin Giguère alors que Guylaine Rivard en signera la mise en scène.

Le surlendement, ce sera au tour du Théâtre 100 Masques de déployer sa production 2011, L'Affaire de la rue Lourcine, une incursion chez le maître du vaudeville, Eugène Labiche.

Quelques minutes plus tard, le Collectif À Tour d'Rôle, en collaboration avec le Côté-Cour de Jonquière, en sera à son troisième cabaret estival, Le Oh! Cabaret, une nouvelle création par rapport aux deux années antérieures.

Quand les productions de juillet s'épuiseront, le Théâtre du Faux Coffre s'amènera dans la salle Murdock pour une série de représentations. Qu'est-ce que nous y verrons? Les paris sont ouverts.

J'imagine qu'à travers ces «grandes» productions, d'autres plus petites viendront. Il y aura notamment l'animation sur le site de Val-Jalbert.

Au théâtre, cette semaine! (du 22 au 28 mai 2011)


À l'agenda, il n'y a, à ma connaissance, qu'un seul rendez-vous et c'est aujourd'hui. Il en sera de même (la vacuité de l'offre) pour quelques semaines... le temps que ne se préparent les productions estivales.

Aujourd'hui - 22 mai 2011
Salle Murdock (Chic.), 20h

DERNIÈRE REPRÉSENTATION


C'est la dernière représentation de Trac, ma vie en théâtrascope du Théâtre du Faux Coffre.

C'est tout je crois...

samedi 21 mai 2011

Du potentiel événementiel


Pendant la semaine qui vient de se terminer - pendant la présentation d'une série de performances -, j'en suis venu à réfléchir au geste, à l'action... à l'aune d'une notion que j'aime bien (voir ce billet du 3 septembre 2008): le POTENTIEL ÉVÉNEMENTIEL (une meilleure dénomination pourrait éventuellement lui être accolé).

Une notion assez proche, dans les faits, de la biomécanique meyerholdienne.

Chaque geste de l'interprète fonctionne un peu comme la foudre. Il se construit par l'accumulation d'une charge, le potentiel événementiel. Ce potentiel crée un horizon d'attente chez le spectateur. Du coup, l'intérêt de toute action (ou inaction) se concentre dans celui-ci, dans ce qui peut ou non advenir, dans ce qui advient et n'adviendra jamais.

Le potentiel événementiel agit donc comme un ressort qui créera, tant chez le comédien que chez le spectateur, une tension de plus en plus palpable jusqu'à son dénouement soudain. Dès qu'il se réalisent, le geste et l'action perdent aussitôt leur force d'impact jusqu'à la remise en place d'un nouveau potentiel.

vendredi 20 mai 2011

Jouer.

Jouer
c'est s'engager
au nom d'une vérité immédiate
qui ne peut plus se taire,
qui doit se dire et faire entendre.
Georges Banu, Solitude du dos et frontalité chorale*
________________________________________________

*article paru dans Alternatives théâtrales no.76-77

jeudi 19 mai 2011

Vers le premier «Forum sur le théâtre au SLSJ»


Les invitations sont lancées (enfin je crois) par le biais du CRC. Du coup, tous les artistes et artisans du milieu théâtral de toute la région les recevront ou l'ont reçu: fiche d'inscription, document préparatoire, détails sur la carte privilège (lancée le même jour).

Nous comptons sur les réponses - rapides! - pour mettre en place les derniers besoins (notamment pour commander le dîner). Nous comptons aussi sur le bouche-à-oreille pour que l'information circule.

La table est mise pour les discussions que nous espérons nombreuses, fortes, efficaces, dynamiques, franches.

Nous vous y attendons.

De formation en formation


Toujours appliqué à assister (jusqu'au 3 juin) aux activités de la Chaire pour une nouvelle dramaturgie sonore - décidément, il faudra un jour que je retienne le nom en entier de cette entreprise! - de l'UQAC qui, depuis lundi, se lance dans un nouveau volet de recherche. Après le cycle Dragage, elle se penche sur le duo.

Avant de prendre le taureau par les cornes, un détour par deux périodes d'explorations intensives.

