samedi 30 août 2008

Harpies


Outre la grisaille météorologique de ce samedi, les bulletins de nouvelles matinaux rajoutent à l'ennuagement canadien: les Harpies du gouvernement fédéral s'acharnent à nouveau sur la mise en lambeaux de la Culture.

Le couperet est tombé sur un programme de Téléfilm Canada, soit les 14 millions de dollars dédié aux nouveaux médias... En somme, c'est presque 60 millions de moins pour les artistes...
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À ce sujet, un autobus partira de Chicoutimi, des bureaux du CRC, en direction de Québec pour rejoindre la manifestation prévue le 3 septembre.

vendredi 29 août 2008

Les anniversaires


Le Théâtre Mic-Mac de Roberval, l'aîné des organismes théâtraux dans la région, souffle, cette année, sur 43 bougies d'existence.

Le Théâtre des Amis de Chiffon, quant à lui, marquera son 35ième anniversaire de fondation... fondation qui a eu lieu, soit dit en passant, à Alma... en présentant un tout nouveau spectacle: Carton rouge sur fond blanc.

Le Théâtre la Rubrique fêtera son entrée dans la famille peu nombreuse des trentenaires.

Les Têtes Heureuses auront, pour leur part, 27 ans sous les auspices de Tchekhov...

Le Théâtre C.R.I. commence sa douzième année en répétant activement pour sa prochaine création de novembre...

Le Théâtre 100 Masques aura réussi à traverser ses dix premières années et se croise les doigts pour les dix prochaines.

Le Théâtre du Faux Coffre fête sa quatrième année de créativité sur le succès de leur dernier opus.

Enfin, ManiGanses aura 20 ans...

À eux, à nous...
BONNE FÊTE ET
BONNE SAISON 2008-2009!

jeudi 28 août 2008

Glissements sémantiques

Théâtre grec de Syracuse

Qu'est-ce que le théâtre? Cette question si simple s'avère, finalement, d'une complexité universitaire fort surprenante.

(Denis Guénoun, Le Théâtre, le Peuple, la Passion, Solitaires intempestifs, Besançon, 2006, p. 109-111.):

Il me paraît nécessaire d'interroger notre étrange familiarité avec [«le théâtre»]. Et de s'étonner que, lorsque nous disons «le théâtre», nous ayons le sentiment d'un objet clairement repéré, croyant à peu près savoir de quoi nous parlons. Or, cette assurance peut être perturbée par quelques constats qui m'arrêtent depuis assez longtemps. Et d'abord, celui-ci: que les Grecs classiques ne semblent pas disposer d'un mot pour désigner ce que nous appelons «le théâtre».

[...] Les Grecs de l'époque classique (...) paraissent manquer d'un vocable commun, unifiant, permettant d'inclure ce que nous englobons sous ce terme. Ils parlent de la tragédie, de la comédie, et quand il s'agit de l'une et de l'autre ensemble, ils écrivent souvent: la tragédie et la comédie. C'est le cas de Platon, ou d'Aristote - qui pourtant nous servent d'introducteurs à peu près inévitables dès qu'il s'agit de penser «le théâtre».

[...] Les Grecs disposent pourtant d'un mot qu'ils attribuent aux différentes sortes du théâtre: «le drame»... d'où le dénominateur dramatique toujours employé de nos jours: texte dramatique, art dramatique, etc.

Intéressant, non?
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Dans la Grèce antique (donc étymologiquement), theatrôn signifie lieu d'où l'on regarde. Ça ne concerne donc que l'espace public, l'espace citoyen.

Avec notre contemporanéité postmoderne, selon Castelluci, le théâtre n'est plus le lieu où l'on regarde mais bien le lieu où l'on montre.

C'est en quelque sorte un glissement du théâtre de l'auteur, de l'acteur (de la vedette), de la performance, du spectateur vers un théâtre de l'artiste, du metteur en scène, de l'image.


mercredi 27 août 2008

Le cynisme mis en scène


Il faut être de l'intérieur même de la bête pour constater (et vivre!) une chose étonnante: le milieu théâtral est un générateur constant de gênes, de frictions... qui plus est, de cynisme...

D'une part, c'est un milieu d'une telle fragilité que le moindre soubresaut prend des allures de tremblement de terre... C'est un milieu d'une telle pauvreté (dans le sens littéral) que les montants en jeu (et leur distribution) ne créent que malaise et douleur... C'est un milieu qui clame sa force et son utilité devant un parterre qui ne recherche que divertissement... C'est un milieu où l'individualisme (qu'il soit personnel ou institutionnel) règne en maître... Et c'est sans compter sur les modes de fonctionnement sans avenir des OSBL, de subventions non-récurentes, d'aides gouvernementales, de portes fermées pour cause d'expérience (!) qui rendent vite paumés quiconque tente de survivre.

D'autre part, c'est un milieu où personne n'ose élever la voix - et encore moins se faire entendre... Tout est tut... réfréné... pour ménager la chèvre et le chou... protéger ses arrières. C'est un milieu où les jugements se font à l'aune de la comparaison entre praticiens... C'est un milieu dans lequel la confiance ne se donne souvent qu'avec soupçon et réserve... C'est un milieu où le don de soi prend tout son sens (négatif).

Il est des jours, comme ça, où le milieu théâtral est une plaie qui s'ouvre sans cesse.

mardi 26 août 2008

Entre le texte et la scène


On s'est parfois questionné sur ma relation au texte dans ma production... sur ma fidélité (ma loyauté envers cette horripilante voix de l'auteur) à celui-ci. Dans les faits, je respecte l'oeuvre de l'écrivain au plus haut point. Celui-ci n'est pourtant pas intouchable.

Lorsque vient le moment de passer à la scène, le texte devient, pour moi et pour le bien du spectacle, un matériau - essentiel... mais matériau tout de même - générateur de théâtralité. Un moteur dramatique. Plus que sa fable, son histoire, c'est à son mécanisme intrinsèque que je m'accroche... sur lequel je m'appuie. Le texte est, en quelques sortes, un espace sonore. Une partition matérielle accentuée par le propre langage du théâtre (car la mise en scène est définitivement écriture... et non simple reproduction) qui le contredit, l'appuie, le soustrait ou l'amplifie.

