mercredi 27 mai 2009

L'embourgeoisement de l'acteur

Évolution d'un métier... d'une vocation... soumis aux contingences quotidiennes où les besoins financiers se comblent dans une vie mieux rangée!



Gautier par Roubaud

Les acteurs ne se souciaient guère, autrefois, d'être bourgeois ou citoyens; ce n'étaient même pas des hommes. L'un était Scapin, l'autre Léandre, l'autre Cassandre ou Colombine, et ils avaient si peur d'être pris pour des êtres réels, que même descendus de leurs planches, ils s'appelaient de noms de guerre tout à fait impossibles et fabuleux: Bellerose, de la Rancune, Floridor, et autres sobriquets romanesques. Ces messieurs ne répondent plus à présent qu'à leurs noms de famille. Ils se marient, font des enfants légitimes, paient leurs dettes, montent leurs gardes, achètent du trois pour cent; ils sont bons citoyens, bons époux, bons pères et craignent les rôles qui ne sont pas sympathiques: cela porterait atteinte à la considération dont ils jouissent chez leurs concierges. Célimène spécule sur les mobiliers. Alceste intrigue pour être sergent dans la compagnie. Marton vient au théâtre avec un parapluie; elle est d'une vertu ignoble et monstrueuse: c'est une vestale...

Théophile Gautier, cité par Sarcey, 1886

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