dimanche 21 février 2021

Le mélodrame... «tragédie des pauvres»


Je continue de lire, par temps perdu, des mélodrames. Voici comment ceux-ci sont définis dans l'Encyclopédie Universalis:

Le mélodrame est un genre décrié. Sa réputation a été grande [...].De nos jours, le mélodrame « est victime d'un reproche majeur et général : il est populaire, boulevardier, vulgaire ; c'est la tragédie du pauvre ou le drame du pauvre », écrit P. Frantz, qui ajoute : « Il n'est décrit qu'à travers deux figures si fréquentes de l'histoire littéraire, celle de la décadence et celle de l'enfance ; il est décrit tantôt comme l'ultime décadence de la tragédie, [...] tantôt comme l'enfance du drame romantique. »

Voilà, je trouve, une fort bonne entrée en matière qui repositionne ce genre dans son fil historique théâtral: genre charnière, genre de transition.

Le Dictionnaire encyclopédique du théâtre de Michel Corvin précise: [...] Ce théâtre visuel d'inspiration romanesque comble en trois actes l'attente d'un public élargi en jouant savamment sur les effets violents et conjugués du pathos et du spectaculaire. Les nombreuses péripéties et la richesse d'une mise en scène minutieuse (dirigée par l'auteur) servent la simplicité d'un argument moral toujours identique: la vertu persécutée puis récompensée, le crime châtié. Qu'ils soient de tonalité historique [...], qu'ils narrent un drame bourgeois [...], des aventures mouvementées [...] ou une enquête criminelle [...], ces mélodrames suscitent d'extraordinaires enthousiasmes.

Des mélodrames, donc, j'en lis plusieurs.

Et justement, je lis particulièrement ceux du nommé René Charles Guilbert de Pixérécourt, surnommé aussi le Corneille du mélodrame. Il est l'incontournable, le Maître. Ses oeuvres - nombreuses: il a écrit 111 pièces qui auraient été jouées plus de 30 000 fois! - sont considérées comme étant les plus typiques. Et si ses dernières pièces (autour de 1820-1830) semblent proches du romantisme  qui bat alors son plein, il se défend bien d'appartenir à ce nouveau courant.

J'ai lu récemment de lui (et ses titres :
  • Le Mont Sauvage ou le solitaire;
  • L'homme à trois visages ou le proscrit;
  • Le monastère abandonné ou la malédiction paternelle;
  • La chapelle des bois ou le témoin invisible;
  • Le Belvéder ou la vallée de l'Etna;
  • La fille de l'exilé ou huit mois en deux heures.
C'est là du théâtre profondément manichéen qui donne une fort bonne illustration de la notion des emplois au théâtre: l'ingénue, les amoureux, le noble, le traître, le valet, etc. 

Je lis avec un plaisir à chaque pièce renouvelé... avec, en tête, une idée encore vague de ce que je compte en faire. Mais projet il y aura assurément tant la matière est riche et intéressante.