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lundi 23 mars 2009

Mes Mémoires minuscules... 10


2005... fin d'une étape!

Les premiers mois de 2005 me servent essentiellement à terminer l'écriture de mon mémoire qui définit le concept de néo-maniérisme meyerholdien à travers l'articulation et la mise en scène d'Il faut qu'une porte soit ouverte ou fermée d'Alfred de Musset. Cette définition se fait principalement selon trois axes: 1- le texte comme structure, base matérielle de l'univers théâtral, 2- le corps en tant que médium artistique, comment le corps devient sculpture sur la scène, 3- la scène comme support physique. Après plusieurs versions, ratures, corrections, remaniements, lectures critiques de mon directeur de recherche, Rodrigue Villeneuve, j'en arrive à une version dite finale que l'on peut lire grâce à ce lien.

Au même moment, je termine la mise en scène définitive de mon projet (nommé plus haut) avec Marc-André Perrier et Isabelle Boivin devant être présenté les 16, 17 et 18 mars 2005... le jury devant se réunir le soir de la deuxième représentation, après qu'une première ait permis d'ajuster quelques trucs. Malheureusement, cette première est annulée le 15, suite à la décision de l'Asso-Art de tenir une journée de débrayage le lendemain pour protester contre les coupures libérales dans le programme de prêts et bourses (débrayage qui préludera la grande grève quelques semaines plus tard).

Le jury se tient donc sous le double signe du stress (première représentation et soutenance). Rodrigue Villeneuve et Denis Bellemare de l'UQAC ainsi que Madame Irène Roy de l'Université Laval forment celui-ci et posent questions sur questions pour vérifier la cohérence de mon propos, de mes écrits, de ma création... avec le résultat que je suis reçu avec excellence, sans modification... et suis, par le fait même, le premier diplômé de la Maîtrise en art de l'UQAC avec un profil théâtre.

Première expérience avec le C.R.I.

C'est aussi en 2005 que je suis embauché (je ne me souviens plus dans le cadre de quel programme, ni de la période de l'année à laquelle je fais ici référence) par le Théâtre C.R.I. pour mettre en place sa soirée bénéfice. Ainsi naît le Casino-Théâtre: divers jeux de hasard qui permettent, aux gagnants, de tirer au sort pour savoir quel comédien parmi la douzaine présente, leur livrera, dans l'intimité, quelque part dans le C.N.E., un monologue théâtral issue d'une production antérieure... Projet intéressant qu'il serait bien de peaufiner dans un cadre encore plus précis...

Second sortie du TCM

Quelques mots sur le Théâtre 100 Masques... depuis quelques semaines, nous travaillons, avec Dany Lefrançois, à l'établissement d'un nouveau projet: un spectacle cirquesque érotico-théâtral... un spectacle d'ambiance à lequel je dois participer. Mais vite le projet prend, malgré mes réserves, la tangente cabaret, avec une suite de numéros disparates qui deviendra la première version des Soirées du Grand Écart, pour lequel, finalement, je ferai les costumes des garçons et qui voyagera de l'Hôtel Chicoutimi, au défunt Bistrot des Anges, au Côté-Cour.

Pendant ce temps, un projet ambitieux, utopique et franchement casse-gueule est sur la table et devient source de tensions perpétuelles et au sein de l'équipe et au sein d'une bonne frange du milieu: créer un Festival de théâtre émergent avec une subvention aux Projets novateurs (obtenue en concertation avec les autres compagnies)... qui servira finalement à produire un événement dans le cadre du premier Entre-Deux Maniganses... C'est donc sur se fond quelque peu embrouillé que je quitte pour la seconde fois cette compagnie (compagnie qui bifurquera de sa mission première au cours des mois qui suivent en se fusionnant avec l'Atelier de Théâtre L'Eau Vive qui lui permettra désormais d'offrir des ateliers de formation).

Tentative collective


L'été pointant rapidement, avec quelques amis, il nous prend envie de se constituer un collectif pour créer un spectacle ambulant, un théâtre de rue autour des textes de Courteline, auteur de pièces en un acte incisives. Le Collectif de la Courtepointe (Alexandre Larouche, Isabelle Boivin et Marc-André Perrier avec qui je voulais faire autre chose que mon projet de maîtrise, Carolyne Tremblay et moi) présente donc Courteline ou les pétunias de la bêtise. Répertoire que je connais et que j'explore de plus en plus...Une première représentation a lieu au Café Cambio deChicoutimi... avec un certain succès. La seconde se tient dans un restaurant d'Hébertville (pour ne pas dire une cave de restaurant!) devant huit personnes - ma famille! - qui assistent à un condensé de tout ce qui peut arriver sur scène: explosion d'une ampoule, noyade d'un comédien, fous rires, décors qui tombent, etc. Deux autres représentations sont prévues dans le cadre de l'événement Médium:Marge (?) où nous jouons dehors, dans un vent d'ouragan qui, outre le fait d'assourdir nos voix, menace à tout instant d'emporter notre toile de fond et à l'intérieur où personne n'écoute. Enfin, la dernière a lieu au Studio-Théâtre pour l'ouverture de la session de l'automne... et met aussi un terme au Collectif.. qui s'avère être dans les faits, un duo qui doit prendre toutes les responsabilités...

Petit automne peinard...

L'automne apparaît dès lors relativement tranquille.

Encore une fois (et depuis quelques années et de plus en plus), je travaille sur la production des Têtes Heureuses, Le Misanthrope, comme homme à tout faire.

Enfin, c'est à cette période que débute l'écriture d'une nouvelle pièce qui deviendra, en quelques sortes, un manifeste théâtral: Madame...
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Cette année-là, en 2005, La Rubrique présente Toilette de soirée, le C.R.I. présente L'Opération de Martin Giguère, le Théâtre Mic Mac fête les 150 ans de Roberval en présentant L'Île de la demoiselle d'Anne Hébert, Les Têtes Heureuses présentent Le Misanthrope de Molière, le Théâtre 100 Masques présente Les soirées du Grand Écart II et le 24h-Théâtre et le Faux Coffre naît avec La Farce de Maître Pathelin.

mercredi 11 février 2009

Mes Mémoires minuscules... 9

2004 ou l'année de recherche...