Il y a le texte de l'auteur. Et il y a le texte de la scène. Le spectacle devient un tressage de ces deux systèmes que je soutiens perméables l'un à l'autre.
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Dans le même ordre idée, voici un extrait du Théâtre de la Mort de Tadeusk Kantor, publié aux éditions de l'Âge d'Homme:

La réalité scénique n'est pas l'illustration du texte. Le texte dramatique ne représente pas qu'une partie du processus de la transformation totale, qui s'effectue sous les yeux des spectateurs. (p.207)

[...] Ce n'est pas à la littérature d'empiéter sur le terrain théâtral. c'est au théâtre de prendre des risques - en l'occurence, s'aventurer en dehors de sa sphère propre. Empiéter sur le domaine de la littérature.

J'attache au texte de la pièce une importance beaucoup plus grande que ceux qui prônent la fidélité au texte, qui l'analysent, qui le considèrent officiellement comme point de départ... et s'en tiennent là. Je considère le texte (bien évidemment le texte «choisi», «trouvé») comme le but final, une «maison perdue» à laquelle on revient. (p.211)

dimanche 24 août 2008

La semaine théâtrale [2]

Image tirée du site ArmenBlog

Cette semaine (demain!) marque (enfin!) le retour des étudiants en arts dans la vie saguenéenne. La reprise de la formation, la fermentation artistique, l'ébullition sociale, le renouveau... Bonne rentrée à eux et à tous ceux qui les encadrent! Un souhait pour l'année: que les liens se tissent entre eux (cégeps et université) et le milieu professionnel... après tout, ne sont-ce pas des vases communicants?

Pendant ce temps, au théâtre...

C'est ce soir, à 19h, sur la zone portuaire de Chicoutimi, que Schème Danse donne la dernière présentation publique de l'événement Osez!... C'est gratuit et ça vaut la promenade.

C'est ce soir également (jusqu'à mardi soir....) que le Théâtre du Faux Coffre entame sa seconde semaine de représentations. Pour voir Barabbas dans la Passion, les origines du premier clown noir, reportez-vous à la Salle Murdock du Centre des arts et de la culture à 20h... Peut-être vaudrait-il mieux réserver (le spectacle se termine le 6 septembre et jouera, par conséquent, tous les soirs de la semaine prochaine...), quand l'enthousiasme augmente, il devient difficile de trouver une place: 418-698-3000 poste 6561.

Si vous n'avez pas encore vu le spectacle Les Rois pêcheurs de Jimmy Doucet et de sa bande à la Vieille Pulperie, il ne vous reste que deux chances (à moins qu'il n'y ait des supplémentaires...): mardi et mercredi soir, à 20h. Je dirais que ça vaut le coup pour voir comment un auteur et metteur en scène peut être en symbiose avec son public.

Il s'agit aussi de la dernière semaine avant la tombée de rideau sur L'espace entre nous de La Rubrique, présenté à la Salle Pierrette-Gaudreault (Mont-Jacob) à 20h30... ces mercredi, jeudi, vendredi et samedi...

Alors que les activités estivales tirent à leur fin, le Cirque Akya, le plus grand petit cirque!, s'installent sur la zone portuaire de Chicoutimi, à compter du 29 août jusqu'au 7 septembre pour saluer une rentrée digne de ce nom! L'horaire de cette semaine: vendredi à 20h, samedi à 14h et à 20h).

Bon théâtre!


samedi 23 août 2008

Osez!


Chicoutimi, le Vieux Port... une douzaine de danseurs, une rivière, un paysage magnifique et un coucher de soleil pour une lumière chaude et orangée...

Dans le cadre de l'événement Osez! la compagnie Schème Danse présente - gratuitement et quotidiennement, jusqu'à dimanche soir, 19h! - à la population, le résultat de ce laboratoire intensif sous la direction dynamique d'Hélène Blackburn (chorégraphe réputée originaire de la région, à la tête de la compagnie Cas Public qui se promène un peu partout dans le monde).

Osez! c'est un projet novateur et dynamique qui a vu le jour à Saint-Jean-Port-Joli, il y a 8 ans. Né de l’imagination de la jeune chorégraphe Karine Ledoyen, le concept vise à créer un spectacle de danse contemporaine dans un endroit inédit, en plein air, avec la nature comme décor, dans la lumière du jour tombant, sur le bord d’un cours d’eau. Le défi de cette démarche est de rassembler un groupe de jeunes danseurs, un chorégraphe de métier et des compositeurs-interprètes afin qu’ils créent ensemble une courte forme chorégraphique évolutive en cinq jours.

J'ai assisté à la présentation du jour 3, hier soir. C'est tout simplement fantastique... et pendant 20 minutes - la température estivale aidant... - Chicoutimi semble s'être donné rendez-vous pour un événement attirant.

Tout d'abord le lieu... en quelque sorte le joyau (artificiel) de Chicoutimi, mis en valeur par ce groupe de danseurs fébriles tout de bleu vêtu, lien entre l'eau, le ciel et nous. Puis arrive la chorégraphe au charisme enchanteur, au regard perçant, scrutant chacun des gestes effectués, corrigeant les placements, l'expression, le rythme... sous les tests de sons de deux compositeurs, Guillaume Thibert et Pascal Beaulieu qui donneront le ton à l'ensemble dans des tonalités aqueuses portées par un tempo de vagues et de marées montantes. Et le spectacle commence!

Création appelée à évoluer, à se métamorphoser, à se nourrir de l'éphémère, cette représentation résonne comme une ôde à la vie, à la liberté... et au plaisir de la ville, du plein-air et du contact avec ce public de tout horizon. Déferlement de légèreté et d'appel au dépassement de soi.

Les danseurs: Joanie Boivin-Truchon, Mélisha Dawe, Jérémie Desbiens, Noëlle-Émilie Desbiens, Dany Desjardins, Julie Dubois-Gravel, Philippe Dufresne, Alexandra Jean- Savard, Émilie Girard, Georges-Nicolas Tremblay et Stéphanie Tremblay.

Il reste deux présentations... à ne pas manquer! Ce soir et demain soir, à 19h!

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Vous pouvez lire le compte-rendu publié dans Le Quotidien de ce matin, Exercice relâché, rythmé et urbain, par Isabelle Labrie.

vendredi 22 août 2008

Clin d'oeil aux TH

Il y a quelques jours, Les Têtes Heureuses ont commencé a répéter pour leur nouvelle production, La Cerisaie de Tchekhov, qui sera présentée à compter du 16 octobre 2008... Ce même jour se terminait, à Québec, La Cerisaie du Théâtre des Fonds de Tiroir, mise en scène par le très connu metteur en scène Frédéric Dubois. Il s'agissait alors, si j'ai bien compris, d'une relecture drastique... jouée en plein air (sur le mode déambulatoire). En voici la publicité, pour l'esprit:

Suite de la suite de la suite...

