vendredi 30 avril 2010

Maladresse

Quelle étrange discours que celui de Pierre Mazurette, ex-président du quasi défunt Théâtre du Saguenay et nouveau président de l'omnipotente machine de Diffusion Saguenay, dans le Quotidien d'hier...

Alors qu'il est question de la salle de spectacle (surprise!), Me Mazurette affirme, affichant l'assurance de ceux qui sentent le vent leur souffler dans le dos (dixit D. Côté du même Quotidien) qu'il faudrait être lobotomisé pour ne pas souhaiter qu'on ait une salle dans les meilleurs délais. Personnellement, je ne veux pas une salle dans les meilleurs délais mais une meilleure salle dans les délais appropriés.

Dans l'édition du week-end du Devoir, en page 8 de la section G, Arts et Ville, on retrouve un article de Réginald Harvey à propos de Saguenay capitale culturelle canadienne 2010... et, sans qu'il soit spécifié plus loin que c'est une belle et bonne blague, il est spécifié que la ville de Saguenay a pris un véritable tournant vers la culture après avoir été désignée capitale culturelle par le gouvernement fédéral pour la présente année. Il fait bon, je pense, d'insister sur le début: Ville de Saguenay a pris un VÉRITABLE tournant VERS LA CULTURE... Ça laisse encore songeur, je suis désolé.

Marier Justine!


Personnellement, je crois que le metteur en scène peut, au besoin, pour le bien d'un spectacle, prendre une certaine liberté avec le texte. En ce sens, j'ai trouvé une expression qui image cette action, marier Justine...

Au XIX ième siècle, lorsqu'une longueur se faisait sentir au cours des répétitions d'une pièce, tout le monde réclamait une coupure en disant: «Il faut marier Justine!»

C'était pendant les répétitions d'un vaudeville. L'héroïne, qui s'appelait Justine, devait épouser, en fin d'acte, son amoureux, après une cour de trois quarts d'heure. Lors d'une ultime répétition, le directeur s'impatienta et exigea de l'auteur la coupure de toute cette déclaration insipide: «Marions Justine tout de suite!» Ainsi fut fait, et le résultat prouva que le directeur avait raison.

Cette petite anecdote venu d'un autre temps est tirée de l'ouvrage de A. Pierron, Le théâtre, ses métiers, son langage publié en 1994.
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Hier soir, je suis allé voir l'exercice public des étudiants du BIA, Théâtres et temps. J'en reparle demain...


jeudi 29 avril 2010

Pendant ce temps, dans une capitale culturelle du Canada...

Sisyphe, par Franz von Stuck (1920)


Décidément, le climat demeure morose dans le milieu culturel...

Entre les déchirements relatifs à la salle de spectacle et les tribulations en vue de sauver le Théâtre du Saguenay de la faillite pendant que s'affiche le dernier né des diffuseurs... entre les demandes répétées (et justifiées) des uns, les coups de gueule des autres et le silence de la plupart des élus et hauts responsables du secteur culturel... devant l'anémique soutien populaire... devant le retard de plus en plus significatif des réponses du Conseil des Arts de Saguenay... devant la fatigue qui s'installe, le découragement qui affleure et l'indifférence qui pointe je me prends de plus en plus souvent à songer à mon avenir et, ô surprise, à envisager de poursuivre hors de la région.

Oui... Il semble bien que notre capitale culturelle souffre de sa propre existence... où tout est toujours à refaire.
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AJOUT: C'est dans ce contexte que le Conseil des Arts de Saguenay convoque au Lobe, demain, à 16h, tous les artistes et dirigeants des organismes soutenus au fonctionnement. Comment ne pas se laisser aller aux plus sombres spéculations?

mercredi 28 avril 2010

Synthèse doctorale...

J'aime beaucoup cette peinture... Il s'agit d'un portrait de Meyerhold
par B. Grigoriev, 1916.


Je viens de terminer d'écrire la seconde version de mon projet de thèse pour mes études doctorales, texte que je viens d'envoyer à ma directrice de recherche, Madame Irène Roy. Voici un petit résumé, une synthèse (en fait, les quelques lignes qui vont suivre en forment la conclusion!) de cette recherche que j'entreprends de façon plus soutenue dans les semaines à venir:

Cette recherche s’inscrit résolument dans la contemporanéité. Tributaire de la grande ère dramatique (l’importance du texte, le jeu marqué et inscrit dans le corps de l'acteur, la création de sens… bref, la théâtralité), consciente des problèmes posés par la crise du drame tout au long du XXième siècle (crise du personnage, de la fable, du dialogue, du rapport entre la salle et la scène), elle tente de puiser dans les sources meyerholdiennes pour élaborer une réactualisation fondamentale(dans le sens d’essence… soit l’usage du texte, de l’acteur et du code) des méthodes de mises en scène qui pourra, par la suite, puiser dans les grandes innovations apportées par le théâtre postdramatique (comme la présence, la figure, la fragmentation, la polyphonie, etc.… bref, la performativité) afin de répondre aux défis posés par l’écriture actuelle.
Si on lit et relit plusieurs fois, on peut finir par comprendre de quoi il sera question!

Les blogues théâtraux


Il y a quelques jours, Philippe Couture, auteur/critique du blogue Parathéâtre (Voir.ca), a publié un billet fort intéressant sur les blogues théâtraux, Pas de gazouillis au théâtre... ou plutôt, sur l'absence de ceux-ci dans la métropole alors qu'il y a en a quelques uns à Québec... voire même au Saguenay!

Des questions surgissent d'entre les lignes (et dans les commentaires): quelle est l'intérêt d'un tel blogue? quel rôle peut-il ou doit-il jouer? qu'apporte-t-il dans l'«écologie de la pratique»? Et un tas d'autres questions que je me pose personnellement à chaque matin devant mon écran...

mardi 27 avril 2010

Gardiens du domicile

Voici quelques photographies prises hier soir de la petite présentation marquant la fin de l'atelier régulier de la session d'hiver du groupe Éveil - les 8 à 10 ans - du Théâtre 100 Masques. Sous la direction de Sarah Bernard, les 10 participants ont travaillé à partir d'un texte de Yanik Comea, Gardiens du domicile.



lundi 26 avril 2010

Trac ou sa vie en théâtrascope...

