Encore un texte qui donne un assez bon aperçu (du moins, si je me fie à mes nombreuses lectures!) du théâtre contemporain... de ce théâtre que l'on nomme post-dramatique. Cet extrait est tiré de l'article Du déclin de la fiction à l'émergence du fictif (paru dans la revue Théâtre/Public de juin 2007) par Maryvonne Saison (p.82):
[...] L'écriture dessine le paysage de la page. Or c'est précisément cela que cherche le théâtre contemporain: le geste d'écriture dans l'artifice de la fiction comme dans tout ce qui s'écrit. Proférer un texte relève, dans ce contexte, d'une performance étrangère à tout exercice de récitation ou de diction: le déplacement de la fiction au fictif exige un jeu de l'acteur radicalement repensé. On serait tenté de dire que l'acteur est invité à renoncer à tout jeu, qu'il s'agit moins pour lui de chercher ce que dit la fiction que ce qu'elle échoue à dire ou le seul fait du dire. Le défi est de retracer le texte dans le souffle qu'il commande, qui habite l'écriture, pour coïncider en quelque sorte avec «le corps du texte».
L'acteur est convié à un corps à corps avec les mots et la page; il ne calque plus son rythme sur le sens: ce qui se dit masque un autre niveau du texte qu'il cherche à restituer. [...] La remontée à un geste fondamental, écrire/dire, déstabilise le geste du comédien entendu dans son sens le plus banal de mouvement significatif. L'acteur [...] n'est plus que présence.
[...] L'écriture dessine le paysage de la page. Or c'est précisément cela que cherche le théâtre contemporain: le geste d'écriture dans l'artifice de la fiction comme dans tout ce qui s'écrit. Proférer un texte relève, dans ce contexte, d'une performance étrangère à tout exercice de récitation ou de diction: le déplacement de la fiction au fictif exige un jeu de l'acteur radicalement repensé. On serait tenté de dire que l'acteur est invité à renoncer à tout jeu, qu'il s'agit moins pour lui de chercher ce que dit la fiction que ce qu'elle échoue à dire ou le seul fait du dire. Le défi est de retracer le texte dans le souffle qu'il commande, qui habite l'écriture, pour coïncider en quelque sorte avec «le corps du texte».
L'acteur est convié à un corps à corps avec les mots et la page; il ne calque plus son rythme sur le sens: ce qui se dit masque un autre niveau du texte qu'il cherche à restituer. [...] La remontée à un geste fondamental, écrire/dire, déstabilise le geste du comédien entendu dans son sens le plus banal de mouvement significatif. L'acteur [...] n'est plus que présence.