Après trois jours de formation avec Philippe Lambert, vocalist (ou performeur vocal ou compositeur-improvisateur du son) de son état et dont la mission était d'aborder l'improvisation sonore (j'y reviendrai quand j'aurai mis de l'ordre dans mes notes!), les participants-collaborateurs-chercheurs sont, à partir d'aujourd'hui, confié aux bons soins de Éric Létourneau, performeur qui lui aura à explorer les possibilités des objets sonores à travers le hasard et l'imprévu.

Déjà, la matière est abondante et n'attend qu'un peu plus d'attention. Des questions se posent. Des réponses surgissent. Et pendant ce temps... J'y viendrai bientôt.

mercredi 18 mai 2011

Le calomniateur calomnié


J'aime bien les placets, les épigrammes, les petites stances écrits, à l'époque, contre les grands auteurs et les grandes oeuvres. Une pratique très forte au XVIIième et XVIIIième siècle. Des mots qui suintent le fiel, la fausse moralité, l'envie et la jalousie... et qui ne font pas souvent preuve de clairvoyance sur la postérité de ceux-ci!

Le dernier épigramme en date que j'ai trouvé est celui de Chevalier de Langeac, datant de 1784... et vilipendant Beaumarchais et son Mariage de Figaro:

Je vis hier, du fond d'une coulisse,
L'extravagante nouveauté
Qui, triomphant de la police,
Profane des Français le spectacle enchanté.
Dans ce drame effronté chaque acteur est un vice:
Bartholo nous peint l'avarice,
Almaviva, le séducteur,
Sa tendre moitié l'adultère,
Et Doublemain un plat voleur.
Marceline est une mégère;
Basile un calomniateur;
Franchette l'innocente est trop apprivoisée
Et le page d'amour, au doux nom Chérubin,
Est, à vrai dire, un fieffé libertin,
Protégé par Suzon, fille plus que rusée;
Pour l'esprit de l'ouvrage, il est chez Bridoison.
Mais Figaro?... Le drôle à son patron
Si scandaleusement ressemble
Il est si frappant, qu'il fait peur;
Et pour voir à la fin tous les vices ensemble,
Le parterre en chorus a demandé l'auteur.

Voilà, ce me semble, une fort belle description assassine d'un spectacle vu par un spectateur visiblement agacé... Je me demande ce qu'il écrirait de nos productions locales...

mardi 17 mai 2011

L'Affaire de la rue Lourcine [Carnet de mise en scène]

Les circonstances font en sorte que ce soir, nous prendrons de l'avance sur l'agenda en entamant (et terminant...) les deux dernières scène de la pièce. Tout de suite après, nous ferons le premier filage.

Cette première étape étant franchie, à compter de la semaine prochaine, chacune des scènes sera revue en profondeur, avec, en tête, les dernières trouvailles pour chacun des personnages, la dynamique globale de la production. Une par une, elles seront revisitées, améliorées, ajustées, nettoyées, précisées, ciselées. Un travail de minutie... comme l'horloger qui se penche sur ses délicats mécanismes.

Une pièce de corps, de rires et d'accessoires!

Pendant ce temps, le matériel pour la scénographie arrive.

lundi 16 mai 2011

Nouveau départ.

Ce matin débute un nouveau volet exploratoire à la Chaire de recherche pour une nouvelle dramaturgie sonore (du moins, quelque chose comme ça) de l'UQAC.

Pour cette fois, j'y suis, avec, comme mandat, d'assister au travail en cours et d'y réfléchir, de construire autour de lui une pensée théorique et de le rendre éventuellement. Ce sera, pour moi, une première parce que je suis habitué de bâtir un argumentaire autour de ma propre recherche.

J'y reviendrai sûrement dans les jours à venir.

dimanche 15 mai 2011

De répétitions.


En production, je n'aime guère le travail de table (étant toutefois convaincu du travail en amont!) avec les interprètes, ce moment que certains utilisent pour analyser le texte, en dégager le sens, etc. Après la première lecture, j'en ai dit tout ce que j'avais à dire. Ce travail de table est alors rapidement évacué pour passer à la mise en place qui agit, dès lors, de la même manière: analyser, dégager le sens, définir les personnages... mais par des actions concrètes.