Après avoir complété mon année théorique à la maîtrise en arts, j'entreprends la seconde, celle de la recherche. Je me lance aussitôt dans une lecture intensive de nombreux livres, essais, biographies touchant le théâtre, particulièrement le formalisme... avec des incursions chez Meyerhold (bien sûr!), Taïrov, Oskar Schlemmer et le Bauhaus, Kantor, Barba, Jarry et son inutilité du théâtre au théâtre, Mesguish, Régy, Vakhantagov, Piscator, Brecht et j'en passe. Je passe en revue de nombreuses revues théâtrales: les Théâtre/Public, Alternatives théâtrales, Jeu, Annuaire théâtral, etc... consignant dans deux cahiers mes différentes notes, opinions, pensées... des cahiers qui, après coup, ressemblent beaucoup à ma façon de fonctionner sur ce blogue.

Un éparpillement intellectuel, un brouillard théorique qui ne cesse encore aujourd'hui de me nourrir!

Incursion robervaloise


Ce début de recherche coïncide également avec un autre début: ma première expérience avec le Théâtre Mic Mac de Roberval. Il avait été conclu, en décembre de l'année précédente, que je serais le metteur en scène de leur prochaine production, Au bout du fil, un texte magnifique d'Évelyne de la Chenelière qui fait se condenser le temps pour onze personnages engoncés dans une activité-pêche aux limites simultanées et de l'enfance et de la vieillesse. La création se fait autour du principe choral, où chaque scène devient prétexte à une image scénique statique. Ce fut un spectacle déconcertant pour certains, tant pour les spectateurs que pour les acteurs et concepteurs. Un spectacle où le corps devenait sculpture, où les mots n'étaient que musique fredonnée avec le regard vide, fixe, comme si le public était miroir. Après tout ce temps, cela reste mon spectacle le plus marquant... Pour la première fois (et peut-être pour la seule fois!) la forme appuyait réellement le contenu... Par ailleurs, ce spectacle sera acheté, en septembre, par Ville d'Alma pour le présenter dans le cadre des Journées de la Culture...

Retour au Théâtre 100 Masques

Après avoir essayé d'aggrandir le cercle de la direction (en y intégrant Sara Moisan, Pierre Tremblay, Moïra Sheffer-Pineault et Jessyka Maltais-Jean) et après avoir fait, avec un immense succès, La serva amorosa de Goldoni sous la direction d'Éric Chalifour, le Théâtre 100 Masques voit la plupart de ses administrateurs quitter le navire (encore une fois!) et c'est ainsi que je reviens à nouveau au sein de l'équipe composée de Sophie Larouche et de Madame Maltais-Jean. C'est cette année-là que la compagnie reçoit une subvention du RAJ de 35 000$ pour l'embauche d'une ressource qui aidera (!) à développer l'organisme... Bien que tout n'aille pas pour le mieux, la santé du TCM est encore viable... Nous réussissons à obtenir de l'argent de la Fondation TIMI pour faire une formation sur l'improvisation... formation offerte par Monsieur Réal Bossé de la L.N.I. Quelques heurts, sans plus... et un projet de cabaret-cirque érotique...

Début de rédaction... à la recherche d'un néo-maniérisme meyerholdien

Nous revoici donc à l'automne... et au début de la rédaction de mon mémoire... de mon essai qui concluera mes études à la maîtrise en art. Cet essai prend la forme d'un précis de mise en scène portant sur ma création en cours (avec Isabelle Boivin et Marc-André Perrier) d'Il faut qu'une porte soit ouverte ou fermée d'Alfred de Musset (après avoir cherché pendant quelques semaines une pièce en un acte...).

En cours de rédation, il convenait de tenter de définir mon style, mon esthétique, ma vision du théâtre... de ramasser le tout sous une appelation théorico-savante. Après avoir opté pour le néo-trad, je me suis vu guider, à partir de mes penchants pour Meyerhold et ses écrits, vers un terme plus conséquent (bien que demandant de nomreux éclaircissements!): le néo-maniérisme meyerholdien qui reviendrait, en quelques sortes, à concevoir le texte comme matériel émetteur de théâtralité, le corps comme exécuteur et la scène comme diffuseur de celle ci...

Tout en poursuivant cette période intense d'écriture, je m'appliquai, en décembre, à présenter une première version de mon spectacle aux étudiants du BIA pour tester le tout, recevoir des commentaires, vérifier les options esthétiques: le jeu mécanique, le chorégraphisme, le texte comme partition, etc.

Puis vint les Fêtes.

Cette année là, La Rubrique présenta Jacynthe Rioux, 609 Saint Gabriel et Pierre Marie et le démon et le CRI, Le Roi se meurt.

dimanche 9 novembre 2008

Mes mémoires minuscules... 8

De retour sur les bancs de l'école... première année théorique

En janvier 2003, après avoir finalement fermé mon dossier baccalauréatien, je me suis inscrit à la Maîtrise en art (volet création) de l'UQAC par intérêt personnel, désir de chercher, d'approfondir mes connaissances théâtrales avec, comme maître à penser, Kantor (qui serait, par un heureux hasard, vite mis de côté aux profits de Meyerhold!). Cette première session théorique, avec des intentions de recherches encore assez floues portant principalement sur le spectateur (!), culmina en avril avec la présentation de l'exposition des étudiants à la maîtrise au cours de laquelle je présentai la version condensée de mon texte, Le Choeur du pendu. Cette pièce, composée principalement de monologues partagés entre huit personnages, a fait l'objet d'une expérience: durant dix minutes, les personnages, éparpillés sur des socles dans la le Studio-théâtre, disaient leur texte, en simultanée... Le pauvre spectateur, au centre de ce brouhaha ne pouvait, par conséquent, prendre connaissance de l'entièreté de ce texte et devait, du coup, choisir son point d'écoute au détriment du reste.