Photographie: Paul Cimon

Petit dimanche pour l'équipe du Théâtre du Faux Coffre qui donne la troisième représentation de Trac, ma vie en théâtrascope, le second solo des Clowns noirs. Quelques spectateurs - une vingtaine - s'agglutine sur le devant de la scène, en attente fébrile de l'arrivée du plus vindicatif du noir quinquet.

Et le spectacle commence !

Dans ce second concept de spectacle de solo, Patrice Leblanc a choisi de remonter la genèse fictionnelle de son personnage (le tout, parsemé de brûlots politiques, avec des accents de brutalité et de violence propre au caractère du personnage), reprenant de sa naissance jusqu'à son essentielle liberté théâtrale en passant par son enfance, sa découverte de l'amitié, de l'horreur humaine, de la guerre. Du théâtre, on parle peu... on le fait.

Donc, dès le départ, ce spectacle est d'ordre narratif. Trac se raconte. Trac joue pendant une heure avec lui-même, se répondant, se complétant, se renchérissant! Trac se dénude. Pour y arriver, une bande sonore ininterrompue (et fort bien construite) dirige impitoyablement la représentation à travers une succession de tableaux entrecoupés de chansons interprétée en scène avec vigueur par l'acteur.

L'esthétique privilégiée demeure celle qui fait la belle part de cette compagnie: simplicité, efficacité, immense inventivité! Quelques accessoires surprennent et charment pour qu'opère la magie théâtrale...

Étrangement, ce spectacle fait rire, oui, à quelques occasions mais il contient surtout une charge émotionnelle surprenante pour ce clown qui réussit à plusieurs occasions à bousculer et, d'une certaine façon, à émouvoir. En un sens, Patrice Leblanc redonne à son personnage une dimension personnelle extérieure aux autres membres du Faux Coffre, une famille, un passé.Quelques moments forts: le numéro d'ouverture sur l'air du Bruxelles de Brel; l'ingénieuse façon de planter les autres actants de cette histoire; les répétitions; le poignant tableau construit sur la chanson Un peu plus haut, un peu plus loin; la finale hystérique.

Le concept même impose un rythme rapide à la représentation. Outre les morceaux musicaux, les scènes deviennent des flashs vifs et nerveux. On peut regretter, toutefois, que cette façon de raconter (la narration en voix off) brise un peu la chaleur, la spontanéité et l'échange avec la salle qui marque depuis le départ le caractère scénique du personnage (et des autres clowns noirs). Et bien qu'à la fin nous restions un peu sur notre faim à savoir comment ce Clown s'est rendu jusque sur les planches, il n'en demeure pas moins que ce spectacle comporte de nombreuses qualités qui ne peuvent que se bonifier en cours de route!

Du bon travail.

dimanche 25 avril 2010

[Soupir...]


Petite remarque dominicale, fugitive et passagère...

Je viens de lire la critique gastronomique (et décapante) de Marie-Claude Lortie concernant le Biron (restaurant de Montréal) dans l'édition d'hier de La Presse... et je me suis surpris à envier les restaurants d'avoir des gens qui savent écrire à leur sujet.


Au théâtre, cette semaine! (du 25 avr. au 1°mai 2010)


Trois productions à mentionner cette semaine. Il pourrait y en avoir plus, mais ce sont les seuls dont je connais l'existence!

Tous les jours (sauf lundi)
Salle Murdock (Chicoutimi), 20h


Le Théâtre du Faux Coffre présente son second solo (jusqu'à dimanche prochain...),Trac, ma vie en théâtrascope. Pour avoir une idée de cette production, une critique est parue dans l'édition d'hier (samedi, 24 avril) du Quotidien, sous la plume de Daniel Côté.

Merc. à ven. - du 28 au 30 avril 2010
Petit Théâtre (UQAC), 20h


À l'UQAC, on présente, dans le cadre du cours Atelier de production (17 étudiants du B.I.A. sous la direction de Jean-Paul Quéinnec), Théâtres et temps, regroupant 4 texte d'Olivier Choinière: Tragédie routière, Lady Percy's, Chiens savants, L'oeil. Il est préférable de réserver.

Jeu. à sam. - du 29 avr. au 1° mai 2010
Salle Lionel-Villeneuve (Roberval), 20h

Dernière semaine de représentation de La Défonce de Pascal Chevarie, une production du Théâtre Mic Mac. Je place ici, en lien, un extrait de l'émission Beau temps, mauvais temps (CBJ 93.7FM) où l'animatrice, Paule Therrien, rencontre l'auteur de la pièce.

vendredi 23 avril 2010

Auto-citation

Avec le nombre de projets qui se sont enchaînés depuis les derniers mois, il est bon de réfléchir sur les visées artistiques qui m'animent... ou du moins, qui devraient m'animer. Quelles sont mes convictions scéniques fondamentales? Retour en arrière, dans mon mémoire de maîtrise:

Les éléments scéniques servent à mettre en valeur la théâtralité.

S'il est admis que le maniérisme de Meyerhold était bel et bien une exacerbation de la forme, de la couleur et de l'espace afin d'obtenir une théâtralisation forte, que ce soit par la construction de machine à jouer pour les acteurs, de musique omniprésente, d'objets disproportionnés, le néo-maniérisme meyerholdien viserait les mêmes buts, aurait les mêmes ambitions, par une réduction à l'essentiel des éléments scéniques, un dépouillement dense, une exaltation du vide.

Il ne s'agit pas, dans ce cas, de réduction obstinée mais bien d'une recherche d'efficacité ramenée à sa plus simple expression.

La sobriété de l'espace, des éclairages, de la musique et des objets oblige la scène à s'affirmer autrement, à se repenser d'abord et avant tout en fonction de l'interprète. Ce recours à l'essentiel donne, à mon avis, plus d'impact à chacun de ces éléments.

Ce sont encore des idées qui m'allument. Peut-être l'articulation de celles-ci devient plus nuancée, mieux définie.

jeudi 22 avril 2010

L'Assemblée des femmes [Carnet de notes]


C'est dans une heure et demie que débutent les répétitions de L'Assemblée des femmes d'Aristophane qui sera la prochaine production estivale du Théâtre 100 Masques.

Un début en appelle un autre!