Parfois, je me sens un peu coupable de ne pas m'astreindre à cet exercice pour vite me convaincre de son inefficacité pour moi...

À ce titre, les numéros 52-53 et 54 d'Alternatives théâtrales (déc. 96 et jan. 97) consacrés aux répétitions d'un large éventail de metteurs en scène est une source de belles réflexions, où les conceptions et les modes de création diffèrent de l'un à l'autre. Voici celle d'Antoine Vitez qui (sur papier du moins!) me ressemble davantage:

Si je voyais des gens assis autour d'une table, à lire, je n'aurais rien à leur dire que quelques remarques philologiques. En revanche, dès que je les vois en chair et en os, debout, à quelque distance, le phénomène théâtral s'opère. [...] C'est au metteur en scène de ne pas perdre de temps et d'oser; le véritable travail du metteur en scène, c'est d'oser dire ce qu'il ressent, tout de suite. Savoir qu'il faut oser le faire. Avec, quand je suis en face des acteurs, l'immense angoisse de me tromper définitivement, et d'oser dire des choses absurdes ou qui blessent.

Bon.

Au théâtre, cette semaine! (du 15 au 21 mai 2011)


De jeudi à samedi - du 19 au 21 mai 2011
(et Dimanche - 22 mai 2011)
Salle Murdock (Chic.), 20h
SECONDE ET DERNIÈRE SEMAINE DE REPRÉSENTATIONS

Le Théâtre du Faux Coffre redonne le solo du plus engagé des Clowns noirs, Trac: ma vie en théâtrascope. Pour rafraîchir la mémoire, il est possible de lire, sur les blogues, différents compte-rendus et opinions sur ce spectacle (qui sera, à ce que j'ai cru comprendre, actualisé): d'abord le mien (Trac ou sa vie en théâtrascope); celui de Jack aime/Jack n'aime pas (Mots etc.); celui de Spécial du jour (Sur les traces de Trac); celui d'Orage sur océan (Patrice Leblanc... Le rire noir de Trac); celui de Daniel Côté du Quotidien (Trac: un clown noir en théâtrascope).

Je pense que les étudiants du Cégep de Chicoutimi donneront aussi leur production de fin d'année cette semaine... mais peut-être que je me trompe.

C'est pas mal tout. Si j'oublie des choses, il est possible de les indiquer dans les commentaires.

samedi 14 mai 2011

L'Affaire de la rue Lourcine [Carnet de mise en scène]

Production lyonnaise que j'ai vue, mise en scène de Jérôme Deschamps et Macha Makeïeff.
Théâtre des Célestins, 26 septembre au 15 octobre 2006 (j'ignore toutefois le nom du photographe)

Hier soir, dans la salle de répétition (enfin, le SS-05 pour les initiés), nous avons enchaîné les dix-sept premières scènes de la pièce (sur vingt-et-un)... Toujours dans un but de nous donner une idée de l'ensemble du spectacle et aussi, pour un intérêt tout particulier: déterminer la durée de cette production. Parce que si d'habitude, je peux assez justement la déterminer à l'avance (notamment en comptant le nombre de pages alors que chacune de celles-ci vaut environ une minute), le texte de Labiche me restait parfaitement indéterminable. Et dire que je l'ai vu, monté, à Lyon en 2006 (et que je n'en garde, malheureusement, qu'un fort vague souvenir, décalage oblige...)!

Toujours est-il que le travail en chantier dure près de cinquante-cinq minutes... Lorsque seront travaillées les dernières scènes et le rythme général, j'estime que le tout durera une heure et quart, une heure et vingt.

L'exercice vaut aussi, je crois, pour les comédiens qui peuvent dès lors avoir une vision objective (si tant est que cela se peut!) de l'œuvre en cours, acquérant une certaine confiance dans l'efficacité de leurs répliques et de leur personnage. Nous rions beaucoup...