Au cours de cette même session, je me suis impliqué à nouveau dans un projet de fin de bacc.... celui de Pierre-Luc Desrosiers. Après avoir joué plusieurs personnages comiques, il voulait tenter sa chance dans un rôle dramatique. Voilà la raison pour laquelle ce fut Traces d'étoiles, de Cindy Lou Jonhson qui fut choisi. S'étant enfuie dramatiquement le jour de son mariage, une jeune femme se retrouve prise en plaine tempête de neige en Alaska. Elle est recueillie par un homme torturé... S'ensuit un huis clos entre ces deux solitudes brisées. Il fut décidé que nous ne travaillerions que sur les trois scènes les plus marquantes (pour un spectacle d'une demie-heure); que le tout se passerait sur une petite scène centrale mise sous cloche de verre (ou plutôt de plastique!); que les spectateurs pourraient se promener tout autour; que seules deux petites lanternes mobiles seraient utilisées comme sources d'éclairages. Et c'est ce qui fut fait. C'est pour cette pièce que j'ai rencontré (en audition... avant que de ne travailler plusieurs fois avec elle par la suite) la magnifique Andréanne Cossette.

Outre les cours, l'autre tournant marquant de cette année fut la découverte, dans mes notes antérieures du bacc., des théories (bien succintes!) de Meyerhold. Ce qui ne m'avait pas frappé à l'époque me foudroyait littéralement. En quelques mois, je lus tout ce qui me tombit sous la main concernant ce praticien magistral.

Ce fut également la présentation, lors de l'exposition de la maîtrise Zones d'urgence (décembre 2003), de mon installation sur le spectateur: sur un socle, en plein centre du hall du Pavillon des arts, se tenait Andréanne, vêtue de noir, haranguant pendant plus de deux heures, avec le texte du Poelunus de Plaute qui encadre la réception théâtrale (voir ici), chaque passant au cours du vernissage... La performance, par personne interposée...

De l'action au Théâtre 100 Masques...

Pendant ce temps, au Théâtre 100 Masques, de nouvelles personnes se sont jointes à la direction pour combler le départ de Mélanie Potvin: Sara Moisan, Moïra Scheffer-Pineault et Pierre Tremblay.

Après un théâtre d'été plus qu'éclatant - soit la présentation des Précieuses Ridicules de Molière mises en scène par Christian Ouellet - Sophie Larouche délaissa la direction artistique et je fus nommé à sa place.

En septembre, le Théâtre 100 Masques fut engagé pour faire une animation théâtrale au cours d'un souper à la Tour (restaurant, à l'époque...). Cette Soirée funèbre (qui serait reprise quelques jours plus tard au Bar l'Autre Place d'Hébertville) serait fertiles en anecdotes! Ce spectacle était en trois parties: une lecture de fables névrotiques, une présentation du Défunt de René de Obaldia et une bande-annonce du Choeur du pendu. Lors de la première présentation, nous fûmes - nous étions cinq comédiens! - contraints de demeurer, pendant le repas (nos actions étant limitées aux entremets), dans un placard servant d'atelier, plein de poussières... de 17h30 à 23h! Quant à la présentation au Lac, il fallût se battre, à minuit, contre les effluves de l'alcool, la fumée de cigarette, la musique... C'est de cette façon, peut-être, qu'on apprend à ne pas faire trop de compromis!

Dispositif scénique, Le Choeur du pendu (TCM 2003)
Photographie: Alexandre Nadeau

Marc-André Perrier, Caroline Tremblay, Josée Laporte, Marc-André Roy,
Audrey Savard, Pierre Tremblay - Le Choeur du Pendu (TCM, 2003)
Photographie: Moïra Scheffer-Pineault

En octobre, grâce à l'octroi d'une nouvelle subvention du Fonds Jeunesse Québec, la compagnie entame le chantier, sous ma direction, du Choeur du pendu en version intégrale... de son titre original: Le Choeur du pendu [comédie grotesque et pathétique en prose et en pièces détachées variant inlassablement sur le même thème]. Partant du prétexte de la pendaison, ce texte est en fait une parodie grotesque et tragique des rites funéraires. Huit personnages délurés, tantôt drôles, tantôt cruels, se réunissent dans cette chorégraphie funèbre où sont dénoncées les affres sans cesse obsédantes et aliénantes de l'absence. Ce fut là le spectacle personnel qui m'a le plus stimulé... malgré les obstacles qui se sont placés en travers de cette route... dont certains de mes choix...

Après ce spectacle, par fatigue et par étouffement, je quittai le Théâtre 100 Masques pour la première fois.

Une rencontre déterminante

C'est à la fin de cette année-là que je fus engagée, par le Théâtre Mic Mac (après Sophie Larouche et Christian Ouellet), pour donner une journée d'ateliers... espèce d'audition de mise en scène pour la production suivante de cette troupe. Après avoir surmonté le trac, j'y ai rencontré des gens fort sympathiques avec qui je travaillerais plusieurs années par la suite.

Pendant ce temps sur le milieu saguenéen...

2003 est l'année du Pain dur des Têtes Heureuses, de Il pleut des vies et du Désir de la Rubrique, de la reprise de Poupzée du Théâtre CRI, des Troyennes à l'UQAC.

mercredi 24 septembre 2008

Mes Mémoires minuscules... 7

Lents débuts à la recherche d'une démarche

Les mois passent et les amours aussi…

À l'hiver 2002, toujours étudiant sporadique à l'UQAC et désormais serveur au Café du Presbytère, je me suis retrouvé, par tout un concours de circonstances, à faire la mise en scène du projet de fin de bacc. de Sonia Desmeules, magnifique comédienne dramatique maintenant à Montréal. Elle s'était attaquée, en compagnie d'une camarade (Sabrina Bélanger, pour ne pas la nommer), à La Voix Humaine de Jean Cocteau, monologue dont la particularité est d'être dialogique (le drame, se passant au téléphone, suppose la présence d'un interlocuteur). À trois semaines de la première, le travail dut être repris à zéro. Nous avons alors opté pour un espace très réduit (8' X 8') avec, comme éclairage, une seule lampe fixe… les nuances se faisant au gré des déplacements du corps.

