Dans le dernier numéro de la revue Jeu (paru il y a quelques semaines), un dossier est consacré à l'ennui au théâtre. C'est dans ce cadre que Paul Lefebvre écrit un petit article satirique, Comment survivre à un mauvais spectacle de théâtre, où il donne dix trucs tous plus excentriques les uns que les autres avec moult explications: dormir; observer des détails; refaire la production; fantasmer; repérer les ex; jouir des tics; regarder l'heure; faire des exercices; simuler un grave malaise...
Et le dernier... et non le moindre:
Mourir
C’est radical : il s’agit de prendre au pied de la lettre l’expression « c’est plate à mort ». Efficacité garantie : le show
disparaît, vous aussi et l’ennui du même coup. L’auteur de ces lignes a
déjà eu un voisin de siège qui, pendant la représentation d’un Beckett,
a ainsi décidé de tuer son ennui en mourant sur place.
(Sans même avoir l’élémentaire délicatesse de prévenir sa conjointe, ce
qui était quelque peu déplorable : elle chuchotait à pleins poumons
«Henri ! Henri ! Que c’est que t’as ? ». C’était agaçant.) Ce spectateur
a pris la peine de mourir subitement, ce qui est la façon correcte : si
la scène est l’endroit rêvé pour longuement agoniser, il n’en est pas
de même pour la salle. Cette solution a aussi l’avantage non négligeable
de créer une brève distraction, qui pourra dissiper pendant un court
instant l’éventuel ennui affligeant des spectateurs assis près de vous.
L'article complet est publié sur le blogue de la revue. À la lecture, on peut fort bien s'imaginer ces situations qui, malgré le côté caricatural de la chose, nous sont parfois connues...
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