L'enchaînement s'est surprenamment bien déroulé. Sans trop d'anicroches ni bogue majeur. Une fluidité somme toute assez convaincante. Bien sûr, il reste une somme colossale de travail à effectuer, du travail de découpage scénique, de mise au point des personnages, de précision visuelle et précision d'intention, de peaufinement des actions-réactions, de constance et d'aisance dans les mouvements fort chorégraphiques... du moins, j'espère qu'ils le deviendront. D'autant plus qu'avec cet esprit de rigueur se juxtapose un écueil de taille: la petitesse de l'espace confinera le regard du spectateur en un seul et unique point, minuscule dans la salle, comme si les comédiens étaient sous microscope.

Ici, la focalisation (telle que définit par Anne Ubersfeld(1) : travail du spectateur choisissant un élément de l'espace, un détail de la représentation, un acteur, pour faire porter son attention sur cet élément, et éventuellement le suivre dans son évolution) ne pourra qu'être unique et globale - voire obligée! - et commandera, du coup, une perfection. Bon. Le terme est fort. Disons donc qu'il faudra une virtuosité de chacun des participants à ce projet (ce qui implique aussi bien le metteur en scène, les comédiens et les concepteurs).

Ce qui, d'autre part, illustre bien ce que j'écrivais dans le dernier paragraphe du billet du 12 mai dernier (ici).
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(1) dans Les termes clé de l'analyse théâtrale paru aux éditions du Seuil, Paris, 1996.

vendredi 13 mai 2011

L'Affaire de la rue Lourcine [Carnet de mise en scène]

Pour L'Affaire de la rue Lourcine - comme pour n'importe laquelle production que je fais - il y a, pour les interprètes, principalement quatre points à prendre en compte dans l'exécution de leu jeu:

  1. Faire vivre/dynamiser l'espace... par la mise en place et par leurs déplacements et leurs relations avec les accessoires et avec le décor;
  2. Avoir une conscience accrue de l'image qu'ils projettent... et chercher, par là, une perfection esthétique dans la pose, le geste;
  3. Faire comprendre les enjeux... tant par la voix (les intentions) que par le visage et le corps;
  4. S'inscrire dans un rythme soutenu et constant... alors que tous participent au même spectacle.
Bien entendu, pour arriver à assimiler ces quatre éléments essentiels à mon sens, il faut de la rigueur et de la précision... et aussi, pour ne pas que tout ceci tombe dans un jeu mécanique, du plaisir!

jeudi 12 mai 2011

Le choc des conceptions

J'ai eu, il y a quelques jours, une discussion avec Jean-Paul Quéinnec (auteur, metteur en scène et professeur en théâtre à l'UQAC) autour du théâtre en général et de son travail (comme praticien, chercheur et pédagogue) en particulier. Sur mes questionnements à propos de la densité, dans chacune de ses productions, des propositions et leur multiplicité (emmêlant décentrements des actions scéniques et intégrations de médiums contemporains) qui pourrait fort bien être le sujet de cette description du travail de Richard Schechner(1): De fait l'unicité du point de vue qui était, selon Richard Schechner, la marque du théâtre orthodoxe disparaît: le point de vue devient multiple, partiel. On ne cherche plus à unifier ou à homogénéiser l'expérience théâtrale, mais à la diviser ou, plutôt, à l'individualiser. De la même façon, le texte est envisagé en tant que matériau. Il indique plusieurs tracés possibles et devient une carte dont les contours se redessinent en fonction des interactions.

Pour un adepte comme moi du théâtre disons fondamentaliste (caricaturé par un texte, un acteur, un spectacteur), ce foisonnement de dialogues interdisciplinaires en travers la trame du texte, cette ouverture du sens et son éclatement bousculent mes propres conceptions théâtrales centrées principalement sur le focus scénique (sur le jeu, notamment) que je qualifierais presque d'intégriste (alors qu'il y a une réduction minimale voire une absence de la technique - lumière, son-, de décors...). Un choc de visions. Des remises en questions qui ne pourront, au final, qu'être bénéfiques pour un art en constante évolution.
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(1) SCHECHNER Richard, Performances, expérimentation et théorie du théâtre aux USA, Éditions Théâtrales, 2008 (Introduction, par Anne Cuisset, p. 118)

mercredi 11 mai 2011

Jusqu'à tout récemment...


