Image © Pravda, 2005
Je me suis rendu, hier soir, soir de reprise avec un public peu coopératif (aléa déconcertant de la comédie), à la Salle Pierrette-Gaudreault afin d'assister à la toute dernière production du Théâtre La Rubrique: L'espace entre nous, de Nico Gagnon, comédie dramatique assez proche - par le ton, la structure et le propos où la cellule familiale est mise de l'avant (avec tout ce que cela comporte de frictions, accrocs, remises en question, secrets et mise à l'épreuve par les autres) - des Le Désir, Pierre et Marie... et le Démon, Jacynthe Rioux, 609 Saint-Gabriel et Toilette de soirée déjà montés par cette compagnie. «On choisit ses amis mais rarement sa famille» rappelle l'auteur en citant Renaud. Par chance, serait-on tenté de répondre.
Deux frères et une soeur se retrouvent au chalet de leur père avec une amie d'enfance... L'espace est littéralement entre eux. Ces retrouvailles (parce que c'en sont...) se déroulent sur fond de règlements de compte, de chocs émotifs et de ponctuations X-Filesiennes.
À la barre de ce spectacle, Benoit Lagrandeur... de retour à la mise en scène après quelques années de jeu (je crois, si je ne m'abuse, que sa dernière était en 2004), entouré de son triumvirat habituel - Serge Lapierre aux décors et costumes, Alexandre Nadeau à la lumière et Michel Côté au son. Comme metteur en scène, Benoit Lagrandeur se montre soucieux de respecter l'auteur. «Je veux que les gens ressentent ce que l'auteur a voulu exprimer. L'auteur se demande: est-ce que je peux être créé avant d'être relu?» Sa mise en scène se veut fidèle à la pensée du dramaturge. (Christiane Laforge, Progrès-Dimanche, 3 août 2008) Quelques passages sont surprenants... comme cette scène en accéléré qui fera mouche à tout coup.
Sur scène, quatre comédiens s'amusent... critère de succès pour ce type de théâtre: Patrice Leblanc, toujours aussi vivant et déchaîné sur scène; Martin Gagnon (avec cheveux!) soutenant un personnage engoncé dans les principes de vie sains, les corrections et la lourdeur de sa conjointe; Marie Villeneuve guidant avec assurance tant les numéros solos dans la voiture que la suite de l'histoire dès qu'elle est en scène; et enfin, la superbe Sara Simard dont la voix, le jeu, la présence et la beauté sont comme une lichée de Maple Spread... Tous campent solidement et avec une évidente aisance leur personnage (et une folie que j'imagine exutoire lors des flashs-backs... mélange de surjeu et d'échos de fous rires en répétition), quasi archétypes de la comédie humaine, présentant l'ambitieux qui rate sa vie, le raté qui réussit, la sûre d'elle-même déchue, la toujours «laissée pour compte» maîtresse de sa propre personne.
L'espace (signé par Serge Lapierre) est constitué principalement d'un intérieur de chalet typique des années 70-80, en préfinis bruns avec un hors-scène intérieur et un hors-scène extérieur dans lequel se retrouve également une voiture (et dans la voiture, un micro...). Le tout comporte des sections transparentes (grillage, «fenêtres», porte) qui donnent ainsi une marge de manoeuvre fort intéressante pour les éclairages d'Alexandre Nadeau qui s'en donne à coeur joie dans des effets dignes de The Twilight Zone. Ses passages au passé sont tout aussi intéressants...Bref, l'ensemble se tient et crée une atmosphère soutenue par une trame sonore toute des années 80 construite.
C'est un théâtre d'été bien conventionnel, divertissant bien qu'un peu long, qui plaira sans doute à beaucoup de gens. Je me permettrai une seule question en terminant concernant un élément de surprise dont j'ai dû manquer la source à quelque part: pourquoi Émilie Gilbert-Gagnon vient-elle saluer à la fin (je sais qu'elle était assistante à la mise en scène... ... ...)? Et après la question, la (bonne) surprise de taille... Je ne sais si les gens remarqueront, à la fin des remerciements du programme, cette petite phrase assassine que je restitue ici de mémoire qui prouve l'engagement de La Rubrique dans le milieu culturel: merci aux artistes et artisans qui compensent par leur générosité les compressions gouvernementales...
