lundi 22 juin 2020

Quand le théâtre pue

Le naturalisme - ce courant du vrai en scène, de la minutie scientifique de l'observation chère à la seconde moitié du dix-neuvième siècle - a conduit à certaines aberrations décoratives. 

Ainsi, pour faire vrai, dans sa mise en scène de la pièce Les bouchers de F. Icres, André Antoine (le premier des metteurs en scène français), jugeant le décor vide, fit installer, dit-on, sur des crochets, de véritables quartiers de boeuf. Légende ou pas? Seule l'Histoire le sait. 


Voici une autre anecdote sur ce même Antoine, rapportée par le célèbre critique dramatique Jules Lemaître lors de la création de la pièce La fin du vieux temps de Paul Anthelm, en 1892: 

M. Antoine, ayant à nous montrer une grange, avait entassé sur la scène une quantité de bottes de vieux foin avarié et moisi, qui sentait à plein nez la «varmine», comme on dit en Beauce, et dont l'affreux relent mêlé à celui de la poussière des coulisses se répandait jusqu'au milieu de l'orchestre. Je puis affirmer à Monsieur Antoine que la vérité de la mise en scène n'exigeait point cette pestilence. S'il allait un peu à la campagne, il s'assurerait qu'une grange à fourrage n'exhale pas nécessairement une odeur d'anciennes latrines. Une pièce qu'on écoute en se bouchant le nez aura toujours bien de la peine à paraître charmante.

Et vlan pour la recherche de la vérité!

1 commentaire:

  1. Le théâtre réaliste. Démarche révolutionnaire, mais parfois discutable.

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