À cette occasion, voici donc les premières lignes surprenantes de cette pièce écrite il y a quelque deux mille cinq cent ans (à la lecture, il ne faut pas perdre de vue le côté parodique de ce texte, son pouvoir comique). Les premières lignes qui seront les premiers mots à subir le transfert du texte à la scène (par Erika d'ailleurs...):

Ô rayonnante lumière de ma lampe d'argile, de ce lieu élevé tu frappes les regards. À toi seule nous confions nos secrets; et ce n’est pas sans raison: n’es-tu pas présente lorsque, dans nos appartements, nous essayons diverses postures des plaisirs d’Aphrodite; et personne ne redoute d’avoir ta clarté pour témoin de ses ébats voluptueux. Seule, tu éclaires nos cavités secrètes, dont ta flamme détruit la luxuriante toison. Ô lampe, la roue du potier a façonné tes contours comme la nature a façonné les miennes, et ta mèche imite l'éclat du soleil; puisses-tu répandre au loin le signal convenu! Je ne vois aucune de celles que j'attendais! Ah! Si on les avait convoquées pour la fête de Bacchus, les tambourins encombreraient les rues, tandis qu’à présent, je ne vois pas une femme, sauf ma voisine qui arrive. Bonjour, Cléonice.

Vernissage

Carton d'invitation de l'exposition

Hier soir avait lieu, à la Galerie l'Oeuvre de l'Autre, le vernissage de l'exposition finale des étudiants de la maîtrise en art sous le thème Voler du temps.

Au cours de cet événement, il y avait deux présentations à caractère théâtral.

La première avait pour titre Marie sans nuit (à chaque nuit une nouvelle Marie), un projet d'Erika Brisson à partir d'un texte d'Anick Martel (également étudiante à la maîtrise). Ce projet (que je connais bien parce que j'en ai fait la mise en scène) proposait un essai sur le vide, une étude sur des effets d'absence: gestes automatisés, décontextualisation, regards absents, interprétation neutre composé principalement par le rythme et le volume, défilement du texte sans donner le sens, absence de mot dans le texte. Assise sur un chariot (une scénomobile!), l'actrice devait entrer dans une concentration extrême pour faire face (en plus de toutes les contraintes mentionnées plus haut) aux déplacements de son objet laissés aux choix du spectateur. La plus grande difficulté pour ce travail aura été d'essayer de surpasser la fiction du texte de Martel - qui place en scène une femme meurtrie ayant perdu un enfant - pour avoir une matière sonore et non pas une histoire.

Le second projet revient à Anick Martel avec la présentation de sa mise en lecture de son propre texte, Épicurienne . Une expérimentation sonore intense qui proposait une lecture (par Élaine Juteau) sur une musique de discothèque manipulée par l'auteur. Une expérimentation intense qui place le texte et la musique sur le même pied d'égalité ce qui crée des relations parfois d'opposition, parfois de complémentarité. Un texte qui semble fort bien mais qui fait un peu les frais de ce type d'exercice. (Notez que ces deux textes de Martel font partie de l'exposition et qu'il est donc possible de les lire.)

Voilà. En fait, deux conceptions du théâtre...

mercredi 21 avril 2010

De quelques considérations sur la douleur du metteur en scène devant son propre spectacle...

Je l'ai déjà dit, quelle que soit ma satisfaction à l'égard de ma production (peu importe laquelle), j'ai toujours de la difficulté à me laisser aller au rôle de spectateur sans vouloir fondre dans le plancher. La douleur est intense. La douleur de vouloir mieux. La douleur de savoir mieux.

Et le doute... Car oui, quand son propre regard passe soudainement par celui des autres spectateurs, le doute s'installe. Et si... Et si...

C'est avec ces quelques pensées que je me suis couché hier soir avec, dans les mains, un recueil de citations de Vsevolod Meyerhold (surprise!) et, comme souvent dans ce type de situation, une phrase - enfin un paragraphe... - m'attire:


La vie de tout artiste authentique (bon... le titre est pompeux mais la suite me plaît bien) est celle d'un homme constamment déchiré par l'insatisfaction de soi. Seuls les amateurs sont toujours contents d'eux et ne sont tourmentés par rien. Un maître, au contraire, est toujours sévère à son propre égard. L'autosatisfaction et l'infatuation ne sont pas dans ses habitudes. Ordinairement, quand un artiste semble satisfait et sûr de lui, ce n'est qu'une attitude d'autodéfense, un blindage artificiel pour se protéger des contacts blessants. [...] La vie d'un artiste authentique, c'est une exultation d'un jour, ce jour où sur la toile il pose la dernière touche, et une immense souffrance de tous les autres jours, quand l'artiste ne voit plus que ses fautes.

Voilà. C'est tout.

mardi 20 avril 2010

Un instrument théâtral


J'ai assisté, dimanche dernier, à l'«inauguration» de l'orgue Casavent qui a voyagé de l'éclise Ste-Cécile de Kénogami vers l'église St-Matthieu auparavant nommée Ste-Famille. C'est un peu complexe, mais de toute façon, là n'est pas mon propos.

L'orgue est peut-être l'instrument de musique le plus théâtral que je connaisse. Un instrument du souffle; un instrument qui respire. Un instrument scénographique. Un instrument d'atmosphère et de mélodies.

Bien sûr, à l'écoute de cette puissance évocatrice de l'orgue, de nombreuses références peuvent affluer à l'esprit notamment Le fantôme de l'opéra, les films expressionnistes, les films muets, les célébrations religieuses et j'en passe!

Mais plus intéressant encore, l'orgue est un instrument de l'investissement de son interprète.

Dans ce cas-ci, il fallait voir l'organiste, Martin Boucher, y aller de tout son corps, de faire preuve de précision et d'une maîtrise sans faille dans l'exécution de ses partitions sur deux claviers et un pédalier. Un bel exemple de conscience de soi, de ses gestes.

Pour le programme, d'autres savent mieux en parler que moi (voir le billet Un autre orgue déménage sur le blogue Spécial du Jour)!

lundi 19 avril 2010

Pesez des serments avec des serments, et vous pèserez le néant (W. Shakespeare)

Caricature de Mario Lacroix
parue dans Le Quotidien, 19 avril 2010

Décidément, le gangrénaire dossier de la salle de spectacle revient de nouveau fleurir en ce printemps pourtant déjà fort occupé par le dossier de la faillite du Théâtre du Saguenay...

Comment qualifier encore une fois ce bourbier culturel?