Lu dans La Presse d'hier... Le premier article donne une synthèse de la chose culturelle canadienne... tandis que de l'autre émergent les soupçons et les questions.

Programmes culturels: au-delà des recommandations
(Hugo de GrandPré, La Presse, 21 août 2008)

L'argent de la culture pour faire parader la flamme olympique
(Marc Cassivi, La Presse, 21 août 2008)

jeudi 21 août 2008

À sec...


Olivier Besson, Les Répétitions, p. 433:

Il faudra sans doute un jour parler de la fatigue des répétitions, de la fatigue des metteurs en scène, des acteurs. Elle arrive, inattendue parfois au bout d'années de spectacles, pour peu de temps ou tel un poids qui ne cesse plus de peser, comme un épuisement, non de l'envie de travailler, mais beaucoup plus intimemenet du fait de se sentir vide et à sec. Quelque chose comme une indigestion, une lassitude bien au-delà des errances idéologiques d'une génération de créateurs troublés dans leurs principes mêmes de travail.

Non seulement il faut trouver, mais savoir retrouver. refaire pour inventer, et construire l'invention. [...] Tous les acteurs connaissent les joies de la découverte, et les difficultés de la retrouver afin de pouvoir refaire. L'envie de refaire, aussitôt, et le sentiment déjà de ne reproduire qu'une forme. La reproduisant pour ne pas la perdre, on espère retrouver le chemin qui y a mené. Et plus on refait à vide, plus la voie s'assèche, plus la formee se fossilise, se vide de sa substance. Refaire et ne rien tenir. La même douleur pour le metteur en scène. Et le sentiment que parfois cela tourne à vide, la pensée, les répétitions, le système de production.

[...] Avoir la force de piétiner sans fatigue, de ruminer sans amertume et de ne jamais baisser les bras. Et de travailler ses propres faiblesses, d'aller jusqu'au bout pour construire, même sur du vide de soi-même. Mais sur un vide vivant. Il faut avoir à la fois le désir irrépressible du coureur de 100 mètres, et la ténacité du marathonien. Répéter sans rabâcher, refaire sans faire à nouveau. S'obstineer sans s'entêter, avec souplesse, jamais en force.

[...] En répétition, l'épuisement du désir, c'est la mort du théâtre...

Et vlan!

mercredi 20 août 2008

Théâtre en plein air

Aménagement théâtralo-paysager

Hier avait lieu la première de deux représentations des ateliers du Théâtre Hors du Commun... Il s'agit d'un projet de Sarah Bernard qui, pour occuper son été (l'an dernier...), a choisi de donner des ateliers dehors, dans sa cour arrière, sur une petite scène aménagée à cet effet.

Cette année, neuf participants (groupe hétéroclite de 15 à x années) l'ont suivie... de mai à hier... à raison de deux heures par semaine (le mardi soir... à l'extérieur...) s'essayant, pour la plupart, à l'improvisation, à la scène, à l'apprentissage du texte... dans le plaisir, la convivialité... et la pluie!

Le spectacle consiste en un atelier public de 45 minutes (avec machine rythmique et diverses autres improvisations) suivi de la présentation des scènes travaillées (entres autres avec moi...).

Voici quelques photos:


Photo 1: italienne avant le début du spectacle. Photo 2: l'animatrice, Sarah Bernard.
Photo 3: les participants en attente. Photo 4: improvisation «2 répliques».


Photo 1: Les Boulingrin de Courteline. Photo 2: Le Gora de Courteline.
Photo 3
: Les Voisins de Claude Meunier. Photo 4: Ubu-roi d'Alfred Jarry.


En avant: Angie, Catherine, Marie
En arrière: Aurélie, Carol, Noémie, Fabien, Estelle, Vincent-Éric

mardi 19 août 2008

«Qu'est-ce que la poétique de l'art de l'acteur sur le plateau?»

Didier-Georges Gabily

Cette question (poétique dans le sens de technique), d'une complexe banalité, est posée par Didier-Georges Gabily (un metteur en scène contemporain bien en vue en France) à la page 378 de ce fameux livre sur les répétitions (bien justement titré Les Répétitions) dans lequel je suis plongé à temps partiel depuis... oh... depuis que je subis un état proche des vacances et auquel je fais référence dans ce blogue depuis quelques temps.

Bien entendu, il y a autant de réponses à cette interrogation qu'il y a de façons de faire et de metteurs en scène:

[L'acteur] n'est pas l'acteur de lui-même. Il est l'acteur d'une langue et puis après cela d'une poésie de plateau. Il y a un Autre immense sur le plateau: ce n'est pas le spectateur, c'est le plateau! S'ils (les acteurs) n'apprennent pas à le respirer, s'ils sont trop dans la peur, il y a une chose qui est coupée absolument.

Les meilleures réponses (d'ailleurs, il s'agit, un peu plus haut, de celle de Gabily) devraient être celles des comédiens... j'imagine. Moi, je réfléchis encore.

lundi 18 août 2008

Le «Clown» nouveau est arrivé!


Ça y est, c'est lancé!

Attendu par un peuple fébrile et vendu d'avance, nouveaux messies théâtraux de ce milieu athée, le Théâtre du Faux Coffre présente enfin, jusqu'au 6 septembre (pensez à réserver... car les places devraient s'envoler rapidement!) Barabbas dans la Passion, les origines du premier clown noir.

Spectacle de transition lente mais certaine vers un théâtre sans les Clowns (après tout, n'ont-ils pas été capturés à la fin de Roméo et Juliette...)? Rentreront-ils bientôt dans le moule?

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Avec Barabbas, les Clowns noirs font, cette fois, selon leurs dires, du vrai théâtre: pas de révolte directe (outre une introduction improvisée), pas de mise en contexte élaborée (outre les consignes d'usage, fort réussies)... et surtout, pas d'histoire mettant en vedette ce quinquet pour le moment quatuor. Les Trac, GrossoModo, Diogène et Piédestal ne sont là qu'acteurs, rien de plus! Aux oubliettes la brigade anti-culture (outre Stephen Harper)! Ils se paient le luxe, maintenant un peu subventionnés, de se faire mettre en scène et d'avoir un régisseur.

Que reste-t-il donc, alors, de l'esprit anarchique de ce groupe hors du commun? Beaucoup... différemment exprimé.

Ce spectacle est composé d'une histoire complète et autonome un peu à l'instar de La Farce de Maître Pathelin. À une (grande!) différence près: cette fois-ci, à part un numéro prophétique, les Clowns n'apparaîtront pas et laisseront toute la place aux personnages de la fiction. Pas d'interruption. Pas de décrochages qui ont contibué à la renommée du Faux Coffre.