Un petit cours d'histoire sur l'excommunication systématique qui frappait tous ces impies que furent les comédiens européens... une histoire qui prend ses sources dans un passé bien engoncé dans les imbroglios religieux du XVIIième siècle et qui se termine... en 1922! Autant dire hier.

Au même titre que les concubins, les usuriers et les sorciers, les comédiens sont, par décision de certains évêques, au milieu du XVIIième siècle, exlcus de la communion de l'Église catholique.

C'est une conséquence directe du changement de statut des comédiens: de saltimbanques, ils sont devenus professionnels. Pour des raisons économiques, les femmes montent, alors, sur scène. Elles ne manquaient pas d'être victimes du harcèlement sexuel des spectateurs privilégiés: c'en est fait de leur réputation qui retombe sur la profession toute entière. Il faudra attendre 1922 pour que le pape Pie XI, sur la demande de Georges Le Roy, comédien et professeur au Conservatoire (Gérard Philipe fut son élève), obtienne la suppression de l'excommunication.

Cette petite notice vient du petit ouvrage Le Théâtre: ses métiers, son langage, paru en 1994 sous la plume de Agnès Pierron.

mardi 10 mai 2011

Vers le premier «Forum sur le théâtre au SLSJ»

Le projet tient toujours la route, et même plus. À quelques semaines de l'événement, le comité organisateur s'est réuni se matin pour mettre faire un suivi sur le plan d'action d'ici le 12 juin prochain.

Dans les jours à venir partiront les communiqués aux médias de même que les invitations et le document préparatoire (avec les thèmes et les pistes de réflexions) pour les participants.

Bien sûr, l'intérêt de la chose repose essentiellement sur la présence d'un plus grand nombre possible de gens du théâtre, du haut du Lac au fin fond du Saguenay, des petits jeunots aux vieux de la vieille, des universitaires aux artisans sur le tas, des administrateurs de compagnies aux praticiens de tout ordre (concepteurs, metteurs en scène, comédiens, auteurs).

Il y un milieu théâtral dans la région, c'est indéniable. Un milieu dynamique... et surtout, étonnamment diversifié. Un milieu très grand. Un milieu tout rose et tout beau? Peut-être... et peut-être pas. À coup sûr, il cependant de l'entretien. Et si nous pouvions l'améliorer?

Tous ceux qui font du théâtre sur le territoire sont concernés. Toutes les opinions, les commentaires, les impressions, les propositions sont nécessaires... qu'ils soient positifs ou négatifs.

La Rubrique recherche...

Le Théâtre La Rubrique est à la recherche d'une personne pour tenir ses communications. D'ailleurs, l'annonce de cette quête court présentement sur Facebook sous une forme que je présente ici (une belle job de graphisme par Jean-François Caron qui contribuera, de cette façon, à se faire remplacer!):


Ça donne envie d'appliquer, non?

lundi 9 mai 2011

L'Affaire de la rue Lourcine [Carnet de mise en scène]


Les œuvres de Labiche sont les descendantes directes d'un genre précis: le vaudeville (qu'on confond généralement avec le théâtre de boulevard). Elles partagent, avec ce type de théâtre, des caractéristiques un peu encombrantes pour le metteur en scène d'aujourd'hui.

Anne Ubersfeld, dans Les termes clés de l'analyse théâtrale définit bien ce vaudeville: Genre de comédie légère avec musique et chansons, dont l'origine un peu incertaine est très ancienne (et sans doute liée à des fêtes populaires), mais qui trouve sa vogue à la fin du XVIIIième siècle et dans la première moitié du XIXième siècle. Comédie «morale» (on peut y amener des enfants), elle se charge d'incidents burlesques, de quiproquos et de reconnaissances . La musique y joue un rôle très important: rarement originale, elle se nourrit d'airs populaires anciens ou contemporains. [...]