Peut-être la solution est plus simple que prévue: devrons-nous bientôt et rénover le vétuste auditorium et construire une nouvelle enceinte si nous nous retrouvons, dans l'auguste cité, avec deux diffuseurs majeurs? Ce sont les artistes, agents et producteurs de la capitale et de la métropole qui doivent se marrer. Rien de bien reluisant pour un milieu qui s'enlise...
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Pendant ce temps, oui, la ministre de la culture voit approcher le moment où elle devra plonger dans cette plaie saguenéenne et se couche le soir en reprenant ces quelques mots bibliques: Père, éloigne de moi ce calice!


D'une campagne de financement à l'autre...


Nous (enfin, le Théâtre 100 Masques...) sommes en pleine campagne de financement au profit de la production estivale qui s'en vient. C'est le propre des institutions culturelles (et communautaires) que de faire appel aux dons et commandites... mais ce type de financement est encore (malheureusement) principalement le nôtre.

Bien que nous puissions compter sur déjà plusieurs donateurs, les nouveaux sont difficiles à débusquer dans le contexte économique actuel...

Nous frappons donc d'une porte à l'autre, avec notre offre, nos documents explicatifs, notre projet. Jamais nous n'aurons autant parler d'un spectacle avant même qu'il ne soit en chantier!!! C'est le mal nécessaire du théâtre... enfin, du nôtre!

dimanche 18 avril 2010

Au théâtre, cette semaine! (du 18 au 24 avril 2010)



Deux rendez-vous à noter... je crois.

Jeudi à samedi - du 22 au 24 avril 2010
Salle Lionel-Villeneuve (Roberval), 20h

Le Théâtre Mic Mac entame son avant-dernière semaine de représentations de La Défonce, un texte de Pascal Chevarie mis en scène par moi-même. Pour plus de détails, consulter les articles sur le sujet en cliquant l'onglet La Défonce dans la colonne de gauche (dans la section Libellés).

À compter de vendredi - le 23 avril 2010
Salle Murdock (Chicoutimi), 20h

Jusqu'au 2 mai (tous les jours sauf le lundi), le Théâtre du Faux Coffre poursuit les festivités de son cinquième anniversaire et donne son deuxième solo fort attendu: Trac, ma vie en théâtrascope! Trac, le plus radical des Clowns noirs, présente un drame musical engagé relatant les difficiles mésaventures de sa vie! De sa naissance jusqu'à la découverte de sa vraie passion, le théâtre. Voyez Trac bébé, Trac enfant, Trac adolescent. (Il faut rappeler que les fonds recueillis serviront au financement d'un court-métrage dans les mois à venir). Pour plus d'informations ou pour réservations (possiblement nécessaire): 418-698-3000 poste 6561.

samedi 17 avril 2010

Dans les coulisses du théâtre de la Reine

En panne d'inspiration, on se tourne vers la petite histoire du théâtre... et quelle histoire! Voici une visite du théâtre personnel de Marie-Antoinnette, avec une visite des lieux et une démonstration de machineries théâtrales de l'époque!

vendredi 16 avril 2010

Et c'est reparti.


Voici (cliquer sur ce lien... mais sur mon ordinateur, c'est très long à télécharger...) l'analyse comparative des deux projets concernant la salle de spectacle à Saguenay fournit par Deloitte: une nouvelle construction sur la zone portuaire ou la rénovation de l'Auditorium-Dufour?

Le citoyen d'abord sera invité à se prononcer le 6 juin prochain dans le cadre d'une consultation publique. D'ici là, cette saga a le temps de redevenir le dossier chaud et de permettre à tout un chacun d'y aller qui de sa sortie en règle contre l'administration municipale, qui de sa sortie en règle contre le milieu culturel qui ne fait que dépenser. La rengaine habituelle quoi...

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À lire, le commentaire de la section 10 (24ième page du document).




Le véritable rôle de l'artiste...

Extrait d'un article (voir l'intégralité ici) paru dans Le Droit, le 13 avril dernier. Les quelques mots qui vont suivre sont de Wajdi Mouawad, qui est - outre un auteur et un metteur en scène fort reconnu - directeur artistique de la section française du Centre National des Arts à Ottawa.



Un artiste est là pour déranger, inquiéter, remettre en question, déplacer, faire voir, faire entendre le monde dans lequel il vit, et ce, en utilisant tous les moyens à sa disposition. Or, pour que cela puisse advenir, il doit poser un geste qui va d'abord et avant tout le déranger lui-même, l'inquiéter lui-même, le remettre en question lui-même, le déplacer lui-même, le faire voir lui-même, le faire entendre lui-même.

Un artiste doit être à la fois le pont et le ravin.

Créer, c'est sortir de son propre néant. Cela ne peut pas se comprendre.

Une œuvre n'est pas là pour plaire, elle est là pour enflammer.

Une œuvre n'est pas faite pour être comprise.

Une institution culturelle n'a pas à se préoccuper du nombre de ses adhérents.

Une institution culturelle se préoccupe uniquement de l'excellence de son engagement envers la création et les artistes.

C'est cette liberté qui donne précisément à une institution ses qualités et sa spécificité.

La meilleure manière, pour un artiste, de respecter un spectateur, c'est de le croire plus intelligent que soi-même.

Nous ne sommes pas là pour servir.

Nous ne sommes pas là pour réussir.

Nous ne sommes pas là pour divertir.

Nous ne sommes pas là pour recommencer.

Nous sommes là pour impliquer.

Si un artiste devait être un mot, il serait le mot « pli «. Le mot pli se retrouve dans : « Plier. Déplier. Replier. Impliquer. Compliquer. Expliquer. Simplifier. Dupliquer. Appliquer. Amplifier».

Nous ne sommes pas là pour inventer, mais pour élargir les blessures.

Si l'artiste devait être un animal, il serait soit un scarabée bousier, soit un boa constrictor.

Œuvrer pour une minorité qui ne s'intéresse pas à ce qui intéresse la majorité, c'est aussi cela la démocratie.

L'art n'est pas un paillasson sur lequel on vient essuyer, histoire de la satisfaire, sa compréhension béate.

Un artiste n'est pas politicien.

(Et enfin, le plus insupportable.) Un artiste ne se justifie pas. La justification est, avec le meurtre et le sang innocent, une des choses qui séparent l'art du terrorisme.

jeudi 15 avril 2010

Le prochain Carrefour International de Théâtre (Québec)


Les programmes du prochain Carrefour International de Québec (tenu du 25 mai au 12 juin 2010) viennent de traverser le parc pour venir titiller la fibre théâtrale des Saguenéens.

