Fatalité de Jan Toorop, 1893
Ce matin, petite citation qui ne dénote en rien mon état d'esprit... mais qui (en regard du billet précédent) me semble toutefois d'une criante vérité sur le caractère éphémère du théâtre, de cet art comme créateur de souvenirs plus que d'artefacts. Cette citation vient d'un bouquin (c'en est le liminaire) publié en 1958 à Paris, Grandes actrices - Leur vie, leurs amours, par Marcel Pollitzer et elle est le fait d'un certain Arthur Dinaux...
C'est surtout pour les grands talents de la scène qu'on doit être désireux de voir se multiplier les souvenirs de toute espèce.
La mémoire de l'écrivain se conserve par ses écrits, celle du peintre par ses tableaux, le compositeur revit par ses œuvres musicales, et l'architecte par les monuments qu'il édifie; quand l'acteur meurt, tout passe avec lui: il n'a compté que sur la mémoire des hommes, sol fragile et de peu de durée; les traditions s'éteignent bientôt et lorsque la génération contemporaine a disparu, l'histoire de ses talents fondés sur la parole est à demi effacée...
Profond, n'est-ce pas? Peut-être est-ce là - ce côté insaisissable - l'élément nécessaire à la création de comédiens mythiques, magnifiés par l'imaginaire collectif et grandis par la seule force des mots...
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