Ces dernières lignes définissent bien également la structure de L'Affaire de la rue Lourcine: un texte (relativement court) entrecoupé de plusieurs airs qui ont une importance dramaturgique réelle. Toutefois, les airs, bien qu'indiqués, ne se retrouvent guère. J'ai donc fait le choix de remplacer ces morceaux musicaux (et parodiques) anciens par des équivalents très contemporains... disons très années '70-80-90. Des airs populaires, oui... dont le kitsch des paroles (un peu revues pour les ajuster au contexte) et de la mélodie se marient très bien avec l'action scénique et l'intrigue.
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Les textes de cette période théâtrale (entre 1850 et 1920) me plaisent particulièrement. J'aime bien leur côté bien fait, leur perfection stylistique, dramaturgique et scénique. Des textes qui délaissent généralement la psychologie pour la caricature où souvent les personnages se définissent par leur nom ou leur métier. Des textes denses qui utilisent abondamment les diverses ressources pour faire surgir les rires. Des textes trop souvent négligés - voire méprisés - alors qu'ils demandent pourtant, aux metteurs en scène et interprètes, une technique, une virtuosité, un contrôle constants et sans faille.

dimanche 8 mai 2011

Au théâtre, cette semaine! (du 8 au 14 mai 2011)


Quelques dates sont à retenir en cette semaine fort commune de mai. Quelques rendez-vous qui valent la peine de la pause, du détour.

Jeudi et vendredi - 12 et 13 mai 2011
Salle François-Brassard (Jonq.), 19h30

Les finissants en Arts et Lettres (profil interprétation) du Cégep de Jonquière présenteront leur dernière production académique avant que de ne poursuivre pour les uns dans un lieu voire un autre programme. Sous la direction de Chantale Dubé, ils seront dix à se commettre avec le texte de Jacques Languirand, Les Insolites. Sous le concept de l'enfance se cache des personnages hauts en couleur et complètement absurdes, qui recherchent le sens de leur vie. Dans un bar, c'est la quête de l'amoureux perdu. Un homme étrange viendra annoncer la mort de l'un d'entre eux. On s'accuse les uns et les autres. Qui sera le meurtrier? Si meurtrier il y a bien entendu… Parmi ces étudiants se trouvent les cinq qui ont participé, en mars dernier, à l'Antigone de Sophocle présentée par le Collectif N.A.T.A.S. et le Théâtre 100 Masques.

Vendredi - 13 mai 2011
Au Sous-Bois (Café Cambio, Chicoutimi), 20h

Le Théâtre À Bout Portant tient son activité bénéfice, le Rapport d'Impro 2011. Pour 15$, les gens sont invités à une soirée de théâtre improvisé, suivi du spectacle de Phano. Une soirée des plus époustouflantes, où musique, théâtre, DJ, mascottes, animation... sont de pair. Dix comédiens fougueux, des histoires savoureuses, une prestation musicale hors du commun. Un événement à ne pas manquer, l'occasion de venir fêter le printemps en bonne compagnie, avec un bon spectacle et dans une toute nouvelles salle.

Jeudi à samedi - 12 au 14 mai 2011
(et dimanche - 15 mai 2011)
Salle Murdock (Chicoutimi), 20h
PREMIÈRE SEMAINE DE REPRÉSENTATIONS

Le Théâtre du Faux Coffre redonne le solo du plus engagé des Clowns noirs, Trac: ma vie en théâtrascope. Pour rafraîchir la mémoire, il est possible de lire, sur les blogues, différents compte-rendus et opinions sur ce spectacle (qui sera, à ce que j'ai cru comprendre, actualisé): d'abord le mien (Trac ou sa vie en théâtrascope); celui de Jack aime/Jack n'aime pas (Mots etc.); celui de Spécial du jour (Sur les traces de Trac); celui d'Orage sur océan (Patrice Leblanc... Le rire noir de Trac); celui de Daniel Côté du Quotidien (Trac: un clown noir en théâtrascope).

Voilà. Si j'oublie des trucs, on peut les ajouter dans les commentaires.

samedi 7 mai 2011

L'Affaire de la rue Lourcine [Carnet de mise en scène]



L'Affaire de la rue Lourcine en chantier devrait se voir aujourd'hui rallonger de trois nouvelles scènes.