Cette 11ième édition présentera, en rafale:
Belles-Soeurs le musical à partir de l'oeuvre de Michel Tremblay;
Où tu vas quand tu dors en marchant (que j'ai vu l'an dernier, voir ici), un déambulatoire dans la Ville, un concept de Frédéric Dubois;
Ciels de Wajdi Mouawad;
La Montagne Rouge (Sang), une mise en scène de F. Dubois;
Éloge du poil de la Compagnie Bal... peut-être le spectacle le plus intriguant;
Yukie de Daniel Danis;
Tragédies romaines, trois pièces de Shakespeare (Coriolan, Jules César et Antoine et Cléopâtre) en néerlandais surtitrées en français par la Toneelgroep Amsterdam;
L'effet de Serge de Vivaium Studio (France);
Rouge gueule, une production du PàP;
Elephant wake, un spectacle saskatchewanais;
et la trilogie de Mouawad, Littoral-Incendies-Forêts...

Et, pour compléter cette programmation, il y a des tables rondes, des chantiers, des projections de film, des lectures publiques, des rencontres avec les artistes, etc. Pour plus de détails sur les dates, les heures et les lieux, voir le site du Carrefour. Pour ma part, j'y reviendrai sûrement si le temps me permet de m'y rendre.

mercredi 14 avril 2010

Pour ceux que ça inquiète...


Eh oui, je suis toujours au doctorat... à temps plein qui plus est... si tant est que je puisse faire une véritable session à temps plein! Dans quelques jours, je vais déposer mon sujet de thèse qui fera l'objet d'une étude par le comité doctoral (ou une instance du genre) et qui, s'il est accepté, lancera concrètement ma recherche. D'ici là, j'attends les corrections de ma directrice de thèse pour améliorer mon texte (je bloguerai fort probablement la version finale) et mes vues sur ce qui m'attend dans les prochaines années.


De projets en programmation


L'année qui vient (2010-2011) sera (si les astres financiers s'alignent comme prévu), pour le Théâtre 100 Masques, fort occupée.

J'en suis à peaufiner la programmation des activités qui doivent répondre à deux grands axes de travail: mettre en valeur le travail de la relève théâtrale professionnelle et explorer diverses conceptions scéniques et formes de théâtralité. Sur la table reposent plusieurs projets dont la plupart sont déjà enclenchés: création d'un audio-guide, mise en lecture du FMM, petite forme théâtral pour Noël, un ou deux Impromptus scéniques, laboratoire intensif de la Relâche, production estivale et projet pilote d'ateliers de théâtre pour les aînés... et tous les ateliers de la compagnie (ateliers réguliers, ateliers scolaires, ateliers spécifiques, camps de théâtre thématiques).

Bref, j'entre dans une période intense de lectures de pièces à la recherche du texte stimulant, de montages financiers divers, de définition de projets, de constitution d'équipes de travail. Comment seront liés tous ces projets? Quelle sera la ligne directrice de l'année? Y en aura-t-il qu'une seule? Comment ces projets justifieront et la mission artistique de l'organisme et sa place dans (et voici mon expression vide favorite!) l'écologie de la pratique saguenéenne? Voilà les questions qui me hantent...

Et pendant ce temps, alors que la réponse du CAS se fait toujours attendre, nous entamons la production de L'Assemblée des femmes tout en mettant en place le cadre pour la tenue de nos prochains camps de théâtre thématiques!

lundi 12 avril 2010

Du théâtre utilitaire


Petite citation de Sacha Guitry, peut-être mon auteur favori de tous les auteurs dramatiques que je connaisse et qui me séduit par son esprit, son ironie, à chaque fois que j'ouvre l'un de ses ouvrages... qui derrière le couvert de la légèreté touche tout de même l'essence même du théâtre. La citation suivante est tirée de sa magnifique pièce Le comédien (écrite en 1921 mais qui a fait aussi l'objet d'un film en 1948) qui rend hommage à son père, le grand acteur Lucien Guitry, mais surtout, au théâtre, à la scène, au rapport intime entre l'acteur et son public:

J'en suis à me demander si nous avons le droit de retenir chaque soir pendant trois heures l'attention de mille personnes sans en profiter davantage et plus utilement. Sous prétexte de se distraire et de se délasser, savez-vous ce qu'ils vous apportent tous les soirs, ces gens-là? Ils vous apportent, sans l'avoir jamais formulé, le désir permanent qu'ils ont d'améliorer leur existence quotidienne. Eh bien, il ne faudrait pas se contenter de leur faire oublier leurs ennuis de la veille, il faudrait pouvoir les préparer à supporter, à éviter leurs ennuis du lendemain, sans qu'ils s'en aperçoivent.

Je trouve cette définition du rôle du théâtre charmante... et j'aime cette idée du devoir qui incombe aux artisans (d'ailleurs, un jour, je devrai revenir sur cette dénomination d'artisans que j'aime bien mais qui fait friser les oreilles d'autres artisans!) du théâtre: auteurs, metteurs en scène, concepteurs, acteurs...

La présence d'un spectateur à une représentation n'est pas un dû mais bien un privilège.


dimanche 11 avril 2010

Le comédien: de l'humilité au séduisisme!


Le Saguenay, dernière scène pour artistes près de la fin?

Roger Blackburn, journaliste du Quotidien/Progrès-Dimanche, y va d'un petit coup de gueule, ce matin (dans le Progrès-Dimanche) dans un petit encadré (Le Scoop) de sa page La Blanche à Black (p.:20):

Le Saguenay, dernière scène pour artistes près de la fin ?

Un collègue me faisait remarquer récemment que le Saguenay ressemble à un mouroir pour artistes. Quand ils sont périmés et qu’ils ne peuvent plus aller jouer ailleurs, on les produit ici. Il faisait référence évidemment aux Gipsy Kings et les Beach Boys qui seront ici cet été et les spectacles de Denis de Young, Roger Hogson, Aznavour, Compagnie créole et autres vieux chanteurs qui ont été présentés ici ces dernières années. Il appartiendrait peut-être à de jeunes promoteurs de faire ce qu’il faut pour produire des artistes internationaux de leur temps. Vous attendez quoi pour vous bouger les fesses?

Et bientôt, si le marasme se poursuit, ce ne seront pourtant plus que ces artistes qui animeront les scènes d'ici, la relève (et les institutions) locale(s) n'ayant ni la chance de percer ni l'espoir de persévérer...

