samedi 10 octobre 2009

L'empire des signes


Petit détour par l'Orient...

J'aime un jeu d'acteur stylisé. J'aime un jeu d'acteur construit à même un système de codes et de conventions marquées. J'aime un jeu d'acteur chorégraphique.

Bref, j'aime un théâtre où la primauté de l'acteur (et de son texte) est manifeste.

Du coup, cette description du théâtre oriental tirée du Monde des Littératures (publié en 2003 chez Universalis) et titrée comme ce billet me semble ouvrir une piste importante ou, du moins, élargir les perspectives pour mes recherches actuelles:

L'agent essentiel du langage scénique, en Orient comme en Europe, c'est l'acteur, mais il est envisagé ici comme un hiéroglyphe, porteur d'une signification concrète, élaboré et transcrit avec une haute préméditation: toute la gamme de ses capacités expressives est répertoriée et ne peut être mise en branle qu'au terme d'un minutieux apprentissage, qui suppose une abnégation totale et une concentration de tout instant. [...] Il doit acquérir connaissance et maîtrise de son corps, comme d'un instrument aux ressources multiples, muscle par muscle et membre par membre, pour lui faire parler le langage des signes: les yeux, les doigts, les jambes, les articulations sont travaillés, souvent à contre-nature, pour obtenir positions, mouvements, attitudes, qui correspondent chacun à une signification immémorialement éprouvée.

[...] Dans tous les cas, le corps de l'acteur est traité comme un objet à dominer et à manier, matériellement.

Bon, le cadre radical du théâtre oriental n'est pas tout à fait dans mes visées. Par contre, j'admire la force des interprètes et ce principe du corps-signe. Toutefois (décidément, j'ai une facilité pour les marqueurs de relation!), sans tomber dans un mimétisme primaire, je ne cherche pas nécessairement un corps métaphorique... mais plus une façon de ponctuer le texte, de le marquer corporellement, de le bouger.

5 commentaires:

  1. J'ai vu le théâtre "Nô" interprété par des purs et durs asiatiques qui devaient avoir commencés leur apprentissage à 5 ans, avant d'apprendre à parler. J'ai trouvé que ce théâtre était régie par des chorégraphies si rigides et pleines de conventions que ça m'a presque inquiété...Où est la place du texte et surtout la place des émotions dans ce style de théâtre...Je dis "danger"...Danger de tomber dans du maniérisme et de l'effet...Danger d'oublier que l'on peut encore une fois, changer le monde avec cet art...
    Être sur une scène est un privilège...Que veut-on y dire?

    Je pourrais prendre goût à venir ici...

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  2. Venez, venez!

    Le «vide conventionnel» dont vous parlez ici est aussi (bien que je n'aie jamais vu de véritable nô japonais) ce qui m'éloigne de cet art et/ou me freine... et tout le côté ancestral de ce corps me dérange aussi. Cependant, j'admire cet entraînement... et j'aime quand même l'idée du code... en autant que ce code ne soit pas tautologique...

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  3. Le côté ancestral moi, me fascine, en général...C'est justement la rigidité du code dont vous parlez que je trouve plus "insipide" ironiquement...
    Le sourcil droit lève pour dire qu'il pleure et le sourcil gauche lève pour dire qu'il est en colère...J'exagère, mais...À peine.

    Je vous accorde que l'entraînement est absolument phénoménal...Quoi que je ne voudrais pas subir leurs sévisses.

    Enfin, je trouve qu'il est intéressant d'explorer ce travail.
    La vérité à travers cette exploration de codes est sûrement le plus grand défi...

    Bon...À bientôt...

    C'est un peu lâche d'écrire sous le pseudo "Anonyme", mais...J'aime bien ce principe de pouvoir parler sans être jugé...
    Je vous direz un jour...

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  4. Il y a code et code... !

    Je n'aime pas particulièrement le type de «vocabulaire significatif» dont vous parlez (l'histoire des sourcils, etc.).

    Ma définition de code est moins contraignante que celle du théâtre oriental et se baserait plutôt sur celle de Anne Ubersfeld dans LES TERMES CLÉ DE L'ANALYSE DU THÉÂTRE:

    Un code est [système de règles permettant la compréhension de tel ou tel «mode d'expression», c'est-à-dire un système complexe de signes de substances de l'expression variées (visuels, linguistiques). Il faut donc l'entendre au sens le plus général de système de correspondances entre plusieurs systèmes de signes].

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  5. Et, soit dit en passant, je n'ai rien contre l'anonymat dans cet espace tant que celui-ci ne couvre pas des prises de positions blessantes ou des attaques personnelles...

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