Peinture d'Adolphe Martial Potémont (1862) représentant le Boulevart du Temple où sont situé de nombreux théâtre au XIXe siècle... théâtres spécialisés notamment dans les mélodrames où les crimes sont légion! On surnommera ce Boulevard, le Boulevard du Crime... et c'est lui qui donnera aussi son nom au Théâtre de Boulevard...
J'ai une certaine attirance pour ce qu'on appelle communément le théâtre de Boulevard: mélodrames, vaudevilles, Grand Guignol...
C'est une riche époque théâtrale que celle qui couvre pratiquement tout le dix-neuvième siècle et qui s'éteint peu à peu après la seconde Guerre Mondiale. Une époque où le théâtre est l'art par excellence (avec ses forces et ses faiblesses), où il est véritablement populaire.
Voici comment Michel Corvin définit ce qu'est le théâtre de Boulevard dans son Dictionnaire encyclopédique du théâtre:
[...] Aussi le Boulevard ne saurait-il être qu'une forme hybride dont le territoire mal délimité a l'avantage d'accueillir aus. si bien la comédie (de moeurs, légère, satirique ou de caractère) que le drame (social et psychologique). Leurs caractéristiques communes, malgré la différence de ton, sont thématiques d'abord: le Boulevard ne s'intéresse aux hommes que sous l'angle de leur vie privée; le domaine exploité est celui de l'amour, du couple, de la famille, soit du social quotidien. Le particulier seul mobilise le Boulevard mais le particulier à l'usage du plus grand nombre. [...]
Que le Boulevard fasse rire ou pleurer, la pièce est réussie si elle est «bien faite». Formule un peu magique, comme d'une recette dont on ignorerait le secret et qui relève de critères moins dramaturgiques que sociologiques: une pièce est «bien faite» si elle va au-devant du spectateur par ses procédures insistantes d'étroite rationalité (tout doit s'expliquer et s'expliciter au Boulevard), de progressivité (le conflit linéaire une fois posé en termes nets et simples est emporté dans un mouvement, régulier ou accéléré mais toujours perceptible et qui achemine les personnages vers une fin imparable), de clarté: les personnages sont des types aux traits marqués sinon génériques qui permettent de savoir immédiatement «à qui on a affaire». Le tout est surindiqué à coups de redondance et de procédés rhétoriques (gradation et concentration des effets, antithèses et hyperboles). Le «clou» résidant dans la (ou les) scène(s) à faire, sorte de climax de la tension dramatique ou de l'explosion comique. [...]
Mais le Boulevard ne serait rien sans son langage, et dans son langage, sans ses «mots d'auteur» [...]. Ces mots, il y en a de toutes sortes: des calembours, des à-peu-près, des glissements du sens propre au sens figuré, des détournements de formules toutes faites ou proverbiales, des effets de rimes, des symétries rythmiques et syntaxiques, en somme tous les procédés propres à provoquer un dédoublement du sens [...].
Du grand théâtre? Pas toujours, il est vrai... (quoi qu'il y a, en matière de comédie, les Labiche, Feydeau, Courteline, Guitry) mais une sacrée école de formation sur les types, les codes et les conventions, les procédés théâtraux!
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