Au théâtre, cette semaine! (du 11 au 17 avril 2010)


Mercredi - 14 avril 2010
Salle 1 (Centre des Arts, Chic.), 16h

Les dirigeants des 6 compagnies de théâtre oeuvrant principalement sur le territoire de Saguenay (à savoir le TAC, les TH, la Rubrique, le C.R.I., le 100 Masques et le Faux Coffre) sont conviés à une rencontre pour discuter du projet de publicité conjointe présentée par M. Claude Bérubé.

Jeudi et vendredi - 15 et 16 avril 2010
Salle de répet. (Centre cult. Jonq.), 20h

La Rubrique reçoit le très remarqué Morceau de peur , une production du Magnifique Théâtre. Écrit par Michel Lavoie - qui agit également à titre de metteur en scène (en compagnie de Julien Schmutz) et de comédien - Morceau de peur est inspiré de son combat contre le cancer. Avec humour, poésie et sincérité, il raconte son histoire qui, loin d'être une complainte déchirante, aborde le sujet de nos angoisses les plus profondes. (N.B.: Pour chaque billet vendu, 5$ ira à la Société Canadienne du Cancer.)

Jeudi à samedi - du 15 au 17 avril 2010
Salle Lionel-Villeneuve (Roberval), 20h

Le Théâtre Mic-Mac entame sa troisième série de représentations de La Défonce de Pascal Chevarie dont je signe la mise en scène. Pour plus de détails, cliquer sur La Défonce dans la colonne de gauche de ce blogue, dans la section Libellés.

Samedi - 17 avril 2010
Salle Pierrette-Gaudreault (Jonq.), 13h30

Le Théâtre La Rubrique reçoit (et peut-être y a-t-il des rendez-vous scolaires dans les jours précédents cette représentation?) Baobab, une production du Théâtre Motus en coproduction avec la troupe . Dans cette région d'Afrique, où une sécheresse sévit depuis très longtemps, se dresse un baobab millénaire. Voilà qu'un jour, de ce baobab naît un oeuf et, de cet oeuf, un petit garçon. Les villageois découvre qu'il est le seul capable de libérer la source d'eau. Débute alors une grande quête où seul le courage d'un enfant peut changer le monde.

Voilà ce que je sais. Si j'oublie des trucs, qu'on me le fasse savoir...

samedi 10 avril 2010

La Défonce [Carnet de notes]

Voici un compte-rendu de Laura Lévesque (dans Le Quotidien de ce matin) à propos de La Défonce de Pascal Chevarie dont je signe la mise en scène au Théâtre Mic-Mac de Roberval. Mme Lévesque a assisté à la première représentation, le 1er avril dernier.


Troublante 60e production du Théâtre Mic-Mac de Roberval

«La Défonce» transpire la violence



(LAURA LÉVESQUE)

ROBERVAL - Troublante, la 60e production du Théâtre Mic-Mac de Roberval dévoile les côtés sombres de l'être humain. Encore plus troublante lorsqu'on sait que «La Défonce» de Pascal Chevarie s'inspire d'un fait vécu.

Comme le dit si bien le metteur en scène de cette nouvelle production, Dario Larouche, «­"La Défonce" se rapproche du véritable sens de la tragédie, d'une tragédie aux accents contemporains.»

Une forêt, la nuit, les phares d'un camion allumés, une vieille chanson et l'écho d'un cri étouffé, trois jeunes hommes viennent de commettre l'irréparable. Un acte qui se dévoile graduellement, gardant du coup le spectateur en alerte.

Pascal Chevarie s'est inspiré du meurtre d'Aylin Otano-Garcia, survenu le 12 juin 2000 à Chatham, près de Lachute, pour écrire une de ses première «vraies» pièces. Une histoire sordide qui a fait les manchettes à cette époque.

La jeune adolescente d'origine cubaine avait suivi un camarade de classe dans un bois. Un autre adolescent de 15 ans les attendait. Ce dernier a battu à mort la jeune femme à l'aide d'un bâton de baseball. Le crime a été qualifié de haineux.

Et la haine, on la sent dans «La Défonce». La délinquance des trois jeunes hommes, interprétés bénévolement, faut-il le rappeler, par Benoît Brassard, Jean-Sébastien Montpetit et Charles Rousseau-Dubé, rappelle celle des personnages du film de Stanley Kubrick «Orange Mécanique», une bande obsédée par la violence et la drogue.

Têtes rasées, manteaux de style militaire et imposante bottes, les trois amis dans «La Défonce» sont «frères». Xénophobes, ils se réunissent en forêt pour se «défoncer».

Pénélope, surnommée «la vache» par les hommes, se trouve au mauvais endroit au mauvais moment. Interprétée avec audace par Joan Tremblay, Penn veut montrer à tout prix qu'elle est une femme forte.

Et dans toute cette jeunesse, un ermite, campé par Réjean Gauthier, fait un passage bref, mais remarqué. Hanté par son passé, le vieil homme se sent envahi dans «sa» forêt.

«Cette pièce ne s'inscrit pas dans le genre de divertissement que certains spectateurs auraient souhaité, mais chose certaine, "La Défonce" ne laissera personne indifférent», souligne avec raison la présidente du Mic-Mac, Francine Joncas.

En effet, la 60e production de la troupe bouleverse. Aucun rire ne se fait retentir pendant «La Défonce».

La mise en scène, brillamment réalisée par Dario Larouche, également directeur général du Théâtre des 100 Masques à Chicoutimi, renforce par ailleurs le texte cru de Chevarie.

Dès l'entrée en salle, le spectateur fait face à une mystérieuse scène centrale. Plates-formes de bois industrielles et rideaux de plastiques comme on en voit dans les abattoirs, le décor accentue la tension dramatique.

Présentée en première québécoise, «La Défonce» se poursuit jusqu'au 1er mai prochain à la salle Lionel-Villeneuve de Roberval, tous les jeudis, vendredis et samedis.


Voilà. Petite note: ce texte d Chevarie sera «officiellement» créé dans quelques semaines (si je ne m'abuse) à Bruxelles.

