jeudi 6 novembre 2008

Pas moi


J'attends... ce soir, c'est la première de Pas moi, création/collage à partir d'une pièce - un monologue - de Sacha Guitry, Je sais que tu es dans la salle, un de mes auteurs favoris pour son ironie, son cynisme, son esprit et d'une autre, Pas moi, de Samuel Beckett, monument de la littérature dramatique de la seconde moitié du XXième siècle.

Ce spectacle est mis en scène par Frédéric Moreau. Ce jeune homme baigne dans le théâtre depuis très longtemps... Déjà, en 2000, il présentait (dans une mise en scène d'Annick Pednault) au Séminaire de Chicoutimi un de ses textes (si je me souviens bien, il s'agissait d'une trilogie) dont le titre est, de mémoire, En noir et blanc. L'histoire se déroulait, toujours selon mon souvenir, autour de 1789... Fait à noter, la petite comédienne de l'époque qui tenait le rôle principal, la reine de France, était Marie-Ève Gravel devenue depuis excellente... qui tiendra l'unique rôle de cette nouvelle production. Les éclairages sont de Marilyne Tremblay.

Donc, je vais voir dans quelques minutes, et j'y reviens dans les prochaines heures...

Et si... pour un retour du cabotin

En improvisation, signe de l'arbitre lors d'une punition pour cabotinage
Image tirée du site http://www.latiag.com/impro-grenoble-art22.html

Honni dans une mise en scène, puni en improvisation, le cabotinage représente un défaut majeur pour l'acteur, une distorsion de son jeu, une perte de contrôle de lui-même, un numéro égocentrique indifférent au spectacle.

Voici la définition glanée dans le Dictionnaire encyclopédique du théâtre de Michel Corvin:

Cabotin: Terme péjoratif employé pour désigner un comédien dont le jeu est démagogique. Historiquement, le terme désigne un comédien médiocre qui joue dans un théâtre ambulant. Le cabotin est une acteur qui en fait toujours trop, qui surcharge son jeu pour attirer sur lui le regard et l'attention. Il conçoit l'interprétation de son rôle comme une mise en valeur de ses propres talents, il fabrique son jeu de l'extérieur et cherche moins à jouer en profondeur la complexité de son personnage qu'à produire une suite d'effets faciles lui assurant la reconnaissance du public. Agissant ainsi, le cabotin rend malaisé le travail des autres comédiens et met en péril l'homogénéité du spectacle.

Et si c'était là, la véritable clé de la théâtralité de l'acteur? Du moins, c'est ce qu'en pense - et j'appuie - Vsevolod Emilievitch Meyerhold (dans Écrits sur le théâtre, Tome II):

Peut-on concevoir un théâtre sans cabotinage? [...] Et peut-être en va-t-il toujours ainsi: s'il n'y a pas de cabotin, il n'y a pas de théâtre, et réciproquement, dès que le théâtre refuse les lois fondamentales de la théâtralité, il se sent aussitôt capable de se passer de cabotin.

Chez l'acteur contemporain, le comédien s'est transformé en diseur intellectuel. [...] Au lieu de jouer, il se contente de vivre simplement sur scène. Le culte du cabotinage, qui, j'en suis sûr, réapparaîtra quand renaîtra l'ancien théâtre, aidera l'acteur contemporain à se tourner vers les lois fondamentales de la théâtralité. Ceux qui s'attachent à reconstruire les anciennes scènes puisant leur savoir dans les théories oubliées de l'art scénique, dans les vieux manuscrits et les anciennes iconographies théâtrales, se proposent d'amener l'acteur à croire à l'importance et à la puissance de sa technique de jeu.


Le cabotinage pourrait peut-être vraiment être une force...