lundi 22 février 2021

Des longueurs dans la pièce!

Il arrive parfois, quand on écrit, de se laisser porter par la prolixité, de se perdre dans les mots et les phrases qui s'accumulent avec emphase, sans trouver de réels débouchés.

Et parfois, ce trop devient juste encombrant! 

Le grand Alexandre Dumas, l'a durement éprouvé, ce 30 mars 1830 lors de la création sa pièce Christine ou Stockholm, Fontainebleau et Rome (sur la fameuse reine de Suède qui a aussi inspirée, il y a quelques années, Michel-Marc Bouchard, qui écrivit alors Christine, la Reine-garçon):

Vraiment, emporté par une imagination galopante, Alexandre n'a pas fait court! Commencé à dix-neuf heures, à minuit et demi le spectacle n'est pas achevée; et, lorsqu'à une heure moins le quart la reine Christine mourante demande à son médecin: «Combien me reste-t-il à vivre?» et que celui-ci répond: «Un quart d'heure, madame», du poulailler, une voix mi-gouailleuse, mi excédée lance:

- Un quart d'heure, pas plus! Si c'est pas fini à une heure, nous on s'en va!... 

La pauvre Christine expire dans un climat de franche hilarité!

Désemparé, l'auteur est un peu perdu et ne sait plus où couper pour rendre son texte plus efficace... par chance, deux de ses amis - et pas les moindres! - Victor Hugo et Alfred de Vigny passeront, semble-t-il, une soirée à élaguer, épurer, resserrer l'action pour que le lendemain, la pièce triomphe...

(L'anecdote est tirée de Marie Dorval, grandeur et misère d'une actrice romantique, d'Anna Gaylor, publié en 1989 chez Flammarion.)


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