L'Assemblée des femmes [Carnet de notes]

Voici la maquette préliminaire de la prochaine production estivale du Théâtre 100 Masques (préliminaire dans le sens où les moyens financiers dicteront les choix et préliminaire dans la mesure où celle-ci n'est pas à l'échelle et, par conséquent, ne donne peut-être pas une vision juste de la réalité):

vendredi 9 avril 2010

La Défonce [Carnet de notes]

Ai assisté, hier soir, à la reprise des représentations de La Défonce à Roberval après une semaine de relâche. Voici, pour ceux qui ont vu la production en même temps que moi ce que j'en ai pensé globalement (et ce sont les notes que recevront ce soir les comédiens):

Tout d'abord, laissez-moi vous féliciter pour la soirée d'hier. Je trouve que vous vous en sortez très bien. Vous êtes généralement assez précis et assez juste... et ça donne un spectacle vraiment intéressant à regarder... mais bon, étant le metteur en scène, je ne suis peut-être pas objectif (quoique mes trois amis d'hier soir on beaucoup aimé et m'ont fait beaucoup de commentaires positifs sur la route qui, soit dit en passant, était fort mauvaise jusqu'à Desbiens!).

Ce qui ne m'empêche pas de voir quelques trucs à vous faire remarquer...

La première chose! Bien que je trouve que vous atteignez une belle précision de gestes, je trouve toutefois que vous en reperdez dans le placement, dans vos positions des uns par rapport aux autres. Certains de vos déplacements manquent d'intentions, manquent de fluidité, de grâce, manquent de d'ancrage au sol (certains déplacements, surtout Benoît, semblent flous). Par ailleurs, ça piétine un peu (et ça paraît quand vous tentez de vous replacer comme il le faut après un déplacement manqué).

Même chose pour le ton. Vous avez tous fort bien travaillé... mais attention de ne pas pousser le jeu... notamment lors des reprises. L'intensité de votre présence ne se manifestera pas par un jeu vocal forcé. Parler plus fort, plus vite, avec plus de «sentiments» (haine, rage, peine, etc.) fausse plus l'ensemble que ça ne l'améliore. La simplicité dans l'exécution de votre partition (telle qu'on l'a vue) sera toujours plus efficace.

Encore une fois, ne précipitez rien; l'urgence n'est pas dans le rythme mais dans le tonus et la tension. Vous devez rester à l'écoute des autres en tout temps. Plus les représentations avancent, plus vous serez à l'aise et le plus vous devrez vous le rappeler. Attention de ne pas embarquer dans un cycle d'automatismes qui perdent contact avec le récit, avec le partenaire, avec la scène et, ultimement, avec le public. Demeurez alertes.

Mais enfin, je le redis, c'était quand même une bonne reprise... tant technique que scénique. Si ce ne sont ces quelques notes en rafales:


Et ici, je poursuis en détails qui alourdiraient le commentaire...

jeudi 8 avril 2010

De la p'tite musique dans les oreilles...



Un peu écœuré de la mode théâtrale actuelle, sous-produit venu tout droit du sud de notre frontière, de Broadway:

Belles-soeurs en comédie musicale (je dois être plus conservateur que je ne le crois!);
Les filles de Caleb en comédie musicale (ici, c'est un non-sens et quasiment un sacrilège!);
Le Blues d'la métropole, comédie musicale! (un concept appauvri par le n'importe-quoi-isme!);

et tous les autres ABBA, Dracula, Notre-Dame de Paris, Les 10 commandements, Le petit Prince, Roméo et Juliette, Don Juan et j'en passe!

Des trames narratives pauvres, textes mièvres, trop souvent des chanteurs qui ne savent pas jouer... Bon, c'est un coup de gueule un peu gratuit, mais il fait du bien.

mercredi 7 avril 2010

L'Assemblée des femmes [Carnet de notes]



Le projet est enclenché.

Nous avons fait hier soir la première lecture de L'Assemblée des femmes d'Aristophane (dans la nouvelle version établie par moi-même). Il est bon d'entendre un texte de la bouche même de celles qui joueront. Ça colore les personnages différemment. Un metteur en scène (dont le nom ne me revient pas) disait de cet exercice qu'au moins, ça assurait que tout le monde avait lu le texte en entier au moins une fois!

Après les commentaires d'usage (à savoir ce qui m'intéressait dans ce texte) et les questions d'ordre historico-politico-morales qui ne manqueront pas d'intervenir tout au cours du travail, nous avons donc passé au travers des quelques 50 pages qui devraient, à mon avis, donner un spectacle d'environ une heure et vingt minutes.

Le début des répétitions est pour le 22 avril.

lundi 5 avril 2010

Maille égocentrique



Quand il s'agit d'interpréter un texte, pour Jean Cocteau, les acteurs doivent donner l'illusion du du naturel et ne pas manquer une virgule s'ils veulent que ce naturel conserve son surnaturel. S'il manque une virgule, c'est comme une maille qui saute, le bas craque.

Ce genre de phrase (prise dans Les entretiens avec André Fraigneau, éd. 10|18, 1965) me pose toujours la même question: et moi, qu'est-ce que je demande à mes comédiens qui doivent dire un texte?

En panne d'inspiration


Au centre

Bon. Rien ne vient aujourd'hui... J'ai beau écumer le web, tourner des dizaines de pages de carnets de notes et grappiller dans mes livres, je ne trouve pas de bougie d'allumage pour l'écriture d'un nouveau billet. Tant pis.

dimanche 4 avril 2010

Au théâtre, cette semaine! (du 4 au 10 avril 2010)



En ce dimanche pascal, voici quelques dates théâtrales pour la semaine à venir... Si j'en oublie, qu'on me le fasse savoir

Jeudi à samedi - 8 au 10 avril 2010
Salle Lionel-Villeneuve (Roberval), 20h

Rendez-vous donné par le Théâtre Mic Mac pour cette seconde semaine de représentations de La Défonce de Pascal Chevarie mis en scène par moi-même. Pour plus de détails, voir, sur ce blogue (en cliquant sur Défonce dans la section Libellés de la colonne de gauche), les différents billets sur le sujet...

Vendredi - 9 avril 2010
Maison de la culture Frontenac (Mtl), 20h

Dans le cadre de la 15ième édition de Vue sur la relève professionnelle des arts de la scène, le Théâtre À Bout Portant (et Vicky Côté) présente une version écourtée de 45 minutes de sa dernière création (présentée en mars dernier), Rage. Pour plus d'information, cliquer sur le lien.