Le texte de Martin Giguère ne leur fait pas de cadeau. Le but est manifestement ailleurs. De retour (après Job et Onan) dans une relecture biblique, entremêlant comme lui seul sait le faire les mythes et les événements, campant des personnages plus grands que nature, forts tout autant que fragiles, l'auteur crée une fable évangélico-théâtrale autour de la naissance de leur noir ancêtre dans un contexte christique: la naissance de Barabbas; dans l'intimité de Ponce Pilate; aperçu du songe prophétique de Claudia; les marchands du temple; les noces de Cana; la Passion; les miracles, etc. Bourré de références cultuelles et culturelles qui attiseront de plus en plus le plaisir du spectateur, ce texte (où l'on apprend naïvement que Jésus soupa chez Zachée...) est, en quelque sorte, le principal atout de ce spectacle.

Jérôme Sauvion a, quant à lui, eu pour mission la tâche un peu écrasante, de donner forme à cette matière, de reprendre en main une formule déjà éprouvée et de mettre en scène ce nouvel opus. L'effet obtenu est intéressant... surprenant et intéressant. Une mise en place plus ramassée (qui se bonifiera sans doute avec les représentations) et plus précise (d'autant plus que les Clowns n'ont pas à s'occuper de la technique... ce qui en même temps, brise un peu leur magie...), un jeu plus contrôlé (sur des bases, encore une fois, solides et assurées par chaque acteur), bref, un souffle nouveau. Une fougue apprivoisée... que doivent désormais apprivoiser les principaux intéressés.

D'autant plus que l'espace et la technique se complexifient. Après trois ans de jeu et d'exploitation d'une caisse en bois et de multiples accessoires, place aux décors! Un grand (et superbe) rideau de toile bleu, des praticables empilés recouverts d'une bâche, un carré de sable, une chambre à coucher romaine... et divers effets lumineux. L'imagination ne cède encore rien aux contingences du texte... toutefois, le tout se fait avec une propreté nouvelle, une cohésion d'ensemble, une réflexion passant par le même et unique oeil extérieur qu'était le metteur en scène.

Les performances des acteurs sont toujours à la hauteur et procurent encore et toujours au spectateur des rires, des attentes et une joie sans pareille. Trop en parler, dans ce cas-ci, serait trop en dire... Toujours est-il qu'il y a là une jouissance à les voir se faire succéder les personnages plus tordus les uns que les autres. Parmi eux, Christian Ouellet, le Barabbas originel, tire son épingle du jeu avec une aisance et une chimie qui se marient bien avec ses encombrants compagnons.

Oui, Barabbas dans la Passion marque un tournant (durable?) pour les Clowns noirs. S'effaceront-ils de plus en plus pour laisser un jour la place à leurs alter ego? S'assagiront-ils? À suivre... (À lire aussi, sur le blogue de Joël Martel, Le HD, c'est le théâtre)

dimanche 17 août 2008

Quand la culture perd des plumes...


Les nouvelles culturelles se sont littéralement bousculées cette semaine... et ça continue!

Après les annonces successives de coupures sauvages, l'honorable Ministre du Patrimoine canadien, Madame Josée Verner est sortie de son mutisme pour tenter de calmer le jeu... Pendant ce temps, la Ministre de la Culture et des Communication, la très débutante Christine Saint-Pierre lui répond par une missive un peu passive (tiens, la rime est riche! du moins plus que la Culture elle-même...). Le M.A.L. sort de ses gonds. Et l'autre Stéphane canadien, le Dion, reprend le thème à des fins pré-électoralistes (au moins, le sujet surgira-t-il enfin dans le véritable domaine politique... même si le leader est urticairisant!) pour mousser la candidature de son astronaute de candidat.

Pendant ce temps, voici ce qu'écrit Odile Tremblay, dans un édito de la section Culture du Devoir de ce samedi:

ANDOUILLE À ABATTRE

Osons un doute... Et si Stephen Harper n'avait pas pris la peine d'assister à la cérémonie d'ouverture des jeux de Pékin moins pour des motifs politiques que pour ne pas être obligé de se farcir un spectacle au complet...

[...] Sa politique culturelle apparaît aussi cohérente qu'implacable! Contrôler le contenu des oeuvres, éradiquer les têtes trop marginales, inféoder l'art aux visions du parti, comme, sous d'autres horizons, aux heures triomphantes du réalisme socaliste ou du maccarthysme, étouffer les voix fragiles de la relève et de l'expérimentation, empêcher la transmission du savoir, couper les routes de diffusion. [...] Retour à la censure, mais aussi haro sur la culture en général, si ce n'est à des fins de propagande et de divertissement.

[...] Aucune Ministre du Patrimoine, aussi éteinte soit-elle, ne peut en son for intérieur approuver la dislocation des structures culturelles sous sa gouverne, et on a peine à avaler ses arguties. Les directives doivent passer par-dessus la tête d'une ministre de paille, que son chef brûle politiquement comme chair à canon.

[...] Les protestations du milieu artistique à l'égard des suppressions de programmes d'Ottawa se révèlent particulièrement virulentes au Québec. et pour cause... Nous voici les premières victimes des coupes à blanc.

La rogne contre le Québec ne serait pas étrangère à certaines de ces compressions sauvages, de fait. Jean-Paul Picard, le responsable du secteur des arts de la performance chez le bientôt aboli PromArt confiait cette semaine au Globe and Mail que le programme était de toute façon déséquilibré parce que les fonds avaient surtout été versés à des créateurs du Québec. [...] Théâtre, danse, cinéma, etc. Le Québec mène le bal dans tant de secteurs culturels... par sa vitalité, certes, aussi parce que , moins inféodé à la culture américaine que le ROC - barrière de la langue oblige - il peut s'épanouir dans la différence. Alors oui, nous voici frappés de plein fouet.

Oui, ça grouille de partout... Et c'est pas fini... La guerre se prépare.

La semaine théâtrale

Tadeusz Makowski, Teatr dziecięcy, 1931, 54 x 65 cm, Muzeum Narodowe

Bon, cette fois je m'y mets sérieusement... Avec l'arrivée prochaine de la saison automnale, les événements se bousculent et le Théâtre entre en intense activité!