Sonia Desmeules, La Voix humaine, (UQAC 2002)
Photographie: je l'ignore complètement


Le spectacle est fort beau… dans mon souvenir. Malheureusement (ce qui n'est plus le cas... grâce à Martin Giguère), il n'y a ni images, ni captation. Dommage… Car peu à peu s'installe une vision du théâtre (importance accordée au comédien au détriment de la technique, stylisation), une façon de faire… bref, une démarche.

Les premiers soubresauts organisationnels

Au cours de cette même saison, le Théâtre 100 Masques utilisa les profits de la dernière production pour monter un petit spectacle (Les Nuits Blanches de Dostoïevski) à partir du processus organique de Jonh Strassberg. Cette mise en scène de Sophie Larouche (avec Sara Moisan et Jean-Luc Girard) a causé bien des dissension internes… les premières qui mèneraient au départ de Mélanie Potvin quelques mois plus tard et qui enclencherait une incessante mouvance au sein de la direction. Les débats y étaient vifs. Fait à noter, c'est dans cette production que j'ai fait la connaisance de Marc-André Perrier, comédien avec lequel j'ai beaucoup de plaisir à travailler.

En avril, le Conseil régional de la famille nous contacte pour que nous produisions un spectacle dans le cadre de leur événement annuel (en mai) ayant pour thème, De la place pour la famille. Il est vite décidé que j'écrirais un court texte sur les sujets abordés lors de leur colloque (conciliation travail-famille, conflit intergénérationnel, etc.). Avant sa mise en scène (par Sophie), il nous fallait tout d'abord rencontrer le CA du CRF qui, derechef, a rejeté le projet... considérant le texte trop tordu, trop théâtral et stylisé... Il n'aimait pas l'histoire du bébé flottant dans un coffre à outil ni celle un peu rocambolesque où des enfants nourrissaient goulûment leur grand-père incrusté dans un fauteuil... Bref, ce fut un rendez-vous manqué.

Mélanie Potvin, Pierre Tremblay et Martin Giguère
Les Boulingrin (TCM 2002) Mise en scène: Dario Larouche, Photo: Alexandre Nadeau


Juste avant le départ effectif de Mélanie, encore une production: Comédies et Vaudevilles… notre second théâtre d'été à Chicoutimi. Dans le projet originel, montage de trois pièces, je devais mettre en scène Mais n'te promène donc pas toute nue de Georges Feydeau, Véronique Bouchard devais, pour sa part, travailler sur Notre futur du même auteur alors que Sophie devait, elle, se pencher sur Les Boulingrin de Courteline… Comme il manquait d'acteurs pour compléter la première distribution, je fus enrôlé pour jouer dans le premier texte (tout comme le prouve cette photo)… me retrouvant, du coup, à la tête des Boulingrin (source de mon coup de foudre pour ce vaudevilliste qu'est Courteline) en lieu et place de Sophie qui serait, elle, transférée sur Mais n'te promène donc pas toute nue. Trois mises en scènes… Ce fut un été malgré tout agréable: avec les fous rires de Martin Giguère, la présence d'Annick Pedneault, la critique parue dans le Quotidien...

En parallèle, nous avions tenté de faire une exposition sur le vaudeville dans la salle dédiée à cet effet au Centre des Arts... qui ne fut pas un succès. C'était laid, vide, et un peu bric à brac...

Oui, 2002 fut somme toute un assez calme millésime...

Pendant ce temps

Cette année-là, les Têtes Heureuses présentaient Richard II de shakespeare (rôle marquant de Christian Ouellet), La Rubrique produisait La Nuit où il s'est mis à chanter, le Théâtre CRI épatait avec son Poupzée et moi, j'écrivais tout doucement des textes épars qui deviendraient éventuellement Le Chœur du pendu...

vendredi 1 août 2008

Mes Mémoires minuscules... 6

Le Théâtre 100 Masques et les débuts comme metteur en scène

Quelque part au milieu de l'an 2000... pendant que mon bacc. s'éternise (pour les cours complémentaires... ).

Le Théâtre de la Castonade (auquel s'est joint Steeve Roy) se saborde alors qu'au Théâtre 100 Masques, deux des trois fondratrices - Maryse Lavoie et Magalie Roy - quittent le navire... premières d'une longue série d'administrateurs qui le feront par la suite. C'est dans ce contexte que Mélanie Potvin et moi joignons cette troupe, elle pour s'occuper des finances et moi comme directeur de production. Première action: enregistrer la compagnie pour lui donner une existence légale.

Voilà donc le point de départ officiel de mon association (chaoteuse) avec cet organisme.

Notre premier projet (en mars 2001, subventionné par le Regroupement Loisirs et Sports dans le cadre de l'événement annuel Expression Culturelle Jeunesse) marque aussi un tournant dans mes activités... car en effet, pour IPSO FACTO [courtepointe désamoureuse], je signe et les textes et ma première vraie mise en scène. Je me suis entouré des comédiens Isabelle Brin, Jean-Luc Girard, Georges-Nicolas Tremblay et de l'éclairagiste Alexandre Nadeau pour travailler à ce spectacle composé de sept petits textes (dialogues et monologues) traitant d'un aspect négatif de l'amour... Le décor est constitué d'un seul praticable noir; les costumes sont noirs et je n'ai que très peu d'éclairages. Curieux autant qu'étrange... Ce spectacle est aussi le premier à se tenir dans la Salle Murdock qui vient à peine d'être inaugurée (dans les faits, si je me souviens bien, il s'agit peut-être du second... le Théâtre de la suggestion présentant quelques jours avant nous leur Bal au nez rouge...).

Au même moment, à l'UQAC, une amie se cherche un projet de fin d'études et je lui propose alors de faire sa mise en scène si elle accepte de travailler sur La Sagouine d'Antonine Maillet. Après avoir placé un monologue entier, Hélène Bergeron, superviseure, trouve le résultat un peu lourd et soumet l'idée de créer un collage... ce qui fut fait. À partir d'un monologue de Maillet traitant de la pauvreté et des classes sociales, nous avons (en fait, j'ai...) intégré plusieurs textes dramatiques ou non: Les belles-soeurs (choeur du ménage) de Tremblay, La cantatrice chauve de Ionesco, Le misanthrope de Molière, une brochure des Messagères de Notre Dame, un court texte de ma plume, une publicité de la peinture SICO, etc. Les décors - un simple bout de tapis en jute, une chaise et un sceau - fabriqués par Daniel Pelletier, servent énormément beaucoup... Le titre de ce solo (le premier d'une petite série) est Qui déjà?.

