Pourquoi j'aime le Grand Guignol? Parce que c'est un théâtre de l'extrême, adepte des effets spéciaux... un théâtre qui cherche à effrayer mais qui, en même temps, flirte toujours - consciemment ou pas! - avec la caricature, le parodique.
À preuve cette anecdote, rapportée par Agniès Pierron dans Le Grand Guignol - Théâtre des peurs de la Belle Époque (p.101):
L'interprétation et la mise en scène ont joué un rôle déterminant dans le succès [de la pièce La dernière torture], faisant passer le texte du tragique le plus «empoignant» à l'hilarité la plus hystérique. Un exemple: au moment où les Boxers coupent les poignets de leurs prisonniers, l'un d'eux exhibe ses moignons en sang et hurle: «Ils m'ont coupé les mains! Ne vous laissez pas prendre vivants, je vous en supplie.» Cette scène qu'André de Lorde [surnommé le Prince de la terreur] avait voulue bouleversante ne le fut pas toujours. «L'homme aux poignets coupés utilisaient des morceaux bien rouge de mou de veau achetés à la triperie voisine, qu'il laissait dépasser des manches de sa capote militaire. Mais, un soir, le chat du théâtre, flairant la bonne odeur, entra en scène en miaulant de convoitise. Il se tailla aux dépens d'Harry Baur un joli succès personnel. Dès lors, le mou de veau disparut: des moignons de bois enveloppés d'un linge rougi à l'eau carminée firent tant bien que mal l'affaire.»
Petite note en terminant: du mou de veau (ou de porc ou d'agneau) c'est le petit nom poétique qu'on semble donner aux poumons. On me corrigera si je me trompe!
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