À compter de ce soir, 17 août (dimanche, lundi et mardi) jusqu'au 6 septembre, le Théâtre du Faux Coffre, véritable phénomène artistique dans la région, présente le quatrième opus des Clowns noirs: Barrabas dans la Passion. Le tout se passe à la Salle Murdock du Centre des Arts et de la Culture. Encore pleins de mystères entourent cette fable biblico-ludique... À découvrir pour partir la semaine du bon pied! (À lire, Découvrir les origines du Clown noir, d'Anne-Marie Gravel, Le Quotidien, 14 août 2008.)

Mardi et mercredi soir, Jimmy Doucet (vedette hebdomadaire de la section Arts du Progrès-Dimanche!) donne ses Rois pêcheurs à la Vieille Pulperie de Chicoutimi, à 20h, pour le plaisir de ses spectateurs qui passent là une soirée très drôle.

Ces mêmes soirs, les neufs participants aux ateliers de Sarah Bernard (le Théâtre Hors du Commun, présentent, dans la cour arrière de son nom illustre, le résultat de leur trois mois d'ateliers extérieurs, beau temps, mauvais temps...

De mercredi à samedi, à 20h30, le Théâtre La Rubrique entame sa troisième semaine de représentations de L'espace entre nous, mise en scène par Benoît Lagrandeur, avec Patrice Leblanc, Marie Villeneuve, Martin Gagnon et Sara Simard.

Enfin, Schème-Danse - compagnie de danse contemporaine saguenéenne sise à Montréal... ou presque... - propose au public saguenéen Osez!, un événement en danse contemporaine du 20 au 24 août prochain à 19 h sur la Zone portuaire de Chicoutimi. [...] Le défi de cette démarche est de rassembler un groupe de jeunes danseurs, un chorégraphe de métier (dans ce cas-ci, il s'agit de la très réputée Hélène Blackburn) et des compositeurs-interprètes afin qu’ils créent ensemble une courte forme chorégraphique évolutive en cinq jours. En moins d’une semaine, ces jeunes artistes vont interagir sous la direction du chorégraphe avec l’obligation de présenter, dès le premier soir, vingt minutes de création.

Bonne semaine et allons voir du théâtre!



samedi 16 août 2008

Des hauts et des bas

Portrait de Meyerhold par Petr Vil'iams, 1925

Paroles prononcées par Meyerhold, dans les années 20, qui pourraient et devraient être encore le leitmotiv du théâtre que l'on fait au XXIième siècle:

SI LE THÉÂTRE D'AUJOURD'HUI NE MEURT PAS, C'EST QU'IL RECÈLE ENCORE DES SÈVES VIVIFIANTES. QU'ON L'ACHÈVE S'IL EST CONDAMNÉ, MAIS QU'ON LE RANIME S'IL EST VIABLE! (Meyerhold, Écrits sur le théâtre Tome II, Éd. L'Âge d'homme, 1974, Lausanne, p.51)

Il est des jours, particulièrement quand on nous annonce des coupures un peu partout dans le domaine culturel, où il me semble être au prise avec un art surrané voire inutile... Fondamentalement, j'y crois. Et pourtant, la raison et la logique se mettent en travers de ma route...

vendredi 15 août 2008

À la suite des autres...

Caricature: Garnotte, Le Devoir, vendredi 15 août 2008

Pour conclure le thème de la semaine, la boucherie culturelle fédérale, quoi de mieux qu'une entrevue avec Josée Verner qui, pour ceux qui l'ignore, est notre digne ministre de la Culture à Ottawa... de son vrai titre, Ministre du Patrimoine canadien, de la Condition féminine et de la Francophonie). C'est donc de son côté que se produisent les exactions financières... alors soit elle les approuve (ce qui est, entre nous, est un peu stupéfiant); soit elle n'a aucun mot à dire et se voit priver de fonds dédiés à la culture (ce qui, entre nous, est encore plus déstabilisant)... Voyons donc ce qu'elle en dit:

Coupes en série: Josée Verner s'explique (Marc Cassivi, La Presse, 15 août 2008)



Nouvelle compagnie de théâtre


Hé bien! Primeur: voilà qu'une nouvelle compagnie (?) de théâtre pointe le nez dans le milieu culturel: le Théâtre de la Sarbacane, réunissant les Sébastien Bouchard, Jérémie Desbiens, Alexandre Larouche, Marie-Ève Lemire et Marilyne Renaud. Leur première production (il s'agit en fait d'une présentation publique suite à une subvention du CALQ - volet Recherche et création), Le Sarcabaret (affiche), sera présentée les 11-12 et 13 septembre 2008, à la Salle Marguerite-Tellier. On nous y promet le sarcasme servi sur un plateau!

Connaissant bien ces comédiens pour avoir travaillé avec la plupart d'entre eux, l'exploration de ce genre va de soi; il ne pouvait en être autrement: la chanson, la chorégraphie et les numéros ne font qu'un avec eux... Les cabarets, music-halls et les revues les stimulent depuis le début de leur carrière universitaire... Merde à eux!



jeudi 14 août 2008

Suite du carnage culturel au fédéral

Gravure de Richard Newton représentant la tête du guillotiné mordant le doigt de son bourreau. XVIIIe

Dans la suite infernale des derniers jours, voici ce que nous apprenons sur le blogue de Marc Cassivi, chroniqueur à la Presse:

Aujourd'hui, ma collègue Nathaëlle Morissette nous informe que le Fonds canadien du film et de la vidéo indépendants, le Programme du long métrage (volets éducation et accès) et le Programme de souvenirs de musique du ministère du Patrimoine vont aussi disparaître à la fin de la présente année financière.

Ça donne froid dans le dos à la longue... Plus les jours passent et plus on entend de plus en plus distinctement le souffle de la hache dans le coup de nos organismes culturels! Bravo à Josée Verner et son équipe pour leur colonne vertébrale élastique.
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Pour de plus amples détails, rapportez-vous à:

Billet du 12 août 2008
Billet du 13 août 2008
Blogue de Marc Cassivi (14 août 2008)
Coupe à Ottawa: sept programmes tombent (article de N. Morissette, La Presse, 14 août 2008)
Le milieu artistique dénonce les coupures du fédéral en culture (La Presse canadienne, 14 août 2008)
Le monde du livre dénonce l'absurdité (Paul Journet, La Presse, 14 août 2008)

L'espace entre nous... et eux

Image © Pravda, 2005

Je me suis rendu, hier soir, soir de reprise avec un public peu coopératif (aléa déconcertant de la comédie), à la Salle Pierrette-Gaudreault afin d'assister à la toute dernière production du Théâtre La Rubrique: L'espace entre nous, de Nico Gagnon, comédie dramatique assez proche - par le ton, la structure et le propos où la cellule familiale est mise de l'avant (avec tout ce que cela comporte de frictions, accrocs, remises en question, secrets et mise à l'épreuve par les autres) - des Le Désir, Pierre et Marie... et le Démon, Jacynthe Rioux, 609 Saint-Gabriel et Toilette de soirée déjà montés par cette compagnie. «On choisit ses amis mais rarement sa famille» rappelle l'auteur en citant Renaud. Par chance, serait-on tenté de répondre.

