mercredi 23 juin 2021

Pourquoi La Cantatrice Chauve?


Nous sommes à quelques jours de la première représentation de La Cantatrice Chauve du Théâtre 100 Masques. À quelques jours de la rencontre avec le public. Ce qui me laisse le temps de réfléchir.

Pourquoi avoir choisi ce texte, comme théâtre d'été  en 2021 (bon... il faut savoir que nous devions déjà la présenter l'an dernier... mais la suite pandémique nous a empêché d'entreprendre les répétitions!)?

La raison principale est toute simple: parce que c'est La Cantatrice Chauve! C'est une pièce que j'affectionne beaucoup depuis le cégep... que je trouve fort intéressante tant du point de vue littéraire que du point de vue scénique... que je connais aussi de l'intérieur pour l'avoir déjà travaillé, dans un autre contexte, en 2006.

Mais plusieurs autres raisons ont consolidé ce choix.

D'abord, parce qu'il s'agit de l'un des plus grands chefs-d'œuvre dramatiques du XXième siècle. Une pièce phare dans l'histoire universelle du théâtre avec son histoire rocambolesque (processus d'écriture d'après la méthode Assimil, incompréhension du public lors de la création, présentation sans discontinuer depuis 1952 au Théâtre de la Huchette). 

Son épithète de chef-d'oeuvre, La Cantatrice le tient aussi du fait que plusieurs productions se sont enchaînées (dont ici au SLSJ) que plusieurs cohortes d'étudiants l'ont vue en classe... et que du coup, de nombreuses scènes et répliques sont connues: «Tiens, il est neuf heures» et l'omniprésence de la pendule, les Bobby Watson, les anecdotes dont celle du rhume, «comme c'est étrange, curieux et quelle coïncidence»,  «prenez un cercle, caressez-le, il deviendra vicieux» etc... au point de vouloir tout remettre dans son contexte, d'en donner notre propre version de l'intégral!

Puis parce que c'est la première pièce  d'Eugène Ionesco, immense dramaturge - et théoricien à son heure - qui donnera de nombreuses autres pièces marquantes: La leçon, Les chaises, Rhinocéros, Délire à deux (dont nous présenterons un bref extrait en prologue), Le roi se meurt et plusieurs autres. Pièce fondatrice, donc... comme un retour aux sources!

Qui plus est, elle est souvent considérée comme l'une des pièces majeures de ce théâtre de l'absurde qui se cristallise après la Seconde Guerre, qui met en scène l'existentielle angoisse liée à l'absurdité de la vie humaine dans un monde détraqué.

Pour toutes ces raisons, il allait de soit que ma compagnie, dédiée à l'exploration du répertoire et des différentes formes de théâtre, s'y frotterait un jour!

Bien sûr, nous l'abordons sous l'angle comique. Car bien que profondément minée de l'intérieur par le vide du langage qui pourrait fort bien la faire basculer dans un univers aliénant et obsédant, il n'en demeure pas moins que cette pièce recèle aussi une puissante charge ludique dont la vacuité assumée des discours peut faire échos, pour certains, à l'œuvre d'un Claude Meunier, par exemple! 

Enfin.

Voici les raisons qui m'ont poussé à faire le saut avec toute mon équipe. 

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