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Voici les critiques qui sont parues depuis la semaine dernière:
Bon bonbon (Jean-François Caron, Voir)
Une pièce rafraîchissante (Anne-Marie Gravel, Le Quotidien)
Deux frères et une soeur se retrouvent au chalet de leur père avec une amie d'enfance... L'espace est littéralement entre eux. Ces retrouvailles (parce que c'en sont...) se déroulent sur fond de règlements de compte, de chocs émotifs et de ponctuations X-Filesiennes.
À la barre de ce spectacle, Benoit Lagrandeur... de retour à la mise en scène après quelques années de jeu (je crois, si je ne m'abuse, que sa dernière était en 2004), entouré de son triumvirat habituel - Serge Lapierre aux décors et costumes, Alexandre Nadeau à la lumière et Michel Côté au son. Comme metteur en scène, Benoit Lagrandeur se montre soucieux de respecter l'auteur. «Je veux que les gens ressentent ce que l'auteur a voulu exprimer. L'auteur se demande: est-ce que je peux être créé avant d'être relu?» Sa mise en scène se veut fidèle à la pensée du dramaturge. (Christiane Laforge, Progrès-Dimanche, 3 août 2008) Quelques passages sont surprenants... comme cette scène en accéléré qui fera mouche à tout coup.
Sur scène, quatre comédiens s'amusent... critère de succès pour ce type de théâtre: Patrice Leblanc, toujours aussi vivant et déchaîné sur scène; Martin Gagnon (avec cheveux!) soutenant un personnage engoncé dans les principes de vie sains, les corrections et la lourdeur de sa conjointe; Marie Villeneuve guidant avec assurance tant les numéros solos dans la voiture que la suite de l'histoire dès qu'elle est en scène; et enfin, la superbe Sara Simard dont la voix, le jeu, la présence et la beauté sont comme une lichée de Maple Spread... Tous campent solidement et avec une évidente aisance leur personnage (et une folie que j'imagine exutoire lors des flashs-backs... mélange de surjeu et d'échos de fous rires en répétition), quasi archétypes de la comédie humaine, présentant l'ambitieux qui rate sa vie, le raté qui réussit, la sûre d'elle-même déchue, la toujours «laissée pour compte» maîtresse de sa propre personne.
L'espace (signé par Serge Lapierre) est constitué principalement d'un intérieur de chalet typique des années 70-80, en préfinis bruns avec un hors-scène intérieur et un hors-scène extérieur dans lequel se retrouve également une voiture (et dans la voiture, un micro...). Le tout comporte des sections transparentes (grillage, «fenêtres», porte) qui donnent ainsi une marge de manoeuvre fort intéressante pour les éclairages d'Alexandre Nadeau qui s'en donne à coeur joie dans des effets dignes de The Twilight Zone. Ses passages au passé sont tout aussi intéressants...Bref, l'ensemble se tient et crée une atmosphère soutenue par une trame sonore toute des années 80 construite.
C'est un théâtre d'été bien conventionnel, divertissant bien qu'un peu long, qui plaira sans doute à beaucoup de gens. Je me permettrai une seule question en terminant concernant un élément de surprise dont j'ai dû manquer la source à quelque part: pourquoi Émilie Gilbert-Gagnon vient-elle saluer à la fin (je sais qu'elle était assistante à la mise en scène... ... ...)? Et après la question, la (bonne) surprise de taille... Je ne sais si les gens remarqueront, à la fin des remerciements du programme, cette petite phrase assassine que je restitue ici de mémoire qui prouve l'engagement de La Rubrique dans le milieu culturel: merci aux artistes et artisans qui compensent par leur générosité les compressions gouvernementales...
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Voici les critiques qui sont parues depuis la semaine dernière:
Bon bonbon (Jean-François Caron, Voir)
Une pièce rafraîchissante (Anne-Marie Gravel, Le Quotidien)
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