Affiche du film de Hitchcock, 1952

De retour au Théâtre 100 Masques... Nous choisissons de présenter, après plusieurs années d'absence, du théâtre d'été à Chicoutimi (nous avions préalablement fait une demande de subvention au Fonds jeunesse Québec au printemps...): une adaptation théâtrale (dont je signerais le texte) du film d'Alfred Hitchcock, Mais qui a tué Harry?. Sous la direction de Sophie Larouche, une belle équipe (entres autres financée par Emploi-Québec et le projet Jeunes Volontaires) se lance dans le projet... sans se soucier des éventuels problèmes financiers... car la réponse (positive... ouf!) de la demande effectuée nous parvient à quelques jours (2 ou 3 maximum...) de la première: nous recevons ou bien 15 000$ ou bien 25 000$ ou bien 35 000$... je ne me souviens plus. Les représentations ont lieu toujours à la Salle Murdock... dans des décors (une immense façade de maison bleue et une forêt en foin allergène!) imaginés par Cathrine Sasseville.

Enfin, cette année-là, les Têtes Heureuses proposait leur seconde année des Cartes Blanches... et c'est ainsi qu'en octobre, j'ai présenté, dans la Galerie l'Oeuvre de l'Autre, un spectacle écrit (par moi...) en vers irréguliers, Les Pleureuses. Les trois comédiennes - Sophie Larouche, Annick Pedneault et Mélanie Potvin - se tenaient pendant une heure debout, chacune dans une immense cage de verre (faite en plastique!), dans chaque coin de l'espace. Les spectateurs étaient invités à se promener entre les cages pendant tout le spectacle.

Ailleurs, La Rubrique présentait Le Cabaret des nuits blanches et Celle-là de Daniel Danis; Les Têtes Heureuses fêtaient leur XXième anniversaire de fondation en présentant L'Éventail de Lady Windermiere d'Oscar Wilde (suivi du cabaret La séduction des anges) et le C.R.I. donnait son (peut-être me trompe-je...) Catatonie I...

Mes Mémoires minuscules... 5

La fin d'un cycle... ou presque

Ma troisième année à l'UQAC n'a pas laissé beaucoup de traces dans mon cheminement...

Ce début d'année 1999 a tout d'abord été placé sous le signe de l'ouverture du Pavillon des Arts à son emplacement actuel... et par conséquent, du Petit-Théâtre et des locaux attenants. Les organisateurs de la semaine inaugurale (parce qu'il y en a eu une qui a culminé avec la présentation du Dragonfly of Chicoutimi de Larry Tremblay, avec Jean-Louis Millette qui est mort quelques jours plus tard... devenant du coup le fantôme de la nouvelle salle!) ont acheté une représentation de Chut ou les soliloques forcés du Théâtre de la Castonade qui fut, dans les faits, le tout premier spectacle du Pavillon et le tout premier spectacle dans le studio... et le chant du cygne pour cette compagnie.

Pendant ce temps, du côté académique, mes souvenirs se limitent à un stage (le mot est très fort) avec l'Association Professionnelle des Écrivains de la Sagamie (dont le nom a aujourd'hui étiré pour intégrer également la Côte-Nord) et un projet de fin d'études beaucoup plus littéraire que dramatique. Il s'agissait, en fait, d'un recueil de 40 fables, intitulé Fabulations névrotiques - illustré par l'artiste Vicky Hamel dont c'était aussi le projet. Dans ces courts textes, les protagonistes finissaient toujours par perdre une partie d'eux même (que ce soit physique ou physiologique)... surprise!... En voici une, la première de toute:


TITEIL

Il était une fois une petite vieille
(dont les âges ne se comptaient plus)
qui engendra un enfant - nommé Titeil -
pour lequel tout semblait devoir lui être dû.
Eh oui! La vieille adorait son fils, tel un prodige,

et celui-ci le lui rendait selon son gré...

Un jour malheureusement - famine oblige! -

la nourriture vint à manquer.

«Ah! Que faire?»

se plaignit le fils assailli par la faim.

«Notre pitance est épuisée, bonne mère;»

«vous fîtes cuire, hier, notre dernier lapin!»

La pauvre vieille, par ces lamentations attendrie,
ne désirant que le bonheur de sa postérité,

présenta son bras à son fils et dit:
«Je te supplie de me manger!»

«Nenni!» fit Titeil en ses bras l'enserrant,

«Comment pourrais-je croquer votre chair?»
«Je partirai et m'en irai errant»

«pour trouver issue à notre misère!»

Mais ses premiers pas ne furent pas tôt faits
que déjà son ventre se fit plus pressant...

Revenant soudain sur ce qui de sa bouche sortait,

sur sa mère Titeil se fit aller les dents!

Toutefois, en y repensant bien, ce fut là ma première véritable expérience de mise en scène... Pour présenter le résultat final, il fut entendu avec ma superviseur(e) de projet, Hélène Bergeron, qu'il y aurait une mise en lecture publique. Après m'avoir conseillé de demander à un de mes collègues de s'en charger, j'ai choisi de le faire moi-même. Et ce fut fait. Trois lecteurs (deux gars - Georges-Nicolas Tremblay et moi - et une fille, Lili Hamel aujourd'hui disparue) très peu habillés, ayant eux aussi laissé tomber des éléments d'eux-même (du moins, c'est ce que présentait le concept!): soit le premier avec seulement une chemise déchirée, le second avec seulement des boxers et la troisième avec un restant de jupon. Les textes s'enchaînaient dans une mise en place sommaire...

