Pour faire suite à mes deux ou trois derniers billets (portant sur d'éventuels États généraux du théâtre au Saguenay), voici un court texte de Louis Jouvet, tiré de ses Réflexions du comédien publiées en 1941, qui a de quoi faire réfléchir...
Les problèmes, au théâtre, sont éternels, comme dans la vie; ils ne sont ni d'aujourd'hui, ni d'hier, ni de demain. Les problèmes du théâtre d'aujourd'hui, ça ne fait pas question, ce sont ceux d'hier et de demain, c'est celui de toujours, c'est le «succès». [...] Il faut convenir que les questions sont, en général, mal posées, et que les points de vue sont d'incidence.
Hélas! que, le coeur serré, on constate le chômage des comédiens et leur misère; que l'on considère la désuétude du Conservatoire, ou la caducité des théâtres subventionnés; qu'on soit pris de vertige ou de honte en songeant au théâtre d'Orange; qu'on cherche à démêler les liens qui pourraient unir le théâtre et le cinéma; qu'on étudie le théâtre radiophonique ou les mesures de protection de l'enfance à la scène, ou bien encore celles de sécurité contre l'incendie des théâtres; qu'on mette en question le port des chapeaux à l'orchestre ou le droit au sifflet, le contingentement des pièces ou l'imposition du filet aux acrobates, ou les congés des Sociétaires de la Comédie-Française; que l'on pérore sur la décadence de la mise en scène, sur les décors transparents, sur la scène tournante, sur l'architecture théâtrale ou sur les entr'actes; que l'on mette à l'ordre du jour l'abaissement de la production ou celle des taxes d'État; que l'on se tourne vers l'horaire des spectacles, le cachet des vedettes, le port obligatoire du smoking, le prix du programme, la suppression du billet à prix réduit; que l'on organise l'extermination des marchants de billets, l'anéantissement des ouvreuses ou la gratuité du vestiaire, tous ces problèmes qui, tel le phénix, renaissent périodiquement de leurs cendres, n'ont guère progressé depuis nos devanciers - j'allais dire depuis toujours - et nous avons chance de les léguer intacts à nos successeurs. Tous ces prétendus problèmes n'en sont pas; tous ces maux appartiennent depuis toujours à notre profession. Le fait de leur attacher de l'importance témoigne d'une myopie certaine: ces rébus, ces devinettes, s'enflent, grossissent et s'enveniment du fait des journaux et de l'oisiveté des conversations. Dès qu'ils préoccupent le public, on peut être assuré qu'il y a, par ailleurs, malaise plus grave, et que le patient a des troubles organiques importants.
Les problèmes, au théâtre, sont éternels, comme dans la vie; ils ne sont ni d'aujourd'hui, ni d'hier, ni de demain. Les problèmes du théâtre d'aujourd'hui, ça ne fait pas question, ce sont ceux d'hier et de demain, c'est celui de toujours, c'est le «succès». [...] Il faut convenir que les questions sont, en général, mal posées, et que les points de vue sont d'incidence.
Hélas! que, le coeur serré, on constate le chômage des comédiens et leur misère; que l'on considère la désuétude du Conservatoire, ou la caducité des théâtres subventionnés; qu'on soit pris de vertige ou de honte en songeant au théâtre d'Orange; qu'on cherche à démêler les liens qui pourraient unir le théâtre et le cinéma; qu'on étudie le théâtre radiophonique ou les mesures de protection de l'enfance à la scène, ou bien encore celles de sécurité contre l'incendie des théâtres; qu'on mette en question le port des chapeaux à l'orchestre ou le droit au sifflet, le contingentement des pièces ou l'imposition du filet aux acrobates, ou les congés des Sociétaires de la Comédie-Française; que l'on pérore sur la décadence de la mise en scène, sur les décors transparents, sur la scène tournante, sur l'architecture théâtrale ou sur les entr'actes; que l'on mette à l'ordre du jour l'abaissement de la production ou celle des taxes d'État; que l'on se tourne vers l'horaire des spectacles, le cachet des vedettes, le port obligatoire du smoking, le prix du programme, la suppression du billet à prix réduit; que l'on organise l'extermination des marchants de billets, l'anéantissement des ouvreuses ou la gratuité du vestiaire, tous ces problèmes qui, tel le phénix, renaissent périodiquement de leurs cendres, n'ont guère progressé depuis nos devanciers - j'allais dire depuis toujours - et nous avons chance de les léguer intacts à nos successeurs. Tous ces prétendus problèmes n'en sont pas; tous ces maux appartiennent depuis toujours à notre profession. Le fait de leur attacher de l'importance témoigne d'une myopie certaine: ces rébus, ces devinettes, s'enflent, grossissent et s'enveniment du fait des journaux et de l'oisiveté des conversations. Dès qu'ils préoccupent le public, on peut être assuré qu'il y a, par ailleurs, malaise plus grave, et que le patient a des troubles organiques importants.
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