mercredi 19 janvier 2011

Du (faux) sentiment à la vérité...



Petit extrait du Comédien désincarné de Louis Jouvet... où il est question d'un truc qui me plaît bien au théâtre (et qui, en fait, compose, d'une certaine façon, ma vision du théâtre): le refus du sentimentalisme, de cette couche d'illusion du jeu dans laquelle le comédien se drape parfois...

L'erreur que vous commettez tous, c'est que vous croyez qu'on a besoin de votre sentiment pour voir le personnage. [...] Tu n'as pas le droit, tu n'as pas besoin de mettre de sentiment. [...] Le texte ne doit pas être pris comme un réceptacle pour les sentiments du comédien, mais comme le réceptacle d'un sentiment qui doit venir tout seul, si le texte est dit comme il doit l'être. La première des choses, au théâtre, c'est le texte et non pas ce qu'on en fait. Quand on répète bien un texte, on finit par éprouver le sentiment, par trouver la clé de la scène. Seulement, nous voulons toujours aller trop vite. [...] L'acteur commence toujours trop tôt par le sentiment. Tout n'est d'abord que physique. Un texte est d'abord un indice, un graphique respiratoire, où sont liées la diction, l'articulation.

J'aime bien ce côté rationnel et arithmétique: le personnage est d'abord une partition écrite de rythme, de respiration, de diction. Et c'est dans ces trois éléments seulement (et un peu avec le talent des comédiens, tout de même) que résident la tragédie, le drame, la comédie... bref, la tension dramatique.

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