Sinon quoi d'autre? Cette année-là, je crois, les Têtes Heureuses ont présenté Camélias (masque de la production région); le CRI a fait Catatonie 1; la Rubrique, Album de famille et le Théâtre 100 Masques ses Andromaque, Les sorcières et Fin de partie.

Mes Mémoires minuscules... 4

Le retour...

Après un été de vacances mouvementé (!), après que mes hésitations volèrent en éclats, je suis finalement revenu à Chicoutimi avec la ferme intention d'y rester... et de poursuivre mon baccalauréat. Ce que je fis. Avec un esprit neuf, si je puis me permettre de parler ainsi.

Donc, de retour à l'UQAC pour les cours Lecture en théâtre avec Rodrigue Villeneuve... avec, au programme, une quarantaine (cinquante?) de pièces à lire couvrant l'histoire du répertoire universel, partant de la Grèce antique jusqu'à nos jours, en passant par le Moyen-Âge, le Siècle d'or espagnol et le classicisme français, de l'Angleterre à l'Italie. À chaque semaine, 3 ou 4 oeuvres étaient à l'étude... avec un test de lecture la semaine suivante. Franchement, je n'ai pas réussi à tout lire. C'était ardu. Par contre, cela donne, après coup, une importante vue d'ensemble de l'histoire dramaturgique du théâtre... et je plains les étudiants qui n'ont plus ce cours.

L'autre cours dont je me souviens (quoique vaguement...) est Techniques de scène, donné par Robert Faguy. En gros, ce cours était axé sur la technique, l'espace, l'éclairage, les accessoires... et la mise en scène. Nous travaillions à partir de courts textes de Claude Gauvreault. Je m'en souviens peu parce que j'avais probablement la tête bien ailleurs.

Faut dire qu'à l'époque, les projets de fin de bacc. se déroulaient à l'automne. Cette année-là, je me retrouvai impliqué (moi qui ne parlait à personne l'année d'avant) dans 3 projets sur 4. Je fus en charge des costumes pour le fameux P.S.C. (Psycho-Syndrôme Collectif) de Francine Halmost (où nous avons tous connu Georges-Nicolas Tremblay) et Ma mère m'a toujours dit... de Pascal Cyr. Je m'étais engagé aussi comme comédien (décidément, je ne me dompterais pas vite!) dans Maria de Marie-Pierre Plante, pour jouer un père dont l'enfant est autiste et dont le texte est uniquement «bla bla bla...»! (Tant qu'à y être... le dernier des projets en théâtre était celui de Geneviève Berteau-Lord, Féminin Singulier... qui emmêlait clowns et politique).

C'est aussi de cette période que date mon premier acte artistique hors-académique.

Affiche du spectacle, 1999

À la fin de cette session d'automne, à ma grande stupéfaction, Dany Lefrançois m'a approché pour que j'écrive (pour lui, si je me souviens bien) un monologue qui serait mis en scène par une de ses amies... Martine... et j'ai accepté. De ça sortirait quelques semaines plus tard, Chut ou les soliloques forcés (qui questionnait, peut-être un peu malhabilement, mais bon... qui questionnait le théâtre, la théâtralité, la parole) et, du coup, le Théâtre de la Castonade (fondé par Dany et moi). Pour financer le spectacle et pour répondre à des exigences du cours Ateliers interdisciplinaires, nous avons découpé le texte en 335 répliques et les avons vendues avec la promesse de ne jamais rejouer la pièce par la suite. Ce spectacle - le seul de la compagnie - sera présenté en mars 1999, avec Maryse Lavoie (par tout un concours de circonstance, Dany ne jouait plus... Véronique Bouchard et Annick Pednault ayant refusé... Marie-Andrée Lamothe s'étant désistée...), dans une mise en scène de Lefrançois.

Je ne me souviens plus si, au cours de la session Hiver 99, il y avait d'autres cours de théâtre que la Production... Toujours est-il que je fus encore obligé de jouer, cette fois sous la direction un peu spéciale de Igor Ovadis, dans Mère Courage, de Bertolt Brecht. J'y tenais deux rôles: Fondusuisse (le fils un peu bêta de l'héroïne) et l'Enseigne (commandant, soldat ou peu importe qui apparaissait au dernier tableau et qui ordonnait de tirer sur la pauvre muette)... En voici d'ailleurs une photo (en compagnie de Véronique Benoit qui jouait un idiot et Dany Lefrançois, le bourreau):


Je me souviens très peu de ce spectacle... car l'événement marquant est survenu le soir de la dernière! Tout le monde s'est réuni (après avoir terminer de remettre la salle en ordre... donc très tard) chez moi, dans mon petit trois et demi! L'alcool coulait à flot et des fumées de toutes sortes emplissaient l'espace... quand soudain, est apparue la propriétaire (que j'avais pourtant mise au courant...), vêtue de bigoudis et d'une robe de chambre en flanelle (une caricature qui a fait s'esclaffer tout le monde!), faisant une crise dans l'embrasure de la porte qu'elle voulait dormir, faisant une première sortie, mais revenant claquer la porte par après pour faire plus d'effet... Oui... Depuis ce temps, je suis légèrement paranoïaque lorsque je reçois des gens à la maison...

C'est comme ça que s'est passé ma seconde année universitaire.

L'été qui suivit (1999) a vu la naissance du Théâtre 100 Masques (par Sophie Larouche, Magalie Roy et Maryse Lavoie... pour présenter leurs Veuves Sauce Moutarde à Latterrière). Bref, tout était prêt pour la suite des choses...

Mes Mémoires minuscules... 3

Mes débuts... à reculons...


Je suis arrivé à l'UQAC un peu perdu (en fait, carrément perdu... j'étais au Pavillon Principal (à l'époque seule bâtisse ou presque sur le campus... alors que je devais être au Pavillon Sagamie...), au B.I.A.-Théâtre, avec, outre les quelques expériences fort mineures antérieures, aucune expérience signifiante en théâtre... et encore moins en art général. Je n'ai, effectivement, jamais fait d'arts plastiques de ma vie... ni au primaire, ni au secondaire (au cours de lesquels j'avais le profil musique... guitare, pour être plus précis), ni au collégial (où au lieu d'être en Arts et Lettres j'étais en Lettres et langues). C'est un domaine pour lequel j'étais plus que vierge!