Déjà, le travail effectué tourne autour d'une petite demie-heure.

Le plan de travail est toujours de mise. Si la précision et la rigueur ne sont pas nécessairement au point, les rires fusent cependant et je crois que l'on a, entre les mains, une comédie efficace, aussi drôle que physique! Si je m'en tiens au calendrier, un premier enchaînement complet devrait avoir lieu d'ici deux petites semaines (le 21 mai pour être plus précis). Alors, nous aurons une vue d'ensemble sur la pièce, son rythme, ses personnages, ses dynamiques.

Pour cette production, le texte est pris comme matière de base qui peut se voir (et se voit!) modifié, d'abord pour accommoder la distribution en terme de personnages masculins et féminins, revu et corrigé pour lier des situations, des gestes, réécrit pour réintégré des répliques chantées (chose commune dans les vaudevilles). Au final, L'Affaire de la rue Lourcine, version Théâtre 100 Masques, ne sera pas de mais d'après Labiche, la partie originale couvrant peut-être 75-80% de l'oeuvre scénique.

D'ailleurs, dans la même veine, il me faudrait retrouver la source de cette citation qui me convient fort bien et que j'endosse: je ne joue pas un texte je joue avec un texte.

Maintenant, il nous faudra nous concentrer sur toute la recherche esthétique de cette production: scénographie, costumes, lumières, accessoires.

vendredi 6 mai 2011

Tautologie

La théâtralité ne peut se penser hors d'elle-même!
L'envers de la théâtralité
n'est encore que de la théâtralité.

Patrice Pavis, Vers une théorie de la pratique théâtrale

jeudi 5 mai 2011

Le texte comme une série de figures


Le texte théâtral (et son énonciation) se compose, si l'on se colle à la matière brute, à la partition, d'une série de figure (apparemment limitée) qui, s'agençant entre elles, créent le rythme, le sens et, au final, l'interprétation. Une série de figures comme un coffre à outils, un vocabulaire formel à maîtriser pour faire des combinaisons nouvelles, des complémentarités, des ruptures.

Dans un cadre de recherche sur la théâtralité et la performativité, il m'apparaît essentiel de les aborder l'une après l'autre, de les définir et leur donner un contour précis.

En voici une liste (qui n'est peut-être pas exhaustive) établie par Michel Vinaver dans son ouvrage Écritures dramatiques, essais d'études de textes de théâtre paru en 1993 (pp. 901-903) aux éditions Acte-Sud:

La parole théâtrale se compose d'un nombre limité de figures textuelles répartit en quatre catégories:

1) FIGURES TEXTUELLES FONDAMENTALES S'APPLIQUANT À UNE RÉPLIQUE OU UNE PARTIE DE RÉPLIQUE: attaque, défense, riposte, esquive, mouvement-vers

2) AUTRES FIGURES TEXTUELLES S'APPLIQUANT À UNE RÉPLIQUE OU À UNE PARTIE DE RÉPLIQUE : monologue, récit, plaidoyer, profession de foi, annonce, citation, soliloque, adresse, discours composites

3) FIGURES TEXTUELLES S'APPLIQUANT À UN ENSEMBLE DE RÉPLIQUES: duel, duo, chœur, polyphonie

4) FIGURES TEXTUELLES RELATIONNELLES S’APPLIQUANT À UNE RÉPLIQUE DANS SA RELATION AVEC LE MATÉRIAU TEXTUEL QUI PRÉCÈDE : bouclage, effet-miroir ou écho, répétition-variation, fulgurance.


Ces figures participent à refonder le rapport au texte non pas sur la fable, l'intrigue mais sur sa forme, sa construction.

mercredi 4 mai 2011

Vision théâtrale

Jean-Luc Lagarce

[...] En tant que spectateur, je n'arrive pas à croire au présent du théâtre: non, ça ne se passe pas là, devant moi, en ce moment! Je ne peux pas m'empêcher de considérer ce qui a lieu sur la scène comme ayant déjà eu lieu, comme étant répété, comme ayant déjà été entendu... Et les spectacles qui prétendent ne pas tenir compte de cela ne me paraissent pas justes. Je n'aime pas les acteurs qui jouent en feignant de ne pas savoir comment l'histoire va finir. D'autant plus que, très vite, une pièce se charge de traces.

