samedi 17 septembre 2011

Les principes de la biomécanique meyerholdienne (première partie)



Voici le début des 44 principes de la biomécanique de Meyerhold, de ce système d'entraînement de l'excitabilité de l'acteur, de ses réflexes et de la construction de son corps dans un rapport concret à l'autre. Ces principes sont tirés du second tome des Écrits sur le théâtre, p. 100... et bien qu'ils soient datés et un peu figés dans le temps, ils recèlent de grandes vérités théâtrales...

1. Toute la biomécanique est base sur ce fait: si le bout du nez travaille, tout le corps travaille aussi. Il faut trouver avant tout la stabilité de tout le corps. À la moindre tension, tout le corps travaille.

2. Le sujet de l'exercice est une nécessité qu'il est difficile d'éviter. Avec le sujet, le jeu du corps est considérablement facilité. Cependant, le sujet ne doit jamais distraire, et il faut éviter de jouer le thème. Il faut porter une attention rigoureuse à chaque élément de l'exercice et s'en rendre compte (en avoir pleine conscience). Ce n'est qu'à ce prix qu'on atteindra la précision du travail.

3. En contrôlant le travail, chaque participant à l'exercice doit montrer qu'il a compris la méthode et que c'est en toute conscience qu'il reçoit les instructions.

4. Chacun de ceux qui travaillent doit être conscient du moment où il peut passer d'une position à une autre. Une césure est obligatoire après chaque élément de la tâche donnée.

5. Dans la biomécanique, chaque mouvement est composé de trois moments: 1) intention, 2) équilibre, 3) exécution.

6. Une bonne orientation dans l'espace en présence d'une grande quantité de personnes est d'une énorme importance. La tâche de chacun est de trouver son chemin particulier à l'intérieur du mouvement complexe de la masse.

7. Lors d'un exercice de masse, chacun doit connaître sa place, en la repérant par rapport à tous les partenaires et à l'espace dans les limites duquel il travaille. La précision de l'orientation, la rigueur du calcul, la justesse et la rapidité du coup d'oeil, tout cela doit être amené à son degré maximum (cette faculté d'adaptation, la justesse du coup d'œil, sont produites, même inconsciemment par les habitants des grandes villes).

8. La coordination dans l'espace et sur l'aire de jeu, la capacité de se retrouver soi-même dans un flux de masse, la faculté d'adaptation, de calcul, de justesse du coup d'oeil sont les exigences de base de la biomécanique.

9. L'exclamation, signe du degré d'excitabilité, doit toujours avoir un support technique. L'exclamation ne peut être admise que lorsque tout est tendu, quand tout le matériau technique est organisé.

10. Un calme total et un équilibre juste sont les premières conditions d'un bon travail précis.

11. Lors d'un exercice exécuté avec un partenaire, lorsqu'il effectue ses vérifications, chacun doit, par un signe d'otkaz ou par un autre moyen imperceptible au spectateur, signaler au partenaire qu'il est prêt à exécuter la tâche suivante.

12. Occuper comme il faut l'espace, conserver les intervalles exigés, c'est l'objectif et le souci de chaque participant.

13. Lors d'un exercice, il faut s'interdire de manifester feu ou tempérament, il ne faut pas se hâter, ni trop s'approprier l'espace. Maîtrise de soi, calme et méthode avant tout.

14. Chacun doit avoir la position convaincante d'un homme en équilibre, chacun doit avoir une réserve d'attitudes, de poses et de différents raccourcis permettant de garder l'équilibre. Chacun doit chercher lui-même l'équilibre nécessaire au moment donné.

15. Chacun doit comprendre et savoir sur quelle jambe il se tient, la droite, la gauche, les deux ensemble. Chaque intention de changer la position du corps ou des membres doit immédiatement être consciente.

Et ça se poursuit ainsi... J'y reviendra bientôt.

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