Deux frères et une soeur se retrouvent au chalet de leur père avec une amie d'enfance... L'espace est littéralement entre eux. Ces retrouvailles (parce que c'en sont...) se déroulent sur fond de règlements de compte, de chocs émotifs et de ponctuations X-Filesiennes.

À la barre de ce spectacle, Benoit Lagrandeur... de retour à la mise en scène après quelques années de jeu (je crois, si je ne m'abuse, que sa dernière était en 2004), entouré de son triumvirat habituel - Serge Lapierre aux décors et costumes, Alexandre Nadeau à la lumière et Michel Côté au son. Comme metteur en scène, Benoit Lagrandeur se montre soucieux de respecter l'auteur. «Je veux que les gens ressentent ce que l'auteur a voulu exprimer. L'auteur se demande: est-ce que je peux être créé avant d'être relu?» Sa mise en scène se veut fidèle à la pensée du dramaturge. (Christiane Laforge, Progrès-Dimanche, 3 août 2008) Quelques passages sont surprenants... comme cette scène en accéléré qui fera mouche à tout coup.

Sur scène, quatre comédiens s'amusent... critère de succès pour ce type de théâtre: Patrice Leblanc, toujours aussi vivant et déchaîné sur scène; Martin Gagnon (avec cheveux!) soutenant un personnage engoncé dans les principes de vie sains, les corrections et la lourdeur de sa conjointe; Marie Villeneuve guidant avec assurance tant les numéros solos dans la voiture que la suite de l'histoire dès qu'elle est en scène; et enfin, la superbe Sara Simard dont la voix, le jeu, la présence et la beauté sont comme une lichée de Maple Spread... Tous campent solidement et avec une évidente aisance leur personnage (et une folie que j'imagine exutoire lors des flashs-backs... mélange de surjeu et d'échos de fous rires en répétition), quasi archétypes de la comédie humaine, présentant l'ambitieux qui rate sa vie, le raté qui réussit, la sûre d'elle-même déchue, la toujours «laissée pour compte» maîtresse de sa propre personne.

L'espace (signé par Serge Lapierre) est constitué principalement d'un intérieur de chalet typique des années 70-80, en préfinis bruns avec un hors-scène intérieur et un hors-scène extérieur dans lequel se retrouve également une voiture (et dans la voiture, un micro...). Le tout comporte des sections transparentes (grillage, «fenêtres», porte) qui donnent ainsi une marge de manoeuvre fort intéressante pour les éclairages d'Alexandre Nadeau qui s'en donne à coeur joie dans des effets dignes de The Twilight Zone. Ses passages au passé sont tout aussi intéressants...Bref, l'ensemble se tient et crée une atmosphère soutenue par une trame sonore toute des années 80 construite.

C'est un théâtre d'été bien conventionnel, divertissant bien qu'un peu long, qui plaira sans doute à beaucoup de gens. Je me permettrai une seule question en terminant concernant un élément de surprise dont j'ai dû manquer la source à quelque part: pourquoi Émilie Gilbert-Gagnon vient-elle saluer à la fin (je sais qu'elle était assistante à la mise en scène... ... ...)? Et après la question, la (bonne) surprise de taille... Je ne sais si les gens remarqueront, à la fin des remerciements du programme, cette petite phrase assassine que je restitue ici de mémoire qui prouve l'engagement de La Rubrique dans le milieu culturel: merci aux artistes et artisans qui compensent par leur générosité les compressions gouvernementales...


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Voici les critiques qui sont parues depuis la semaine dernière:
Bon bonbon (Jean-François Caron, Voir)
Une pièce rafraîchissante (Anne-Marie Gravel, Le Quotidien)

mercredi 13 août 2008

Conférence de presse mouvementée

Avec toute la verve qu'on leur connaît, les Clowns noirs ont présenté ce matin leur toute dernière création à la presse mondiale à défaut d'être locale... (notons toutefois la présence de Mesdames Gravel du Quotidien et Patry de CKTV... et de représentants des Paris-Match, Pravda et New-York Times!):

BARRABAS DANS LA PASSION
les origines du premier clown noir

Suite à une découverte fabuleuse dans leur sempiternel coffre, les manuscrits de Zachée - authentifiés par un spécialiste français et une datation à la manière de Carbone 14 -, cette troupe de sombres bouffons cyniques de la culture promettent rien de moins qu'un effondrement des croyances théâtrales en dévoilant, grâce aux bons soins de la traduction de Diogène, l'origine du tout premier clown noir.

Pour compléter leur distribution (Contrecoeur ayant été gardé en prison à la suite des représentations de l'an dernier), une nouveauté annoncée en grande pompe par le directeur général de la compagnie sous l'excitation contagieuse des noirs compagnons: une superstar (régionale) a été littéralement réquisitionnée et amenée ligotée sur un diable. En effet, pour attirer les foules qui accourent dès l'annonce d'un nom connu, ils ont mis le grappin sur Christian Ouellet, déjà fort connu de mes augustes lecteurs...


Crédit des 4 premières photos: Jean-François Caron... l'autre est de Moïra Scheffer-Pineault

Avec, en plus, l'arrivée d'un metteur en scène (!) français, Jérôme Sauvion, pour diriger la troupe dans cette aventure, les promesses se font donc nombreuses!

Alors, pour partir la semaine du bon pied (les premières représentations étant échelonnées du dimanche au mardi), il faut assister au spectacle du Faux Coffre!

Répéter c'est...

Watteau : L'amour au théâtre italien. Huile sur toile. Berlin, Gemäldegalerie.

Un autre extrait tiré de l'ouvrage dirigé par Georges Banu portant sur les répétitions, le processus de création:

En répétition, «il faut laisser venir les choses - dit Jacques Lasalle -, consentir à l'avènement de l'inattendu. Il faut savoir raisonner de manière intuitive; après, on peut trouver des explications rationnelles». Parfois, ce qu'on trouve (et qu'on fixe) s'avère être quelque chose d'imprévu. C'est justement ce que Pirandello, dans son essai sur l'humour, appelait la plus-value à venir des textes littéraires, et ce que Marcel Duchamp a défini comme le coefficient d'art personnel contenu dans une oeuvre. Il s'agit de la différence entre l'intention de l'artiste et sa réalisation, entre ce qu'il avait projeté de réaliser et ce qu'il a réalisé, entre ce qui est exprimé mais projeté et ce qui est exprimé intentionnellement.