Il y a, quand je compte bien, tout juste 11 ans, j'étais un parfait ignorant en la matière. Si des auditions ou un quelconque contingentement existaient pour le B.I.A., jamais je n'y serais entré. Chaque nom qui sortait m'était inconnu. Chaque courant dont il était question était nouveau pour moi... Longtemps je me suis demandé - avec raison! - ce que j'y faisais... au point où jamais je n'aurais pu prévoir être encore là aujourd'hui... installé qui plus est à Chicoutimi et impliqué dans le milieu...

Mais auparavant, le passage du désert!

Quelle ne fut pas mon immense réserve quand je suis arrivé dans le cours Techniques de jeu (donné à l'époque par Jack Robitaille) parmi les Véronique Bouchard, Mélanie Potvin, Mathieu Savard et Dany Lefrançois (avec qui j'ai fait mon premier pas en théâtre en jouant un extrait de L'ouvre-boîte de Victor Lanoux)... Des gens qui mangeaient du théâtre! Des gens passionnés qui se donnaient pour le théâtre! Des gens qui en avaient déjà une vision sinon claire, du moins convaincue! J'étais (et je serais encore probablement aujourd'hui) comme un chien dans un jeu de quilles. Je m'en suis sorti avec un C-... Outre le fait que je sois un piètre acteur, il faut dire, à ma défense (!), que j'ai refusé de faire le monologue demandé (tiré du Ajax de Sophocle) et que, par un concours de circonstances qui m'allait plutôt bien, ma partenaire (pour Les Dactylos de Murray Schisgal) ne s'est pas présentée lors de la présentation finale!

Les doutes m'assaillirent aussi dans le cours Analyse de spectacle (donné par Rodrigue Villeneuve) où j'étais à 100 000 lieues de mon univers habituel entre les grilles d'analyses de Pavis, les critiques, les cours magistraux... sur un sujet qui m'était parfaitement étranger. Et avec lequel je me cherchais désespérément des affinités. La réalité ne reflétait pas ce à quoi je m'étais attendu.

J'ouvre ici une parenthèse... C'est dans ce cours que j'ai connu la première extase théâtrale. En novembre 1997, pour un travail, nous devions aller voir La Serva Amorosa du T.N.M.... avec, entres autres, Markita Boies, comédienne que je vénère depuis... J'étais assis au premier rang... et celle-ci, tenant le rôle principal, venait souvent s'asseoir à quelques pas de moi. Je ne me souviens guère de l'ensemble de l'oeuvre... sinon que je fus charmé... pour la première fois. Elle a même poussé l'audace jusqu'à me faire un clin-d'oeil et un sourire, droit dans les yeux... et j'y ai cru... pour la première fois. C'est aussi à cette même époque que j'ai rencontré (un bien grand mot) Les Têtes Heureuses... qui présentaient Le Conte d'hiver de Shakespeare... pièce dont j'ai vu seulement la première partie... car j'ai pris l'entracte pour la fin... J'avais vraiment beaucoup de choses à apprendre!

L'horreur dans toute sa splendeur s'est manifestée dans le cours Danse-théâtre (donné par Jo Lechay). À peine entrés dans son cours (je tiens, avant de continuer, à spécifier que bien que je sois encore d'un naturel timide, j'étais à l'époque mille fois pire!), nous devions faire une chorégraphie de cinq minutes pour nous présenter...Euh... Je me suis littéralement enfui!

Peut-être est-ce la raison - une sorte de blocage! - qui fait que je ne me souviens pas si, la session suivante, il y avait d'autres cours en théâtre que Dramaturgie et mise en scène... C'est l'année de Vie et mort du Roi boiteux... l'oeuvre colossale de Jean-Pierre Ronfard... Spectacle qui durait, à la fin (lorsque présenté «intégral», soit les deux parties), 6h... de 18h à minuit! J'y tenais, dans ma première scène, le rôle du Temps... un fort long monologue («Je m'appelle le Temps. Je ne porte pas de faux, ni de ciseau... je ne tranche rien...» et ainsi de suite pendant dix interminables minutes!), juché sur un échafaud, toge sur le dos décorée d'horloges... (rôle que je répétais tout seul!... et auquel j'avais ajouté des lignes! Décidément...). La première fois que j'ai parlé devant public, j'avais la bouche pâteuse et sèche tout à la fois... zézayant donc probablement beaucoup plus qu'à l'habitude... J'ai voulu mourir. L'autre rôle était plus court et plus comique. Je jouais un bonze dans un temple bouddhiste, avec une seule réplique... mais c'était LA réplique: «Ajoutes-y des croûtons à l'ail, et tu trouveras la paix».

C'est après cette production, entre les caisses de bières et les fours à micro-ondes emplis de hot-dogs, dans le foyer du Petit Théâtre sis au cinquième étage du Pavillon Sagamie que j'ai marqué mes camarades et professeurs, parce que je dansais, m'amusais et parlais... Après tant d'années, je dirais que peut-être fêtais-je la fin d'un calvaire avec la ferme intention de ne jamais y revenir... L'avenir se chargerait encore une fois de me détromper!

Mes Mémoires minuscules... 2

Les années pré-universitaires


Quelques années plus tard (en 1994), me voilà au Collège d'Alma... perdu dans les mathématiques appliquées, l'administration et la programmation: j'étais inscrit officiellement en «Informatique - Techniques administratives». Il n'y a point de sot métier.

Après une année et demie dans ce programme (et sous l'influence et la persuasion d'un professeur en littérature, Éric Galarneau pour ne pas le nommer...), je me suis retrouvé, du jour au lendemain, transféré dans le programme de «Lettres et langues».

Et là, premier changement majeur dans mon comportement social (!)... Ce ne fut rien de moins qu'une première tranfiguration!

Je me suis mis à l'écriture avec un plaisir sans borne... avec une facilité et un goût marqué pour la versification... et les dialogues. C'est d'ailleurs durant cette période que j'ai assisté à ma première pièce de théâtre: Enfin Duchesse! (Les Folles Alliées)... montée par la troupe amateure de l'institution.

