Mgr Taschereau (Elzéar-Alexandre Taschereau de son vrai nom... avec sa biographie wikipédienne ici)
Dans la suite L'Église contre le théâtre, voici un extrait du (coloré et quelque peu xénophobe!) mandement contre le théâtre lancé, au printemps 1974, par Monseigneur Taschereau, archevêque de Québec, suite à la prochaine venue du Genuine New-York Black Crook qui triomphe à Montréal et qui présente - ô scandale! - de danseuses, des chanteuses, un orchestre et des clowns:
Une troupe nombreuse de baladins étrangers s'annonce comme devant donner des représentations théâtrales dans le cours de la semaine prochaine. Or, nous avons appris de source certaine que la morale et la décence la plus élémentaire y sont affreusement outragées. N'avons-nous pas le droit de nous regarder comme insultés par cet étalage d'infamies?
Laissez donc ces horribles scandales s'étaler dans le vide. Quand les acteurs verront que les recettes ne payent pas les dépenses, ils nous délivreront bientôt de leur présence.
Quelques mois auparavant, Monseigneur Bourget (déjà vedette de ce blogue, là et là) s'était lui aussi élevé contre cette troupe venu du sud de la frontière - comment aurait-il pu en être autrement?:
Des troupes de comédiens et de comédiennes se succèdent depuis quelque temps sans interruption dans cette ville et donnent dans une maison de théâtre le spectacle des immoralités les plus révoltantes. Ce sont chez les comédiennes des nudités qui feraient rougir d'honnêtes païens s'ils en étaient les témoins. Rien n'égale l'indécence des jeux que se permettent ces baladins, pour attirer une foule de curieux de tout âge de tout sexe et de toute condition. Des jeux scandaleux, des danses criminelles, des libertés plus malhonnêtes sont comme les pâtures ordinaires dont ces bouffons saturent les spectateurs.
Car c'est dans ces repaires de tous les vices que se commettent les crimes qui compromettent la réputation des familles les plus respectables et la paix et la prospérité des citoyens. Là, en effet, se font de folles dépenses pour satisfaire la sensualité et la gourmandise. Là s'entretiennent les mauvaises passions qui remplissent les maisons de prostitution. Là se dépenses des sommes fabuleuses qui prouvent que l'on est toujours riche pour le plaisir tandis que l'on se dit pauvre pour la charité. Là se prodigue follement ce que l'on a dérobé à des parents, à des maîtres, à des patrons sans défiance. Là s'oublient et se perdent les bons sentiments qui attachent les enfants à leurs parents. Là ces enfants malheureux apprennent à mépriser les auteurs de leurs jours, à les contrister en leur désobéissant par une conséquence nécessaire, à attirer sur leurs têtes les malédictions réservées à ceux qui n'honorent pas leurs pères et mères.
Ces deux petits morceaux de littérature judéo-chrétienne se retrouvent dans le bouquin L'histoire du théâtre au Canada de Léopold Houlé, publié en 1945.
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