Les Répétitions, p.328



Suite du billet précédent...

Voici les résultats (merci Vicky!) d'un sondage publié dans le Globe and mail hier, pour savoir comment la population canadienne réagit aux coupures actuelles dans le secteur culturel:

Do you agree with Ottawa's decision to cut funding for Canadian artists working abroad?

Yes

56% - 6142 votes
6142 votes

No

44% - 4899 votes

Encore une fois, il est angoissant de voir avec quelle facilité le gouvernement se permet de telles initiatives... et terrorisant de constater qu'il obtient, pour cela, l'appui d'une majorité de la population...

Voici la réaction de Marc Cassivi, journaliste (ou chroniqueur) de La Presse.

Mais ce n'est encore rien... Encore une fois, ce matin, dans l'exploration journalistique quotidienne, une petite nouvelle accroche un nouveau soupir de découragement:

La vague de compressions fédérales en culture se poursuit. C'est maintenant au tour de deux institutions québécoises, l'Institut national de l'image et du son (INIS) et la Société des arts technologiques (SAT) d'écoper lourdement.

Après PromArt, le gouvernement conservateur abolit deux autres programmes: le Programme national de formation dans le secteur du film et de la vidéo (PNFSFV) et le Fonds des réseaux de recherche sur les nouveaux médias (FRRNM). Ils disparaîtront tous deux le 31 mars prochain.
(Paul Journet, La Presse, 13 août 2008)


mardi 12 août 2008

Le Gouvernement fédéral sabre allégrement des les budgets culturels

Désolé... j'ignore qui est l'auteur de cette B.D.

Franchement, c'est un peu angoissant...

Après la tentative (heureusement manquée!) d'intégration d'un nouveau critère de sélection pour l'attribution de subvention aux productions cinématographiques se rapprochant dangereusement de la censure, on apprenait, dans Le Devoir du samedi, 9 août 2007, que le gouvernement Harper abolit un programme [Promotion des arts] de 4.7 millions de dollars qui permettait aux artistes et intellectuels d'ici de se produire à l'étranger. Ce programme sert uniquement à financer les tournées à l'étranger d'artistes canadiens. Officiellement, le Programme promotion des arts est annulé parce que «le gouvernement s'est engagé à faire preuve de discipline budgétaire». [...] Une source conservatrice très bien placée a expliqué au Devoir que le programme était aboli parce qu'il avait financé les voyages d'artistes ou de groupes qui ne faisant pas consensus... que l'équipe de Stephen Harper n'aime pas que des figures «radicales» ou«marginales» se fassent ambassadeurs culturels du pays sur le globe.

Ce matin, toujours dans le Devoir, il est annoncé que le gouvernement conservateur a «annoncé» cette fin de semaine la suspension d'un deuxième programme de soutien aux arts [Routes commerciales]. Une décision qui ébranle et choque (encore) le milieu culturel. Ce programme aidait les organismes culturels à se préparer à exporter leurs produits et services sur les marchés internationaux. La raison: inconnue... d'autant plus que ce programme, tout comme le programme Promotion des Arts, était fort bien coté par le milieu.

Selon Martin Faucher, président du Conseil Québécois pour le Théâtre, Ottawa envoie des messages catastrophiques au milieu culturel depuis plusieurs mois. On a l'impression qu'ils veulent tout contrôler, à l'intérieur comme à l'extérieur.

À quand les prochaines coupures qui nous toucherons directement?

Promouvoir le théâtre...


La quasi défunte Académie Québécoise du théâtre (qui prenait en charge, jusqu'à tout récemment l'organisation du Gala des Masques...) avait comme mission fondamentale la promotion du théâtre: l’AQT a pour mandat de promouvoir le théâtre, de favoriser son développement et de mettre en valeur l'excellence de ses praticiens. Depuis quelques années, malheureusement, ce regroupement (au faîte de sa jeune gloire, l'AQT réunissait une dizaine d'associations et représentait ainsi pratiquement tous les praticiens) a du plomb dans l'aile et boite ridiculement (sur ce point, vous auriez dû voir la triste performance de Vincent Bilodeau, président actuel, lors des États Généraux d'octobre dernier...).

Et pourtant, les intentions, les objectifs de l'Académie étaient fort louables.

C'est ce genre, justement, d'intentions et d'objectifs qui manquent ici, dans la région... Toutes les compagnies, tous les artistes et artisans travaillent chacun pour soi. Encore aucun projet de concertation n'a encore pu voir le jour. Il y a, bien sûr, les tables de compétence du CRC qui malheureusement n'ont encore jamais débouché sur quelque chose de concret (il s'agit, en fait, plus d'un lieu d'échanges d'informations). Il y a, sporadiquement, des tentatives (qui avortent plus souvent qu'autrement!) d'union pour des projets spécifiques comme, par exemple, pour une promotion commune des théâtres d'été 2008. Un jour, j'imagine que ce sera le temps...

Même si les compagnies, les artistes et les artisans d'ici n'ont pas toutes les mêmes infrastructures, les mêmes moyens financiers, les mêmes missions... il serait peut-être temps - surtout si on se fie au fait que, malgré l'évolution des dix-quinze dernières années, très peu de gens connaissent l'existence de troupes et compagnies régionales - que le milieu s'unisse pour frapper un grand coup dans l'espace promotionnel saguenéen... Du moins, c'est mon opinion.

lundi 11 août 2008

Troupes et compagnies

© Collections Comédie-Française
Molière et les caractères de ses comédies
par Edmond Geffroy, sociétaire de la Comédie-Française
Huile sur toile 158 x 170 cm. En bas à gauche, Molière, «le contemplateur»

Il est des moments, comme ça, où j'aimerais définitivement faire partie d'une troupe de théâtre, d'un ensemble solide et créatif.

La troupe est un rassemblement de personnes avec un même idéal théâtral, un idéal commun sur une longue durée. C'est un investissement artistique à long terme. Elle est une cellule homogène et unie, un cercle relativement fermé (sans toutefois être imperméable) qui permet un véritable travail d'approfondissement, de questionnement collectif pour faire avancer une démarche comprise et partagée par tous: chacun de ses membres est impliqué dans chacune des productions qui se font, pratiquement, en parfaite autarcie, du moins, en général. Ici au Saguenay, outre les collectifs comme la Tortue Noire ou la Chasse Pinte, il n'y a qu'une seule et unique troupe: le Théâtre du Faux Coffre... Les plus grandes maisons théâtrales du monde fonctionnent sous ce principe: la Schaubhüne de Berlin, le Berliner Ensemble, la Comédie-Française, le Théâtre du Soleil, etc.

