J'ai fait mention de ce dossier spécial, Horizon incertain du théâtre québécois, paru dans le numéro 245 de la revue Spirale (été 2013). Ce dossier qui dresse un portrait plutôt morose du milieu théâtral et qui est symptomatique d'un grondement qui se fait entendre depuis déjà quelques années, notamment dans les grands centres, et qui réclame ni plus ni moins qu'une mise à jour - voire une révolution! - en profondeur des façon de faire, en ce qui touche les subventions, la gouvernance, les directions artistiques, la diffusion et la formation.
Les constats sont durs. Brusques. Sans fard. Comme ceux-ci, de Gilbert David, dans son article Le flou artistique:
[...] La situation de blocage actuel découle du sous-financement généralisé de la part des conseil des arts (fédéral, provincial, municipal) dont les budgets sont gelés depuis dix ans, mais aussi du fait de l'afflux constant de nouveaux joueurs dans le champ de la production théâtrale - sans oublier le fait que les (trop) nombreuses écoles professionnelles lancent chaque année, dans un marché d'emploi déjà saturé, entre 50 et 70 nouveaux aspirants à la carrière d'acteurs. [...] Tout ou presque trouve grâce auprès des comités de pairs, retranchés derrière un souci d'équité envers tous les types de création. [...]
[...] Le résultat est qu'à partir des années 2000, ce sont des considérations essentiellement managériales et de «rentabilisation» (revenus de vente, commandites, collectes de fonds) qui ont pris le pas sur les objectifs à poursuivre dans le développement de l'art théâtral. Est-ce en multipliant le nombre de compagnies soutenues par des fonds publics, même si cela contribue à affamer tout le monde, que la vie théâtrale s'en trouve consolidée? Poser la question, c'est y répondre. À force de ne réclamer qu'une hausse des fonds consacrés au théâtre par les gouvernements, sans s'interroger vraiment sur l'écologie du système, sur ses faux-fuyants, ses petites complaisances et autres copinages, le monde du théâtre, dominé par une inculture crasse et un anti-intellectualisme à vomir, s'est pour ainsi dire tiré dans le pied. [...]
[...] On peut le déplorer, mais il faut se résoudre à accepter le principe de réalité selon lequel il y a des limites à la capacité de l'État à soutenir l'ensemble de ses créateurs.
Ça fait mal. Et pendant ce temps, qu'en est-il, ici, au Saguenay? La vague de fond qui perdure ne nous épargne pas davantage... Les questions qui se posent présentement dans la métropole et dans la capitale se poseront, tôt ou tard (si ce n'est déjà commencé...), dans notre milieu.
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