samedi 15 novembre 2008

"Et c'est [son] panache!"

Cyrano de Bergerac... un des personnages les plus connus de la littérature universelle... et pourtant, quelle surprise que d'entendre et réentendre ce texte représenté pour la première fois en 1897 - chance que plusieurs ont eu (dont moi... pour la seconde fois) hier soir à l'Auditorium-Dufour dans le cadre de la tournée du Trident.

Coquelin l'aîné, le premier Cyrano de Bergerac, 1897

Cette production, mise en scène (assez convetionnelle par ailleurs) par Marie Gignac a principalement le mérite de nous faire entendre cette oeuvre: ce ton si particulier de la comédie romantique brillant des derniers éclats du mélodrame, cette amertume et nostalgie, cet amour et cette résignation... mais surtout ce sourire pour ne pas dire ce rire qui se noue entre chaque réplique... Des répliques connues et attendues, comme cette tirade du nez. Des déclarations d'amour amusantes et touchantes. Bref, du théâtre comme à la fin du XIX siècle... Une fable portant sur l'être et le paraître qui trouve tout son sens et son essence sur les planches (n'en déplaisent aux amateurs de cinémas et des nombreuses adaptations de la pièce).

Hugues Frenette, photographie: ?

La distribution* est impressionnante: 13 comédiens... enfin... Un acteur principal, Hugues Frenette - qui a lui seul vaut le détour - qui porte les 1 600 vers de ce rôle. Un monumental personnage. Avec une maîtrise du texte, de la scène, avec une aisance magnifique, il crée là un Cyrano amoureux, faisant preuve d'empathie, loyal et touchant qui surprend lorsqu'on vient annoncer, à plusieurs reprises qu'il a beaucoup d'ennemis et qu'on cherche à le piéger. Un comédien principal, donc... et ses faire-valoirs (car ce texte a aussi cette particularité d'être d'abord et avant tout un morceau de résistance pour un comédien...Rostand l'a d'ailleurs écrit pour Coquelin, vedette de l'époque...). Le reste de la distribution se partage les petits rôles (les numéros comiques) et les autres rôles principaux, Roxanne et Christian... bien fades aux côté du lustre omniprésent du rôle-titre.

La scénographie (un peu rétrécie par rapport à la version vue à Québec... tournée oblige!) de Michel Gauthier, tout en étagères mobiles emplis de verreries et en escaliers de métal compose les multiples lieux par de simples déplacements des modules (dans les entrescènes... et qui créent, avec l'agencement des lumières et de la musique de forts beaux moments). Gauthier suggère plus qu'il ne montre, avec peu d'accessoires. Le plus intéressant vient également du fait que le scénographe a choisi de laisser à vue toutes les mécaniques de cette aire de jeu (câbles, poulies, fils, éclairages) de même que toutes les coulisses de chaque côté, les convertissant en lieux d'attente pour les comédiens.

Enfin, quelques réserves... sur la longueur (bien que déjà près d'une heure trente soit retranchée au texte original), sur les costumes (qui surprennent parfois - comme celui de MontFleury et de Roxanne en tenue de camp), sur la figuration (qui me pose toujours problème... comment créer la vie en figurant?). D'autre parts, mais peut-être est-ce dû au fait que je voyais se spectacle pour la seconde fois, il m'a semblé manquer un peu d'énergie et de tenue sur scène... le plaisir qui m'avait transporté ayant peut-être fait place à la fatigue de la tournée...

Voilà. C'était ce que je voulais dire de ce spectacle.


* Une distribution amusante sur autre point: 3 des comédiens de ce spectacle (Jonathan Gagnon, Ansie St-Martin et Christian Michaud) étaient dans la région la semaine dernière dans La Cantatrice Chauve de Frédéric Dubois... Par ailleurs, 4 de ceux-ci ont déjà vécu des expériences théâtrales saguenéenne: Hugues Frenette et Éric Leblanc avec les Têtes Heureuses, Patric Saucier avec l'UQAC et avec La Rubrique comme metteur en scène, Eva Daigle avec La Rubrique.

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