Un bon jour, j'ai entendu parler d'un concours d'écriture dramatique (la première édition!) organisé par le R.C.Q.T.É (de mémoire, ce sigle signifie Regroupement des Collèges Québécois pour le Théâtre Étudiant). N'écoutant que mon orgueil et une cousine avec qui j'étudiais à l'époque et qui souhaitait participer, nous nous sommes assis à la table et avons composé ce qui est la première pièce significative de mon répertoire: Esprit de famille! qui raconte, sous le mode téléromanesque et un peu faiblard après coup, les tribulations d'une famille de soeurs qui se battent littéralement (et de façon sournoise... du moins, c'était notre souhait!) pour l'attention de leurs parents... Tous les stéréotypes y étaient fixés: l'alcoolique, l'hypocondriaque, la dépendante, la rebelle, la religieuse, etc. Trois actes... 67 pages... et un échec finalement... puisque nous n'avons pas gagné. L'an d'après, d'ailleurs, nous avons voulu mettre ce texte en scène (sans aucune expérience!), en collaboration avec le Service socio-culturel du collège... Nous avons répété trois mois, fait imprimer affiches et billets... malheureusement (!), pour des raisons de distributions disons volante... le spectacle fut annulées une semaine avant les représentations. C'était en 1996.

En 1997, pour le même concours, je me suis commis de nouveau et ai présenté un texte écrit en vers irréguliers: Gloria Victis (pièce avec laquelle a débuté la série de titres latins...!). Trois clochards devaient y évoluer dans une sauce dramatico-tragico-pathétique lourde et un peu indigeste. L'espoir y était inexistant. La mort rôdait. Ce fut un nouvel échec... Cette année-là, d'ailleurs, on recevait par la suite les commentaires du jury. Dans les «rapports» que je reçus, je pus lire que je devrais peut-être songer à faire autre chose dans la vie que d'écrire... mais bon.

Mon diplôme collégial en poche, je me suis alors inscrit à l'Université du Québec à Chicoutimi... au BIA en théâtre... médium que je ne connaissais finalement à peu près pas... avec l'intention de faire carrière en écriture dramatique (je l'avoue, je suis un peu entêté!)... En attendant ce nouveau tournant, j'ai écrit mon troisième texte dramatique complet (après beaucoup d'ébauches): Pour tous les maux du monde (toujours en vers irréguliers... pièce de laquelle sortirait plus tard une production, Les Pleureuses)... Une chapelle, un air baroque, un cercueil. Un couple au bord du gouffre, trois soeurs solitaires et un jeune homme perdu... bref, 164 pages qui n'ont jamais été lues par personne... je crois.

Mes Mémoires minuscules... 1

Prélude d'un engagement

Les aventures du chat Passe-Poil
Texte: Dario Larouche et Marie-Claude Côté
Photographie: France Côté (1988 ou 89?)


J'ai toujours affirmé être arrivé au théâtre par défaut... sur des coups de tête... C'est vrai... ou presque. En y réfléchissant bien, je fus peut-être, de tout temps, prédestiné à m'y engager...

En 1988 ou 89, à l'époque, durant un été que j'imagine pluvieux, une cousine et moi-même avons passé quelques heures à écrire ce que l'on appelait alors «un petit spectacle»: Les aventures du chat Passe-Poil... génération Passe-Partout oblige!

En gros, ce drame (parce que c'en est un, avec le recul!!!) raconte l'histoire déchirante d'un chat appartenant à une grand-mère... Cette dernière, aux prises avec une mémoire défaillante, oublie de rentrer son petit animal lors d'une nuit orageuse. Passe-Poil court donc à travers une forêt pour retrouver sa maison (j'ignore d'ailleurs d'où vient cette forêt... et comment il y est arrivé... mais bon). Et s'ensuit une suite d'aventures parfois heureuses (la rencontre avec le cheval, la chauve-souris, l'oiseau) et d'autres terrifiantes (celle avec le loup, la grenouille ou le chasseur)! Le dénouement: il retourne chez lui, sa propriétaire est contente. Vraiment, ce sont 5 pages (confrontant rien de moins que 8 personnages en divers lieux: maison, forêt, rivière, tanière, forêt, maison!) de rires , de larmes, de frissons, etc!

Lors du 45ième anniversaire de mariage de mes grands-parents, la même année, nous nous sommes attelés, mes cousins et moi, à présenter ce spectacle en guise de présent. Émue, probablement, par tant de naïveté, ma grand-mère nous a alors invité à participer (à l'époque elle était présidente du chapitre jeannois de l'Âge d'Or) à sa journée de bénévolat à l'hôpital de Métabetchouan, pour y présenter ce chef-d'oeuvre enfantin... Elle nous a même confectionné chacun des costumes nécessaires... (D'ailleurs anecdote: sur les photos, le chat, c'est moi... et peut-être ce costume vous rappelle-t-il quelque chose? Il s'agit du même costume que portait Patrick Simard dans Suites et drames brefs de Minyana, UQAC, 2004... car par un concours de circonstances, j'avais le costume dans ma voiture quand nous en cherchions un...) Si ce n'est de ces photos, je ne me souviens plus très bien comment s'est passée la représentation... La seule chose que je me rappelle, c'est d'avoir manqué, pour cela, une journée d'école...

Déjà, je connus ce qu'était le théâtre: le stress... les chicanes lors de la production... la diplomatie qu'exige une telle entreprise (entre cousins, on ne s'aime pas toujours comme il le faudrait!)... le bénévolat... et le plaisir...

Bref, ce fut ma première expérience devant public... et ma «première expérience» artistique (ensuite, dix ans passeraient)... Et la piqûre était à demi entrée... Assez pour que l'année suivante, nous préparions, ma cousine et moi, un nouveau numéro pour cette même organisation, un sketch dont j'oublie l'essentiel... sinon que j'y chantais et dansais...

Photographie: France Côté (1989 ou 90?)

Par conséquent, cette année, je fête pratiquement ma vingtième année de pratique!!! Qui l'aurait cru!