jeudi 26 mars 2020

Le retour du radiothéâtre!

Une des choses étonnantes de cette étrange période qui nous afflige, c'est l'intérêt porté à un genre théâtral parfaitement désuet mais ô combien efficace quand la distanciation et le confinements sont la norme: le radiothéâtre

Petit détour par Le dictionnaire encyclopédique du théâtre de Michel Corvin...

À son apogée, la radio avait recours à la forme dramatique pour toutes sortes d'émissions, tandis que le théâtre radiophonique proprement dit s'est révélé d'une extrême souplesse, capable d'exprimer le réel ou bien l'onirisme le plus subjectif. Attirés par cette souplesse, les auteurs ont su exploiter la spécificité du genre pour entraîner l'adhésion d'un auditeur invisible. 

Aux USA, la première pièce radiophonique est diffusée en 1922; la Grande-Bretagne et la France suivent en 1924, l'Allemagne en 1925. [...]

[...] Les prétendues limites du genre sont aussi des atouts car, comme le suggèrent les divergences terminologiques, le théâtre radiophonique se retrouve au carrefour des arts, capables de faire passer l'émotion la plus intime ou la science-fiction, le quotidien ou le surréel.

Au Québec, le radiothéâtre a tenu le haut du pavé pendant de nombreuses années. Voici, d'ailleurs, un petit tableau statistique (tiré de L'Annuaire théâtral no.5-6, automne 1988), pour montrer la courbe de son évolution:



Il y a quelques jours, ICI Première a annoncé en grande pompte qu'elle diffuserait la production Mademoiselle Julie de Strindberg qui devait prendre l'affiche au TNM... avec, apparemment, un très grand succès d'audience. (On peut retrouver le balado ici.)

La chaîne remet donc ça, ce soir, 20h, en présentant Encore une fois si vous permettez de Michel Tremblay qui a été présenté chez Duceppe il y a quelques temps. Dès demain, ce sera possible de faire du rattrapage via l'application OhDio.

Ce serait bien de voir la chose se répéter encore et encore et encore bien au-delà de la pandémie...

Texte en cours!


Le confinement a ça de bénéfique: il peut ouvrir une brèche où la fiction peut poindre et se déployer sur des dizaines de pages. 

Depuis quelques jours déjà, je suis entré presque accidentellement en période de création. Sur un filon qui trouve des échos dans plusieurs de mes textes antérieurs... que ce soit Le choeur du pendu, MADAME, Trou noir ou Empire... Comme une communauté de pensée - une obsession - qui les lie.

Une pièce, donc, est en cours. D'un tout autre style que les plus récents... avec un retour à une certaine prolixité!

Un premier jet a été rapidement rédigé. La partie la plus facile (et, au final, la moins stimulante). Comme pour mettre en place les idées générales, le chemin dramatique, le ton. Un plan, en quelques sortes, très détaillé, il va sans dire... mais quand même un plan. La version originelle! 

Mais de là le véritable travail d'écriture commence. Celui qui me passionne. Celui qui s'étirera sur plusieurs jours, plusieurs semaines... voire plusieurs mois. Entre deux pauses, deux autres projets. Sans échéance d'une production. 

Un travail par couches successives... une écriture quasi palimpseste. Une écriture par protubérances et enflures! Une écriture comme une oeuvre peinte... par petites touches, par ajouts... comme pour donner une impression, une couleur d'ensemble. Une écriture qui repart très souvent de la première ligne pour repasser sur l'ensemble. Des lectures innombrables. Pour valider le cadre. Le rendre efficace et cohérent. Corriger les détours du récit. Approfondir les enjeux. Redresser les lancées verbales. Insérer des leitmotivs, des boucles, des motifs. Peaufiner les liens d'un tableau à l'autre. Rechercher le mot juste, le mot étonnant. Façonner les expressions. Construire les images mentales. Ciseler le rythme du phrasé et de la respiration.