Puis il y a les compagnies, forme sous laquelle fonctionne généralement le milieu saguenéen (les Têtes Heureuses, la Rubrique, le C.R.I., les 100 Masques, les Amis de Chiffon). Ce sont des organismes composés presque exclusivement d'une direction plus ou moins importante qui prend en charge les programmations et les équipes de production qui, du coup, sont marquées du sceau de l'éphémère et du ponctuel. Les comédiens et concepteurs deviennent, en quelques sortes, des mercenaires, des sous-contractants: la rigueur et l'implication est une question de contrats et d'horaires. Le travail de longue haleine, bien que pas nécessairement impossible, est plus difficile à planifier dans cette structure artificielle. La symbiose entre les membres de chaque équipe devient alors une coïncidence heureuse.

La troupe est un milieu social, un milieu de vie alors que la compagnie demeure un projet temporaire, un travail. Bon, il est vrai que rien n'est parfait en ce monde. Et que l'herbe est toujours plus verte chez le voisin (quoique cette année, avec toute cette pluie, la verdure à bien verdit partout...). N'empêche que parfois, l'idée de faire partie d'une communauté comblerait un vide qui ne cesse de s'étendre...

dimanche 10 août 2008

Les Robins des bois - «Goldorak»

Pour les amants nostalgiques (je pense ici particulièrement à Nada) de ce gros robot, j'offre ce sketch des Robins des bois (et de la magnifique Marina Foïs qui joue la metteure en scène): l'ironique adaptation théâtrale de ce monument du dessin animé:



Les Robins des bois sont, en quelques sortes, les 100 Limites, les RBO de l'Hexagone...

L'année des théâtres d'été?

Voici, en lien, deux articles signés par Anne-Marie Gravel, parus dans le Progrès-Dimanche de ce matin, relatant les hauts et les bas des différentes expériences estivales. Un tour d'horizon quasi exhaustif de tout ce qui s'est fait en région depuis le mois de juin:

Les théâtres d'été tirent profit du mauvais temps
Un petit baume sur quelques années difficiles

Par ailleurs, dans ce même journal, dans la rubrique Édito de la section «culture», on peut lire trois réactions à la (véritable) critique de Christiane Laforge portant sur l'exposition en cours au Centre des Arts et de la Culture, paru dans Le Quotidien du 2 août. Trois points de vue assez concordants... Comme quoi la critique a encore un rôle à jouer dans notre milieu culturel.

samedi 9 août 2008

«Une pièce rafraîchissante»

Ce matin, paraît dans le Quotidien une critique (malheureusement, le nom de la journaliste n'apparaît pas sur Cyberpresse...) de la toute nouvelle production de la Rubrique, L'Espace entre nous:

Martin Gagnon et Patrice Leblanc
Photohraphie: Le Quotidien, Sylvain Dufour
Tirée de Cyberpresse.ca

JONQUIÈRE Des personnages savoureux, des textes efficaces et une bonne dose d’humour, le cocktail idéal pour un théâtre d’été réussi et rafraîchissant. Une recette que le Théâtre La Rubrique sert au public à qui il offre, jusqu’au 30 août, la comédie «L’Espace entre Nous».

«L’Espace entre Nous» c’est d’abord une histoire de famille. C’est la rencontre impromptue entre deux frères, puis l’arrivée inattendue d’une amie de jeunesse et de la cadette de la famille. C’est l’histoire de trois enfants qui se retrouvent au chalet familial à la demande de leur père, chacun transportant ses démons et ses problèmes dans ses bagages. La cellule familiale n’a rien de simple et la réunion donne lieu à des moments de tendresse comme à l’explosion des différends. Mais, bien qu’éloignés par les années qui passent et leurs différences, les trois enfants demeurent unis par des liens invisibles à l’oeil.

Les quatre comédiens de la pièce de Nico Gagnon donnent vie à leurs personnages, tous aussi intéressants et attachants les uns que les autres, avec justesse.

Il y a d’abord Denis (Martin Gagnon), un enseignant terre-à-terre, coincé, rationnel. Un père de famille. L’aîné qu’on associe à la réussite, mais qui, en réalité, est un homme malheureux contrôlé par sa femme.

Puis Kevin (Patrice Leblanc), le plus jeune des deux frères qui ne mène rien à terme. Le célibataire qui frôle la trentaine réserve toutefois des surprises de taille à sa famille.

Nadia (Sara Simard) est une amie d’enfance, ancienne championne de trampoline. Celle que tous admiraient, qui s’adonne aux mélanges des proverbes et dictons, mais qui ne mène pas une vie aussi heureuse qu’on pourrait le croire.

Puis finalement, Marie-Andrée (Marie Villeneuve), la cadette, rêve de devenir paparazzi. La jeune femme semble habitée d’une rage envahissante.

Les comédiens s’expriment dans un langage familier, parfois vulgaire, mais qui ne frôle jamais l’exagération. Les sacres ne sont pas gratuits. Dans cette production, chaque réplique à sa raison d’être.

La comédie, mise en scène par Benoît Lagrandeur, directeur artistique de La Rubrique, se déroule dans le chalet familial. Lieu que les enfants ont déserté depuis des années. Le décor qui habite toute la scène rappelle le chalet de notre enfance. Le lit à deux étages, la radio défectueuse, les vieilles chaises aux couleurs mal assorties...

La musique occupe une place importante dans la production. C’est l’élément qui permet de passer d’une époque à l’autre, alors que les personnages nous font témoins de leur passé. Mariée à l’éclairage, la musique permet des voyages efficaces dans les années 80.

«Like a virgin», «Life is life», «The wall», «Hit Me With Your Best Shot» et autres chansons qui ont marqué le temps ponctuent la pièce avec justesse, installant un rythme entraînant.

Le jeu des comédiens, l’utilisation des éclairages et la musique réunis donnent lieu à une scène en accéléré particulièrement réussie. Un tour de force de l’équipe qui provoque la surprise et l’hilarité chez les spectateurs.

La production rappelle qu’on choisit ses amis, mais pas sa famille et se veut une belle occasion de partager une soirée de rires et de détente en bonne compagnie.