Ces mots sont de Jean-Luc Lagarce, dramaturge français (décédé à la fin du XXième siècle) dont l'oeuvre est constituée de pièces fortes et théâtralement efficaces. De beaux morceaux de théâtre... notamment Music Hall... où il ne s'agit pas de viser à un discours globalisant mais de frapper le lecteur phrase par phrase, sans souci de cohérence immédiate. Ils sont tirés d'une entrevue publiée en 1995 (quelque six ans après sa mort), dans le 125ième numéro de Mégaphonie.

Toujours est-il que la citation d'ouverture décrirait bien ma propre vision du théâtre comme non pas une imitation de la vie, mais comme une construction de codes et de conventions, un jeu qui doit s'assumer et se montrer. Par la forme, le contenu.

D'ailleurs, pour revenir à Music Hall, il faut dire que cette pièce fait partie du corpus (cinq textes) utilisé dans le cadre de mes recherches au doctorat.

mardi 3 mai 2011

Coup(s) de théâtre!

Soirée enlevante hier soir...

Pas théâtrale mais presque...

Avec des drames, des tragédies et, dans des cas précis comme l'élection dans Berthier-Maskinongé, de l'absurde... Les coups ont porté. La mise en place présumée en début de campagne s'est métamorphosée par un deus ex machina incontrôlé: la volonté populaire.

Dans un contexte d'un gouvernement conservateur majoritaire, qu'adviendra-t-il notamment de l'art et de la culture? Peut-être serait-il temps, maintenant, que le Québec se prenne réellement en main.

lundi 2 mai 2011

La Visite [Carnet de mise en scène]

En-avant: Denis Lavoie et Ursule Garneau
Au centre: Sonia Tremblay, Joan L'Espérance et Emmanuelle Girard
Derrière: Luc-Antoine Cauchon, Gervais Arcand et Jean-Sébastien Montpetit

Quelques mots sur La Visite ou surtout sentez-vous pas obligés de venir qui a pris fin samedi dernier, dans une apothéose publique alors que scène et salle étaient électrisée par la fébrilité de l'ultime représentation.

Enfin, je me repose. Le stress peut enfin laisser la place au recul et à l'analyse des résultats. Je suis sincèrement content que ça ait bien été avec cette production... du moins de ce que j'en ai vu et ce que j'en ai su. Parce qu'avec toutes les épreuves traversées en cours de travail (du jour de la distribution à la première), le plaisir et l'enthousiasme ont été constamment minés par des éléments extérieurs à la création... et pour la première fois, j'ai douté. Pire, j'ai crains!

Une belle équipe, oui. Des gens fantastiques, oui. De beaux moments, oui.

Et pourtant...

Même si, dans l'ensemble, le travail s'est fait dans les rires, avec engagement (quoique douloureux dans le contexte de cette année), cette production aura été, pour moi, celle des regrets et des déceptions, des contrariétés et des impuissances. Non pour ce qui a été fait (que j'assume encore parce que j'y crois) mais pour ce qui n'aura pu être. Pour le temps manqué (et ce n'est pas là une vaine plainte convenue!). Pour tout ce qui, après coup, aurait pu nourrir la création.

Au final, toutefois, le succès (parce que c'en fut un!) a pu atténuer ces impressions! Un succès unanime? Probablement pas. Mais après tout, ce n'est pas là la réussite. Celle-ci résulte dans ce qui, jour après jour en répétition nous manquait et qui, soir après soir en représentation, faisait que la pièce pouvait prendre son envol: l'esprit d'équipe et le plaisir. Les comédiens et les concepteurs ont fait là un travail honnête, exigeant, rigoureux... et, jusqu'à la première, fichtrement angoissant!!!

Mais voilà. Le rideau est maintenant tombé.