Je pense que c'est tout... sinon que c'est mardi soir, le 6 avril que je débute par la première lecture le travail fait sur L'Assemblée des femmes qui constituera le prochaine théâtre d'été du Théâtre 100 Masques!

samedi 3 avril 2010

De quelques mots sortis d'un autre âge...

Qu'il est bon, parfois, de replonger au coeur même de l'Histoire du théâtre... non pas dans les grandes théories mais bien dans la petite histoire anecdotique, surannée, qui dévoile, par ses mots d'esprits, ses cabales, ses épigrammes, un pan toute entier d'une pratique sortie d'un autre âge. En ce sens, Google Book devient un outil efficace permettant d'ouvrir des ouvrages (!) aujourd'hui introuvables, comme celui-ci, Anecdotes de théâtre, comédiens-comédiennes, bons mots des coulisses et du parterres paru en 1875 (l'entièreté du livre se trouve sur le lien suivant).

En voici un extrait donnant le ton de ce beau milieu:



Et un autre:

vendredi 2 avril 2010

La Défonce [Carnet de notes]



Voici un article paru ce matin sur le site (et probablement dans le journal... bien que je ne connaisse pas le jour de sa parution) de L'Étoile du Lac: Une pièce dure couronnée par l'audace d'Hélène Gagnon

Question de caractère...


Tiens, tiens...

Quand je fais une mise en scène (et, là-dessus, les comédiens du Mic Mac acquiesceront sans doute!), je suis plutôt avare de compliments. Non par manque d'enthousiasme ou d'ennui. Non par lassitude ou par absence d'émotions. Non. J'ai toujours cru manifester mon euphorie de travailler avec les acteurs, ma tendresse et mon intérêt pour la production d'une autre façon que la flatterie (entres autres choses par mon plaisir d'être, avec eux, dans la salle de répétition et en pleine création). De cette façon, oui, au moment des notes, des commentaires, je pointe les points négatifs, les erreurs, les faiblesses au détriment des grandes scènes, des beaux morceaux et des moments de grâce...

C'est comme cela et je ne me suis jamais posé plus de questions... et ce matin, en lisant le bouquin sur André Brassard paru il y a peu (Brassard de Guillaume Corbeil, Éd. Libre Expression, 2010), je trouve cet extrait (p.133) qui me fait sourire et que j'aurais presque pu répondre quand on me reproche cet état de fait:



Depuis longtemps, je choisis mes mots avec prudence pour parler d'un spectacle ou du jeu d'un acteur. Après une répétition, je vais dire que c'était pas pire, et des fois que c'était bien. C'est le maximum. Quand tu dis à un acteur qu'il est extraordinaire, ça l'empêche de travailler. Ça lui crée un stress, il a l'impression qu'il doit toujours répondre à ça, être à la hauteur de standards qu'il a lui-même fixés. Ces mots-là sont terriblement dangereux. Si tu as le malheur de dire à quelqu'un que c'est bon, ce qu'il a fait pendant sa scène au deuxième acte, il ne sera peut-être plus jamais capable de la rejouer aussi bien. Il se mettra à ruminer, à se demander ce qu'il a fait de spécial pour être bon cette fois-là.
[...] Il voudra s'imiter lui-même et ne trouvera plus la vérité de ce qu'il a fait. Il ne vivra plus la scène, il tentera de la reproduire. Alors mieux vaut parler de ce qui ne marche pas plutôt que de ce qui marche. Ça semble méchant, mais au fond c'est une façon de protéger les gens d'eux-mêmes.

C'est bien dit... un peu sentimental, mais bien dit.


La Défonce [Carnet de notes]




Quelques mots sur la première d'hier...

Il me semble que ça allait. La nervosité n'a jamais été apparente chez les comédiens qui paraissaient en contrôle, en pleine possession de leur moyen. Petits accrochages minimes... mais rien de catastrophiques. Le seul véritable problème réside en la force de la voix parce qu'une salle recouverte de tapis, ceinturée de rideaux et pleine de personnes a la fâcheuse tendance à absorber le son. Mais encore là, rien de catastrophique. Pendant une heure et dix minutes, les spectateurs ont partagé ce moment de théâtre.

Les réactions étaient généralement positives.

Pour ma part, pour une des rares fois, je me retrouvais parmi le public, assis, à l'aise, à regarder cette production prendre son envol avec plaisir. Je suis vraiment très content du résultat obtenu.

Mais ce n'est pas fini...

Meyerhold (bon, j'y reviens toujours comme un mantra!) disait (et je l'appuie!) que les critiques souhaiteraient tout particulièrement que la maturation de l'artiste ait lieu quelque part dans un laboratoire avec des fenêtres voilées et des portes closes. Mais nous poussons, mûrissons, cherchons, nous nous trompons et nous trouvons sous les yeux de tout le monde, et en collaboration avec le spectateur. C'est le sang versé sur le champ de bataille qui instruit le chef d'armée. L'artiste, lui, apprend au prix de son propre sang... Et qu'est-ce qu'une erreur? L'erreur d'aujourd'hui peut parfois engendrer le succès de demain.

Maintenant, par exemple, les comédiens (soutenus par l'équipe du Mic Mac) doivent poursuivre le travail avec rigueur et professionnalisme pour parfaire l'évolution scénique de La Défonce. Une production comment véritablement à vivre à partir des représentations! Pour ça, compte-tenu de mon éloignement, je leur fais entièrement confiance!

La prochaine fois que j'irai, la semaine prochaine, je m'attends à remarquer cette évolution!

jeudi 1 avril 2010

En cette journée de première...



La jouissance artistique, esthétique, nous la recevons au théâtre de l'interprète, non de la pièce disait Valery Brioussov dans son manifeste Une vérité inutile paru en 1902. Pour lui, [les auteurs dramatiques] sont des artistes souverains que tant qu'on les lit; sur scène, leurs pièces ne sont que des formes dans lesquelles les acteurs instillent leur contenu. Donnez sa place à l'interprète, placez-le sur le piédestal de la scène pour qu'il règne sur elle en tant qu'artiste. Par sa création, il donnere un contenu à la représentation dramatique.
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À tous les comédiens de LA DÉFONCE
(Benoît, Charles, Jean-Sébastien, Joan et Réjean)
À toute l'équipe de conception
(Sonia, Christian, Alexandre, Ursule,
Francine et tous les autres)

MERDE! MERDE! MERDE!
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Paru ce matin, dans le Voir de la semaine, un article de Jean-François Caron, Audace et défonce qu'il est possible de lire ici.